New Stratos : joujou pour millliardaire !
Soyons clair, lorsqu’on est riche à million, les rêves d’enfant deviennent accessibles, et prennent une autre dimension. Michael Stoschek, héritier et désormais patron d’un gros équipementier allemand, Max Brose, fait donc partie des gens capables de se payer des petits plaisirs incroyables, et notamment celui de s’offrir une évocation moderne de la mythique Lancia Stratos, dessinée par Pininfarina, et dotée d’un moteur Ferrari. Mieux, l’ami Stoschek s’est rêvé, le temps que la réalité le rattrape, constructeur de ce modèle en petite série : la New Stratos.
Tout commence au Salon de l’automobile de Genève en 2005. Cette année-à, j’y étais, et Michael aussi apparemment. Comme lui, j’ai découvert la fabuleuse étude de style de l’anglais Christian Hrabalec, la Fenomenom Stratos, dans sa jolie couleur vert pomme. Certes, elle était pour moi trop carrée, trop trapue, mais l’idée était intéressante. En tout cas, c’est ce que pensa immédiatement le fringant patron de Brose.
C’est Pininfarina qui dessinera et construira la New Stratos !Petit à petit, l’idée d’une nouvelle Stratos germera dans l’esprit fantasque de ce fan d’automobile en général, et de la mythique Lancia en particulier (et pilote de rallye à ses heures perdues). C’est en 2008 qu’est prise la décision, avec son fils Maximilien, d’en lancer sa propre interprétation ! Enfin, celle de Pininfarina, puisque grâce à son compte en banque bien garni, Stoschek pouvait se permettre de s’offrir les talents du carrossier italien. Ce dernier, par l’odeur de l’argent alléché, ne se fit pas prier pour travailler sur le projet.
Michael Stoschek, fier de son bébé, envisagera une production en petite série !C’est ainsi que, sur la base de la Ferrari F430 (légèrement raccourcie), Pininfarina va proposer une superbe New Stratos, chef d’oeuvre de maîtrise entre néo-rétro et modernisme : juste ce qu’il faut de l’un (l’air de famille avec l’original ne peut être nié) sans pour autant gommer l’autre (la New Stratos est vraiment dans le coup stylistiquement parlant).
La New Stratos aux côtés de l’Old Stratos !Sous le capot arrière, on retrouve le V8 de 4,3 litres de la Ferrari, mais porté à 540 chevaux. Cette New Stratos respectait bien la tradition, puisque son aînée était dotée d’un moteur Ferrari (mais un V6 Dino). C’est en 2010 que la New Stratos sera présentée à la presse. En tant que donneur d’ordre, Stoschek est propriétaire des droits de la voitures, des plans, et de l’outillage. Bien entendu, ce genre d’homme ne s’arrête pas en si bon chemin, et s’avance imprudemment sur le chemin glissant de la construction automobile en évoquant sa production en petite série : 25 exemplaires (voire 40).
L’idée n’était pas idiote d’ailleurs, car cette nouvelle Stratos, fort réussie, avait fait sensation, tant auprès du public que des médias automobiles. Imaginez un peu tous les riches de se monde, avides d’exclusivité, faisant la queue devant chez Stoschek pour signer leur chèque d’accompte, espérant faire partie des élus. Cette idée n’était absolument pas irréaliste en terme de ventes… C’est ailleurs que Stoschek pêcha !
Devenir constructeur ne s’improvise pas, et sans doute emporté par l’enthousiasme et la passion, notre ami milliardaire avait oublié la complexité du monde de l’automobile. Sans même prendre le temps d’en discuter avec Pininfarina (qui avait dessiné la voiture, mais surtout qui aurait été capable de la produire dans ses usines) ou avec Ferrari (les principaux organes mécaniques provenaient de Maranello), ou tout du moins d’avoir leurs accords respectifs, Stoschek annonçait cette hypothétique production. Et il n’y a rien qui énerve plus que d’être mis devant le fait accompli. Stoschek espérait peut-être susciter un enthousiasme suffisant pour emporter l’adhésion de ses deux partenaires, mais ce fut l’inverse qui se passa.
Pininfarina se contente d’un communiqué explicite, confirmant son implication dans le projet d’une voiture destinée à Michael Stoschek, mais niant toute implication dans une éventuelle production en petite série. Après tout, le plus gros client de Pininfarina, c’est bien Ferrari, et c’est un client qu’on ne contrarie pas ! Le designer italien se dit fier de sa réalisation, mais précise bien qu’il s’agit d’un one off, et qu’il n’est contractuellement pas prévu d’étendre la collaboration à la production.
Des son côté, Ferrari explique avoir suivi avec intérêt le projet de Michael Stoschek, assurant même que Luca di Montezemolo, le PDG d’alors, avait testé la New Stratos, mais qu’il n’était pas question d’une production en série, arguant que la F430 qui servait de base à la belle italo/allemande n’était plus en production, et qu’il serait impossible de fournir Stoschek en pièces et organes. Circulez, y’a rien à voir.
Dont acte, l’ami Michael rend les armes, et garde alors son joujou pour lui, sans faire de vage. Un équipementier automobile n’a jamais intérêt à se brouiller avec d’importants acteurs du milieu ! La New Stratos restera donc un objet unique et fantastique. Qui sait, peut-être qu’un jour elle sera mise en vente, pour diverses raisons possibles (faillite, héritage, lassitude), et ce jour là, de nombreux acheteurs s’empresseront d’enchérir. Mais pour le commun des mortels, comme vous et moi, cette New Stratos restera seulement un rêve.
Images: New-stratos.com