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FRANÇAISE

Méga Monte Carlo : l’ultime Supercar Française !

Par Paul Clément-Collin - 01/08/2022

Dans les années 90, j’avais vraiment cru que la France pourrait trouver sa place en terme d’automobile sportive, d’autant que le marché était encore accessible à des « petits ». Alpine existait encore avec une Alpine A610 pas dégueulasse (mais pas vraiment soutenue par Renault) tandis que Venturi offrait la plus puissante des voitures françaises d’aujourd’hui avec la 400 GT, ses freins en carbones et ses 408 chevaux ! Et puis il y avait la Méga Track, délire tout à fait crédible d’un fabricant de voiturettes devenu constructeur automobile… qui finira par présenter en 1996 une autre Supercar : la Monte Carlo.

La Méga Track de 1993La Méga Track de 1993

C’est de cette superbe que je vais vous parler aujourd’hui, car dans sa livrée jaune vif (on l’a connu aussi en gris), elle a réussi à marquer toute une génération de jeunes amateurs d’autos ! Rembobinons le fil. Rappelez-vous ! En 1992, Georges Blain, PDG des voiturettes Aixam, lance sa marque automobile avec les Méga Club et Ranch d’un côté et la fabuleuse Track de l’autre. Mais il faut bien le reconnaître : malgré le succès d’estime de cet énorme coupé sportif à 4 roues motrices, capable de circuler un peu partout (et notamment dans le désert), le marché potentiel est très limité (surtout à ce prix de 2 millions de francs à l’époque). Pourtant, la jeune marque Mega ne veut pas s’arrêter en si bon chemin, et aspire à présenter une sportive moins spécifique, capable de rivaliser avec la Venturi 400 GT justement.

MCA Centenaire GTBMCA Centenaire GTB

Au même moment, la marque Monte Carlo Automobile (MCA) tente de se maintenir à flot et de trouver la martingale pour vendre sa Centenaire, d’abord équipée d’un V12 Lamborghini, puis d’un V12 maison dérivé de celui-ci ! Entre 1990 et 1995, seuls 6 exemplaires seront réellement vendus (dont deux qui porteront le nom de MIG 100 et que l’on verra au Mans (lire aussi : MCA Centenaire). Fulvio Ballabio tentera d’améliorer la Centenaire jusqu’au bout, avec un dernier prototype, pour finalement revendre son entreprise à Georges Blain, qui voit en ces travaux une excellente base de travail pour sa future GT.

MC 04

MCA est donc rachetée par Méga et Philippe Colançon, à qui l’on doit déjà la Track, se voit confier le projet Méga Monte Carlo ! Le dernier prototype de la Centenaire servira de base certes, mais c’est finalement une toute nouvelle GT qui sera présentée en un temps record en 1996. Châssis et cellule en fibre de carbone, suspensions revisitées : la nouvelle Monte Carlo s’éloigne de la Centenaire… Côté carrosserie, c’est le bureau de design SERA qui s’en chargera, donnant à la voiture une ligne d’une étonnante modernité (encore aujourd’hui), surtout par rapport à la Centenaire ! Son aérodynamisme est particulièrement travaillé.

MC 01

Pour le moteur, le partenariat initié avec Mercedes pour la Track est reconduit : ce sera donc le V12 Mercedes de 6 litres et 394 chevaux qui prendra place en position centrale arrière, accompagné d’une boîte ZF 6 vitesses. Certes sa puissance échoue à atteindre celle de la Venturi 400 GT, mais ses 12 cylindres la rendent bien plus noble. Et si les freins Brembo sont de série, il est possible de choisir, en option, des freins en carbone, comme sur la Venturi. Côté performances, les 300 km/h sont atteints, et le 0 à 100 s’effectue en 4,5 secondes seulement.

MC 03

Mais l’ambitieux projet d’une supercar française n’aboutira jamais. La Track coûte plus qu’elle ne rapporte, les frais engagés pour la Monte Carlo commencent à peser sur les comptes d’Aixam, tandis que les Club et Ranch n’atteignent pas des volumes suffisants pour sortir de l’artisanat et rentabiliser les investissements consentis. Les projets Track et Monte Carlo seront stoppés en 1999, et dès lors, Aixam cessera de communiquer sur ces modèles. Impossible de savoir réellement combien de Monte Carlo ont été fabriquées : sans doute entre deux et trois exemplaires !

MC 02

Un jour peut-être l’un ou l’autre de ces modèles referont surface lors d’une vente aux enchères, et si vous en avez les moyens, ce sera peut-être l’occasion de vous offrir un pan de l’histoire automobile française des années 90, années où l’on a bien cru que les choses allaient changer, mais qui vit la disparition d’Alpine, de Venturi (avant que Pastor ne tente de relancer la marque, sans succès, dans les années 2000), et finalement de Méga !

En savoir plus sur la Méga Monte Carlo : https://gtfrance.free.fr/monte_carlo.html

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