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Morattab Pazhan V6 3000: désirable iranienne !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 6 août 2016Les amis de mes amis sont mes amis. Aussi lorsqu’Alireza m’a contacté pour me parler d’une drôle de voiture iranienne, j’ai tout de suite tendu une oreille attentive, puisque c’est un ami de Philippe, heureux propriétaire d’une Venturi 400(lire aussi: Venturi 400 Trophy et GT) mais aussi d’une TVR T350c (lire aussi : TVR T350c). Cette TVR appartenait d’ailleurs à Alireza avant qu’il ne la cède à Philippe : bref le monde est petit.
Surtout, Alireza a une excellente connaissance de l’automobile iranienne (normal, il y travaille) et c’est avec un plaisir non dissimulé que je l’ai laissé me raconter l’histoire du Morattab Pazhan et particulièrement de sa rare version V6. Une histoire que je m’empresse de vous raconter à mon tour.
Je vous avais déjà parlé du Land Rover fabriqué au Costa Rica (lire aussi : Le Land Rover du Costa Rica), il était donc temps de vous parler de sa version iranienne. Dès 1957, la compagnie Morattab importe des Land Rover en Perse mais en 1962, elle saute le pas pour en devenir l’assembleur en Iran grâce à un partenariat avec Rover et l’envoi de CKD (pour des versions 88 et 109 pouces). Mais la révolution de 1979 va changer la donne : passée sous le contrôle de l’Etat, Morattab se voit privée de son approvisionnement en pièces, la Grande Bretagne (proche des USA) mettant en application le blocus de l’Iran.
L’entreprise va donc chercher un nouveau partenaire pour continuer à produire des Land malgré l’embargo, et c’est en Espagne que Morattab va trouver le salut : Santana, qui produit ses propres Land depuis 1958 va conclure un contrat de licence avec l’iranien qui désormais utilise des pièces espagnoles donc, mais aussi iraniennes ! Et puis petit à petit, le Land perse va prendre ses distances, échangeant sa mécanique Santana pour celle d’un Nissan Patrol (4 cylindres 2.4, 105 ch) puis d’une boîte 5 vitesse d’origine Huyndai ! En 2003, Morattab produit 1369 SW et 223 pick ups.
C’est en 2004 qu’apparaît la version qui nous intéresse, le Pazhan GLV 3000 (SW) et GLD 3000 (pick-up double cabine) ! Les versions LWB reçoivent en effet un intéressant moteur V6 issu du Mitsubishi Pajero et du Huyndai Galloper, justement fourni par le constructeur sud-coréen (allez savoir pourquoi?). Avec ses 3 litres et 161 chevaux, le Pazhlan devient une intéressante machine, puissante, presque sportive, en tout cas plaisante à conduire selon les dires d’Alireza (avec presque une sonorité de V8).
Avec le V6, on dispose donc d’une transmission intégrale enclenchable faisant passer le Pazhan de 2WD propulsion à 4WD (court et long). La direction assistée, la clim’, l’embrayage hydraulique et une suspension arrière revue sont aussi au programme (et le cuir en option, of course). Le tout pour à peu près 12 000 euros à l’époque (12 800 avec le cuir). En 2007, Morattab arrête la production du GLV 3000 pour cause de normes anti-pollution, mais continue celle du GLD, puisque ces normes ne touchent pas les utilitaires du genre « pick up ». Cette même année, l’entreprise commence la production en CKD du Ssangyong Musso (lire aussi : Ssangyong Musso).
Pourtant, a production du Musso cessera vite devant une concurrence beaucoup moins chère (notamment le Toyota Land Cruiser « Prado »). Morattab utilisera ses stocks de pièces sur les Pazhlan V6 (notamment les intérieurs cuir du Musso 3200), qui finissent par devenir de vrais patchworks.
En 2011, Santana fait faillite en Espagne, et Morattab va racheter l’outillage du Land espagnole, devenant maître du destin des Pazhan désormais intégralement produits en Iran (hors les moteurs V6 justement). Mais en 2013, les nouvelles normes anti-pollution obligent la petite firme à stopper la production du Pazhlan, sans pour autant abandonner son célèbre tout terrain : en 2015, Morattab lance une version moderne sous le nom de Herour qui abandonne le V6 pour un 4 cylindres 2.8 Cummins de 165 chevaux (et produit en Chine sous licence américaine) à la sonorité beaucoup plus … agricole. Exit aussi les intérieurs de Musso, pour s’équiper de siège produits par le constructeur Saipa (et issus de l’antique Kia Pride). Mais en 2016, patatra, les normes évoluent encore, condamnant le Herour et mettant en difficulté sévère Morattab, qui désormais cherche un repreneur et un partenaire pour à nouveau rebondir.
Le Herour à la calandre modernisée, et dotée d’un TD chinois d’origine américaine…Aujourd’hui, pour conduire un Pazhan V6, il faudra se rendre en Iran notamment chez Alireza (http://www.bahmancars.ir/), mais quelques exemplaires ont aussi été exportés vers la Russie, l’Ukraine, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Sachez aussi que leur production artisanale et les modifications souvent apportés pas les clients font qu’il est rare de trouver deux Pazhan identiques, ce qui en augmente encore le charme.
Merci à Alireza pour toutes ses infos précieuses
Photos : Banham Cars