IES America et Super America : les 2CV du bout du monde !
En ce début d’année 1980, la décision est prise : Citroën va quitter l’Argentine. Pour limiter la casse, la marque française a trouvé un sauveur en la personne d’Eduardo Sal-Lari, le PDG de la société Daher Boge qui fournissait Citroën en amortisseurs (qui prend le contrôle total de la société en 1982). Officiellement, Citroën quitte le marché car les conditions de stabilité politique et économique ne sont pas réunies. Officieusement, il y a deux autres raisons.
La première est la plus simple : Citroën n’a jamais réussi à percer, avec 223 442 exemplaires vendus en 20 ans (essentiellement des 2CV/3CV, mais aussi des Mehari et l’Ami8). La seconde est plus « politique » : Citroën, passée sous la coupe de Peugeot en 1974, n’est plus vraiment désirable en Argentine alors que Peugeot et Fiat s’allient pour former la SEVEL où la répartition des rôles est claire, à Fiat les populaires (avec la 124 et la 125), à Peugeot le haut de gamme (avec la 504 dite Yeyo).
C’est donc un peu contrainte et forcée que Citroën se retire du marché argentin, donnant la possibilité à Eduardo Sal-Lari de devenir constructeur automobile. Il créé la société IES (tout simplement Industrias Eduardo Sal-Lari) pour produire l’IES 3CV et l’IES Carga (une 2CV fourgonnette). La production de l’Ami8 est en revanche stoppée en 1982 !
Dès 1984, Sal-Lari élargit sa gamme et réintègre la Méhari à son catalogue, sous le nom de Safari. Elle n’y restera que jusqu’en 1986, car en 1987, c’est la révolution chez IES : la marque Argentine sort son propre modèle, la Gringa, un petit véhicule de plage et utilitaire sur la base de la Mehari.
Entre temps, IES a décidé de moderniser ses 3CV et Carga, qui sont restylées une première fois en 1985 (devenant America) puis en 1987 (devenant alors Super America). Ces deux restylages tentent de moderniser le profil de la 2CV, rajoutant du carré sur du rond de façon étonnante. Les America et Super America reçoivent en outre une calandre en plastique noire sensée moderniser la face de la voiture.
L’aventure IES ne passera pas la décennie. Les ventes sont anecdotiques (entre 10 et 20 000 exemplaires au total entre 1982 et 1990), et les Gringa et Gringo (sa version 3 et 5 portes) engloutissent les derniers deniers de l’entreprise qui ferme ses portes en 1990. Reste aujourd’hui qu’en Argentine, les annonces pour des America ou Super America sont encore fréquentes.
J’imagine qu’importer et immatriculer une telle voiture relève d’un défi de fou furieux, mais qui sait, parfois l’envie de rouler différent et d’épater la galerie soulève des montagnes. Voici donc un lien vers quelques petites annonces argentines. Bonne chasse !
Quelques petites annonces: http://www.olx.com.ar/q/citroen-super-america/c-378c-378