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ROADSTER

L'Aventure Excalibur : la Série I (partie 1)

Par - 09/03/2016

Ah Excalibur !! Voilà une marque étonnante qui m’avait fait rêver dans ma jeunesse. A cette époque, j’étais sans doute plus ouvert d’esprit qu’aujourd’hui, et j’étais capable de m’imaginer aussi dans une voiture baroque, limite kitsch. Je n’étais pas encore capable de mépris devant une grossière réplique (je ne voyais pas les Excalibur comme des répliques d’ailleurs, je ne connaissais même pas les Mercedes SS et SSK dont elles s’inspiraient). Ce qui comptait pour moi, c’est qu’elle faisait partie de la liste des voitures présentes dans mon Jeu d’Atout (lire aussi : Top Ace: le jeu d’Atout de Ducale), sorte de Panthéon portatif de l’automobile à mes yeux d’enfants !

La Studebaker Daytona servira de base à l'Excalibur Serie I (sans le moteur qui viendra de chez Chevrolet)La Studebaker Daytona servira de base à l’Excalibur Serie I (sans le moteur qui viendra de chez Chevrolet)

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, et je ne me verrais plus du tout au volant d’une Excalibur, mais j’ai gardé une certaine tendresse pour ces voitures improbables venues des USA ! Rien que le nom vaut la chandelle : un petit côté moyen-âgeux et fantastique avec des dessous modernes, c’était tout à fait dans la tradition américaine, quand les riches se reconstruisaient un château médiéval à quelques encablures de New York ou de Boston ! Et puis, une Excalibur, ça sent Gatsby le Magnifique, ça sent Hollywood, ça sent l’Amérique dans toute sa splendeur et ses excès !

La Mercedes Benz SS de 1928 (W06) servira quant à elle de modèle à Stevens !La Mercedes Benz SSK de 1928 (W06) servira quant à elle de modèle à Stevens !

Mais comment en est-on arriver là ? Car s’il exista un maximum de fabricants du même genre (lire aussi : Clénet Coachworks), c’est bien à Excalibur et aux frères Stevens que l’on doit l’émergence du genre : la voiture néo-classique ! C’est d’ailleurs un peu par hasard que naquit Excalibur, qui n’aurait du être qu’un show car Studebaker, et rien de plus ! L’histoire commence en 1963, alors que David Stevens, âgé de 21 ans, file de coups de main de temps à autres en tant que « consultant » (il est encore étudiant) au service « design » où œuvre son propre père, Brooks Stevens, ou encore le célèbre français Raymon Loewy (lire aussi : Studebaker Avanti). Pour le salon de New York qui a lieu en avril, le président de Studebaker, Sherwood Egbert, demande à Stevens de bosser sur un « show car » qui attire l’oeil et les visiteurs sur le stand de la marque déclinante. Egbert, malade, doit quitter Stubebaker mais son remplaçant, Byers Burningham, valide la décision.

L’Excalibur Série I Phaeton

Stevens se sent alors pousser des ailes, et, sur la base d’une Studebaker Daytona, va pondre une voiture néo-classique, s’inspirant de la fameuse Mercedes SSK W06 de 1928 (que d’aucuns appelleront Mercebaker). Une voiture classique et moderne, comme dit Stevens, et plutôt réussie. Pourtant, Studebaker va refuser d’exposer la voiture sur son stand : la marque va mal, et les dirigeants prennent peur avec ce concept car. Les clients pourraient y voir un futur modèle, et risqueraient de se détourner de la marque, qui n’a vraiment pas besoin de cela. Stevens, lui est déçu, et sent le potentiel de la voiture qu’il a construite avec l’aide de son frère William, dit Steve. Il réussit à convaincre l’organisateur du salon, Jerry Allens, de lui confier un stand pour exposer sa voiture. Allens, qui est aussi concessionnaire Chevrolet à New York, sera un personnage clé pour les frères Stevens, devenant même leur premier distributeur !

Sur le salon, le prototype a encore son logo Studebaker, mais le stand porte le nom de « Brooks Stevens Design & Associates » afin de bien se démarquer de la firme automobile (et surtout récupérer de l’aura de leur père, célèbre designer). C’est là que William, le commercial du duo, se rend compte du potentiel de la voiture. Les visiteurs s’enthousiasment pour cette drôle d’automobile qui a su saisir l’air du temps : pour les américains, le passé heureux n’est jamais loin, et les années 20, avant la crise de 29, est encore une période bénie. Dans les années 60, tout réussit aux américains, et les fortunes se construisent en un rien de temps : il existe donc une clientèle fortunée, excentrique, nostalgique d’une certaine amérique, et capable de s’offrir une telle voiture, signe extérieur de richesse mais aussi d’une ouverture d’esprit empreinte de tradition.

C’est décidé, les frères Stevens vont créer un nouveau constructeur américain : Excalibur. Leur père (et manager) Brooks Stevens leur prête les 10 000 premiers dollars permettant d’obtenir des prêts bancaires, tandis que Jerry Allens va se charger de vendre les premières voitures. Cependant, Allens craint un peu que cette voiture ne choque les pontes de GM. Son Show room Chevrolet est au pieds du GM Building, et il ne veut pas qu’on puisse l’emmerder parce qu’il présente une voiture dotée d’un moteur Studebaker. Que le châssis soit celui d’une Daytona ne pose pas de problème, car cela ne se voit pas. Mais le moteur, lui, doit être GM ! A la place du V8 4750 cm3 de 290 chevaux d’origine Studebaker, on va donc greffer à la bête un V8 300ci de 300 chevaux d’origine Chevrolet. Le tour était joué, et désormais, l’Excalibur Serie I pouvait être vendue, à partir de 1964 ! D’abord disponible en roadster (2 places, comme la Mercedes SSK) elle sera ensuite proposée en Phaeton 4 places (comme la Mercedes SS, à partir de 1966), pour un prix allant de 6000 à 7250 $ ! Les Excalibur sont fabriquées à Milwaukee, mais leurs châssis sont toujours travaillés à la main par les frères Stevens dans la ville natale de Mequon, dans le Wisconsin. Ce n’est qu’à partir de 1966 que les voitures seront assemblées entièrement au même endroit, à Milwaukee, dans la zone industrielle de West Allis !

Chez Excalibur, on décide de fabriquer lentement pour garantir la qualité de fabrication (enfin, c’est la légende, car si les Excalibur sont sans doute les « néo-classiques » les mieux fabriquées du marché, elles restent malgré tout très « artisanales » avec les défauts qui vont avec). La série I sera fabriquée de 1964 à 1969 à 359 exemplaires en tout : c’est peu et beaucoup en même temps ! L’aventure Excalibur était en tout cas lancée…

A suivre !

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