Kia Rio: une coréenne à l'assaut du segment B
Pouvoir essayer des voitures en avant-première est un avantage non négligeable lorsque l’on édite un site comme Boîtier Rouge. Cela permet de voyager (ce n’est pas désagréable), et de se forger une culture automobile pour les années à venir, car n’oubliez pas que les anciennes de demain sont les modernes d’aujourd’hui. En outre, cela permet de mieux appréhender les stratégies des marques, de discuter avec les designers, ingénieurs, ou communicants, ce qui est toujours intéressant. Voilà pourquoi j’ai accepté de partir au Portugal essayer la nouvelle petite Kia Rio, après avoir découvert à Milan la grande Kia Stinger (lire aussi : Kia Stinger).
Oui, je l’avoue, la marque Kia m’intrigue. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’un nombre significatif de ces voitures coréennes roulent sur nos routes nationales et nos autoroutes, preuve qu’en 20 ans, la marque s’est imposée comme un acteur durable du marché, tout comme sa sœur Hyundai, et cela grâce à une stratégie sérieuse, à des années lumières des tentatives low cost de compatriotes comme Daewoo. Une stratégie de long terme entamée avec le Sportage à partir de 1993, un SUV bien dans l’air du temps à l’époque comme aujourd’hui, et confirmée par la fameuse garantie 7 ans, gage de sérieux mais aussi d’image sur un marché ou la fiabilité reste un excellent argument de vente. Résultat, rien qu’en Europe, les ventes sont passées de 225 000 exemplaires en 2008 (un score déjà honorable) à 436 000 en 2016. Et Kia d’afficher un optimisme à tout épreuve, en tablant sur 500 000 exemplaires pour 2018.
En France, Kia est passé de 15 739 exemplaires en 2008 à 33 684 en 2016, une progression encore plus marquée qui lui permet de s’octroyer une part de marché de 1,67 %. Avec une gamme moderne composée du Sportage (les plus grosses ventes en France avec 9 951 unités), de la Rio (dont je vais vous parler), de la petite Picanto (renouvelée courant mars), de la Cee’d, du petit monospace Venga, de la Soul, du Niro, de la Carens, de la Sorento, de l’Optima, et bien sûr de la future Stinger d’ici la fin de l’année, Kia peut se permettre d’afficher ses ambitions finalement relativement mesurées. C’est donc avec un intérêt non feint que j’ai accepté d’aller tester la Rio, 4ème du nom.
J’avais encore en mémoire la première Rio de 2000 qui, avouons-le, ne cassait pas trois pattes à un canard : une proposition basique se fondant surtout sur un tarif très compétitif, mais éloignée de toute notion de design même à l’époque. La 2ème génération (2005) ne faisait pas beaucoup mieux. La 3ème génération en revanche, lancée en 2011, se montrait enfin sexy, au point de se vendre l’année dernière encore à 6 469 exemplaires, en progression de 7,5 % malgré l’imminence de la 4ème génération. On le voit, le cycle de vie se raccourcit, et Kia renouvelle sa gamme de plus en plus vite, puisque seulement 5 ans après le lancement de la Rio 3 débarque la Rio 4.
En fait, Kia veut se faire une place au soleil et n’entend plus faire de la figuration sur un des plus gros segment du marché, celui de la citadine polyvalente, dite segment B. Surtout, l’un des segments les plus concurrentiels qui existe. Voilà donc la raison d’être de cette nouvelle Rio : séduire et conquérir une clientèle difficile, certes, mais moins sensible à l’image de marque pure, et plus encline à se laisser tenter par un nouvel entrant, pourvu que son offre soit cohérente. Véhicule de conquête, la Rio doit être une porte d’entrée vers les autres modèles de la marque. L’objectif est cependant mesuré : atteindre sur le segment B la même part de marché que Kia au global, soit environ 1,6 % et 9500 véhicules en France. Un chiffre qui reste dans le domaine du raisonnable.
Mais, atteindre ce chiffre n’est pas pour autant chose facile. Tout dépend de la proposition, et concernant la Rio 4, on ne peut que constater une chose : Kia fait dans le consensuel. Cela dit, l’heure n’est pas encore à l’originalité, il s’agit avant tout de rassurer. De ce côté-là, la Rio fait un sans faute : jolie, sans erreur majeure, elle fait le job avec un dessin équilibré, élancé, moderne, relativement sportif, avec un porte à faux arrière plutôt court, ce qui ne nuit pas du tout à l’ensemble, au contraire. Kia annonce cibler une clientèle féminine et jeune, mais il me semble que le style de la Rio, plutôt neutre, est fait pour séduire les hommes comme les femmes, avec une pointe de personnalisation possible en option, sans rentrer dans le bling bling : bandes sur le capot, liserés, rétros, de quoi donner un style à sa Rio sans tomber dans le truc trop girly ou trop sportif.
Côté moteur, la Rio s’offre un 4 cylindres 1.25 litre dit MPI de 84 ch, un 4 cylindres 1.4 de 100 ch uniquement dispo avec une BVA à 4 rapports (!), un 3 cylindres Turbo de 1 litre et 100 ch, et puisqu’on est en France, on trouve aussi un turbo-diesel 1.4 de 90 ch. Une offre resserrée répondant à la globalité du marché. Pour l’instant, pas de sportive à l’horizon malgré la disponibilité sur certains marchés d’un 3 cylindres 1 litre porté à 120 chevaux, malheureusement pas disponible en France (pour l’instant, mais qui sait ? Rien n’est exclu chez Kia France pour l’instant).
A l’essai, nous disposions essentiellement du 1.4 Diesel et du 1 litre 3 cylindres. Vous imaginez bien que c’est cette dernière version et ses 100 ch que j’ai choisi de conduire. Là encore, la Rio fait le job. Elle tient la route malgré la pluie ou l’humidité, et les virages en épingle des petites routes portugaises. Elle freine fort même même en conduite « dynamique » et le 3 pattes n’est pas creux ! Au contraire, il relance bien sans demander de trop retrograder, et procure même un petit son de 6 cylindres castré dès qu’on le monte dans les tour, ce qu’il fait volontiers. La boîte 5 vitesses est bien guidée, et s’avère agréable à l’usage. Seul véritable défaut : une direction presque trop assistée, sans doute utile en ville, mais remontant peu d’information dans les petites routes sinueuses. Un défaut que l’on retrouve cependant sur beaucoup de voitures modernes aujourd’hui. Moi j’aime bien avoir tout de même un peu de résistance, histoire de « sentir » son guidage.
A l’intérieur, noir c’est noir (même si en option, on peut opter pour un peu de couleur comme sur la photo ci-dessus), et puis, le cuir des sièges, bah c’est pas vraiment du cuir quoi, puisqu’il est « de synthèse » (bref du skaï, vous l’aurez compris). Côté plastoc, bah, là encore c’est plastoc et plutôt dur ! Mais bon, on essaie pas une berline premium mais une citadine polyvalente ! En revanche, tous les équipements modernes sont là, et dès les premiers niveaux d’équipement. Le tout pour des tarifs inférieurs à ceux de la concurrence de 5 à 10 %. Une offre non pas low cost, mais agressive, sans compter les 7 ans de garantie.
En tout cas, il s’agit d’une proposition honnête, agréable à l’oeil comme à la conduite, totalement dans le coup, et qui devrait effectivement permettre à Kia d’améliorer sa part de marché en France. Les objectifs sont dès lors revus à la hausse, avec 37 500 ventes prévues sur 2017 (PDM 1,8 %). Je ne sais pas si la Rio vous séduira, mais ce qui est certain, c’est que Kia n’est pas là pour faire de la figuration. Pour 2017, outre la Rio, la Picanto et la Stinger, Kia annonce aussi un futur SUV du segment B qui viendra s’intercaler entre le Sportage (SUV-C) et le Venga (Monospace B). Un rythme de lancement qui prouve les ambitions de la marque.
Crédit photos: Kia Motors