Les Peugeot 405 et Pars à l'ombre des Pyramides
La Peugeot 405 est une voiture que j’affectionne particulièrement. Sans doute parce que mon père en possédait une (lire aussi : la 405 SR de mon père). Alors forcément, vous imaginez bien que les versions exotiques de ce modèle m’intéressent au plus haut point : les versions US (lire aussi : 405 USA), les versions produites en Iran en propulsion (lire aussi : 405 RD et Roa) ou en pick up (lire aussi : Iran Khodro Arisun). Et puis il y a les 405 « délocalisées ». Je vous avais déjà parlé des 405 polonaises (lire aussi : La 405 de Lublin), place maintenant à la 405 égyptienne.
Peugeot, grâce à la solidité légendaire de ses voitures, s’était taillé une place de choix en Afrique, et pas seulement dans les anciennes colonies : on fabriquait des 504 et 505 au Nigeria, mais aussi dans les années 60 en Afrique du Sud, tandis qu’en Egypte, Peugeot accorde à partir de 1976 à CDC Wagih Abaza, dirigée par deux frères, Hussein et Mamdhou Wagih Abaza. Tout au long des années 80, Peugeot va tenter de localiser sa production en Egypte, renonçant chaque fois devant le manque de perspective du marché automobile égyptien qui tardait à décoller, se contentant d’importer et de vendre ses inusables 504 puis 505.
C’est à partir de 1992 que Peugeot va produire en Egypte la 405 chez AAV.Mais en 1992, la donne change. Le marché semble enfin mûr pour justifier un investissement du constructeur français. Une joint-venture appelée Peugeot Egypt, détenue à 51 % par Peugeot, à 30 % par son distributeur historique CDC Wagih Abaza, à 9,5 % par la BNP et 9,5 % par la Société Générale est créée, avec pour but la production et la distribution de la Peugeot 405 à l’ombre des pyramides. Au total, 20 millions de francs seront investis, dont 10 millions par Peugeot directement : une faible somme puisque la marque française va y aller prudemment. Plutôt que d’investir dans une usine, elle va sous-traiter la fabrication de ses 405 à Arab American Vehicles, détenue à 51 % par un organisme d’état Egyptien (l’Organisation Arabe pour l’Industrialisation) et à 49 % par Chrysler qui y assemble des Jeep.
Chez AAV, on produit pour à peu près tout le monde, mais surtout pour Jeep, actionnaire à 49 %Les objectifs sont modestes : 1500 exemplaires pour 1993, 3500 pour 1994, et 10 000 unités annuelles à l’horizon 2017. Il faudra attendre pourtant début janvier 1994 pour voir les premières 405 sortir des chaînes de AAV, mais les débuts sont encourageants : 1300 commandes fermes en 4 jours selon Yves Barbé, DG d’Automobiles Peugeot à l’époque. Pourtant, la voiture est relativement chère, surtout si l’on considère le niveau de vie égyptien. Peu importe, on veut y croire, malgré des objectifs revus à la baisse pour l’horizon 1998, à 5000 véhicules.
La Police Cairote va avoir droit à son modèle « national »Finalement, les ventes de la 405 n’atteindront jamais le niveau espéré, malgré des commandes de la polices cairotes. En 1999, Peugeot fera fabriquer chez AAV une poignée de 406 qui coûtait trop cher pour l’Egyptien moyen. Elle disparaîtra rapidement du catalogue. En 2004, 1 200 Peugeot 405 seront produites par AAV pour Peugeot Egypt. En 2007, les dirigeants de Peugeot Egypt, conscients de la vieillesse du modèle, décident de stopper la production de la 405 pour la remplacer par un modèle plus moderne : la Peugeot Pars.
La Pars (en haut) remplacera en 2007 la 405, avant de se faire détrôner par la 301 (en bas)Avec la Pars, Peugeot Egypt se dote à bon compte d’une voiture qui a fait ses preuves en Iran auprès d’une clientèle assez similaire, sans pour autant brusquer sa clientèle traditionnelle… Ce modèle plus iranien que français sera produit en Egypte jusqu’en 2013, pour finalement disparaître. En effet, en 2011, Peugeot reprend la main sur sa distribution et sa production. Toujours associée à CDC Wagih Abaza au sein d’une nouvelle structure, Peugeot CDCM, la marque décide de moderniser son offre. La 405/Pars va être remplacée par la 408 pendant un temps, puis pas la 301. Du coté des importations, l’offre est désormais très moderne, avec la 208, la 2008, la 3008, la 301, la 308, la 508 et même le RCZ jusqu’à sa fin de commercialisation (lire aussi : Peugeot RCZ). Une offre proche de celle que nous connaissons en France, bien qu’adaptée aux besoins locaux. Et la preuve qu’aujourd’hui, on ne traite plus ces marchés « à l’ancienne » avec de vieux modèles surannés mais avec la gamme la plus moderne qui soit. Ce qui est bien pour l’Egyptien l’est moins pour le lecteur de Boîtier Rouge : les productions exotiques vont se faire de plus en plus rares !
En savoir plus: http://www.peugeot-eg.com/