Voilà les annonces que l’on pouvait trouver dans « Le Phaeton », journal d’intérêt familial quotidienhebdomadairemensuel paru de 1936 à 1940 dans ma famille sous la houlette de mon grand oncle Pierre (« vas-donc ramasser les pommes de pins gamin »), rédacteur en chef et souvent bouc émissaire : ne l’avait-on pas accusé d’être parti avec la caisse dudit journal ? C’était l’époque heureuse où l’on ne croyait pas encore à la guerre… bien que les derniers numéros laissaient croire à un avenir bien sombre. L’Onc’ Pierre n’était encore qu’un adolescent, loin de sa guerre avec la 1ère armée en 44 et 45. L’on’c Marcel, ce héros des FAFL n’avait pas encore épousé tante Babet’ (toujours de ce monde), et l’on pavanait encore à la Girarderie… au volant de belles automobiles.
« La Belle Epinard », la terreur d’Henrichont, tel était son nom !Un journal, une maison, des automobiles.. Voilà ce qu’était la Girarderie avant guerre…. Dans le « Phaeton » (un nom prédestiné pour un bagnolard comme moi), mes oncles, cousins, tantes etc décrivaient une vie que je n’ai pas connue, dans une maison qui a bercé mon enfance…Savoir que tout cela s’est passé au même endroit m’enchante…
Et de bagnoles, il était question…
« Tourisme » (le Phaeton, décembre 1936) :
« Monsieur Pierre Bailly vicomte de la Greugne, au cours de la mise au point d’une nouvelle voiture modèle 1903, désespérant de la faire marcher à la cravache, essaya de la faire marcher au balai de bouleau. Le résultat n’étant pas meilleur, il se résigna à faire un 1000 mètres jusqu’au village (Henrichemont, ndlr) pour y quérir un litre d’essence. O merveille, la voiture retrouva sa vigueur. A la suite de cet essai, monsieur le vicomte de la Greugne jura de ne plus se servir que d’essence ».
On sent que la guerre approche: essai de masques à gaz dans la cour de la Girarderie !« A vendre » (le Phaeton, juillet 1937) :
Automobile 8CV, couleur grise, 4 roues, quatre porte ne s’ouvrant plus, il est vrai. Moteur impeccable tournant même sans huile, sans eau, sans essence (ceci garanti seulement en descente), ce moteur est du reste un « Lion ». Il entraîne d’ailleurs la voiture freins serrés pendant plusieurs kilomètres…Ce qui a pour effet de faire chauffer les 4 roues, d’où moyen de faire du feu. Du reste, deux fils qui se touchent derrière le tableau de bord permettent plus facilement au pilote d’allumer sa cigarette sans lâcher les mains du volants (procédé essayé avec succès par le propriétaire à Orval le 21 juillet 1937. Jamais de pannes, seulement quelques arrêts forcés).
La jeune génération…« A vendre » (Le Phaeton, octobre 1938)
A vendre, Licorne, 11 chevaux, sept places, état neuf, moteur parfait. Nouveau mode de freinage par la marche arrière/ Gens pas forts s’abstenir, à cause mise en marche et volant pas graissés. Craindre perdre en route partie arrière de la carrosserie, mais ficelles encore solides. Amortisseurs disparus. Les freins servent à monter le volley ball (ndlr : les parties allaient bon train à la Girarderie en cette fin des années 30).
80 ans plus tard !Dans le Phaeton, il y avait bien sûr le courrier des lecteurs, tenu par QQ la Praline, et puis les aventures de « La Belle Epinard », un Traction 7 Légère vert pâle qui fit tourner en bourrique la maréchaussée d’Henrichemont, ce petit village pourtant si paisible du Berry… Enfin Le Phaeton disparaîtra avec la guerre… La Girarderie, elle, restera, et verra passer de belles autos : celles de l’Onc’ Pierre justement, amateur de bagnoles qui possédera une Panhard 24 CT (lire aussi : Panhard 24) et une 104 ZS (que ma mère récupérera, lire aussi : Peugeot 104 ZS et ZS2), les DS (et la Panhard) de mon grand-père, les DS, CX et GS de l’Ontatoie, et pour finir, ma Saab et quelques bagnoles que l’on m’avait prêté. La Girarderie ? Le salon de l’Auto du Berry.