Lamborghini Latino America Coatl : la drôle de Diablo mexicaine
Le 6 décembre 2013, je lisais la presse automobile, comme d’habitude, quand un communiqué AFP attira mon attention. Selon les déclarations de Danys Bentancur, directeur du parc industriel Las Piedras à Montevideo, Lamborghini s’apprêtait à construire une usine au sein même de son parc.
Cette information fut rapidement reprise par l’ensemble de la presse écrite ou internet qui traitait de près ou de loin d’automobiles, sans qu’aucune vérification plus approfondie ne soit faite : « une dépêche AFP fait force de vérité ». Seul le magazine Sport Auto (à ma connaissance) s’approcha de la vérité en fin d’article (l’article de Sport Auto).
Lamborghini SpA, filiale d’Audi (et donc par ricochet de VAG), ne communiquera jamais sur cette installation industrielle en Amérique Latine, mais toute personne un tant soit peu connaisseuse du monde de l’automobile aurait pu se poser la question du bien fondé d’un tel investissement.
D’ailleurs, comme le subodorait Sport Auto, Lamborghini n’avait jamais eu l’intention de construire une usine à Montevideo. Pourtant l’information n’était pas totalement fausse : il y avait juste méprise sur le constructeur, puisqu’il s’agissait en fait du constructeur automobile mexicain Automoviles Lamborghini Latino America. Vous êtes perdu ? C’est normal. Un peu d’histoire donc :
En 1994, cette société est créée à Mexico et signe en 1995 un accord avec Lamborghini (en la personne de son directeur marketing et commercial Nigel R. Gordon Stewart, un nom comme cela ne s’invente pas), autorisant la société à distribuer la marque italienne en Amérique centrale et dans les Caraïbes, mais aussi de produire une supercar sur la base de la Lamborghini Diablo. A cette époque, Lamborghini sort tout juste de sa période Chrysler et appartient désormais au fils du président indonésien, Tommy Suharto. On peut imaginer que l’avenir n’est pas très clair, et les finances exsangues, ce qui peut expliquer cette drôle d’autorisation. La visite du site du constructeur mexicain est d’ailleurs amusante, puisque tout est fait pour mettre en avant la légalité de cette accord, mauvaises photos du contrat à l’appui.
Ce qui aurait pu n’être qu’une annexe « improbable » à un contrat de distribution se transforme en réalité puisque Lamborghini Latinoamerica lance, sur la base de la Diablo, la Coatl. Si la Diablo était superbe, la Coatl est, elle, – comment dire ? – étrange (et je suis poli). La ligne est dénaturée partout où cela est possible, et le résultat est pour le moins surprenant et d’un goût plus que douteux. Pourtant il s’agit officiellement d’une Lamborghini, dotée du logo au taureau, et du V12 emblématique. C’est donc cette société, désireuse de se développer à l’export et sur les produits dérivés, qui projette de s’installer en Uruguay, au nez et à la barbe de nombreux journalistes qui ne seront jamais allé vérifier l’information.
Le site du constructeur: www.lamborghini-latinoamerica.com
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