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FSO/FSM Syrena: la petite sirène polonaise !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 29/09/2015

Il est rare que ce soit l’actualité qui me dicte les choix d’articles. Pourtant, c’est en voyant Wheeler Dealers sur RMC Découverte que je me suis dit qu’il était temps de parler de la FSO/FSM Syrena. J’aime beaucoup cette émission (dont il se prépare une version française actuellement, les droits ayant été rachetés par la société de production Pernel Média), mais son format oblige à certains raccourcis parfois préjudiciables pour bien comprendre l’histoire d’une voiture.

Mike et Edd ont malheureusement survolé l'histoire de la Syrena !!!Mike et Edd ont malheureusement survolé l’histoire de la Syrena !!!

C’était le cas l’autre soir, alors que Mike Brewer et son acolyte mécano Edd China s’étaient mis en tête de restaurer et de vendre une Syrena dégotée directement à la source, en Pologne. L’histoire de cette amusante voiture y était alors survolée, à mon grand regret. Aussi me suis-je dit qu’une petite présentation de la FSO Syrena serait la bienvenue !

Les premières Syrena 100 seront assemblées à la main !Les premières Syrena 100 seront assemblées à la main !

FSO ? FSM ? Vous commencez à vous demander si je ne fais pas des fautes de frappes en citant les deux marques polonaises. En fait non, rassurez-vous, car la Syrena fut fabriquée par les deux « marques ». Quand on parle de l’automobile du bloc de l’Est, il faut parfois oublier la notion de marque. A l’origine était FSO (Fabryka Samochodów Osobowych, un nom tout simple qui veut dire en français : fabrique d’automobiles particulières), créée en 1951 pour produire la première automobile polonaise, la Warsawa. FSM (Fabryka Samochodów Małolitrażowych) ne sera créée que bien plus tard, en 1971, fruit de l’accord entre FSO et Fiat pour produire la 126P. N’oubliez pas que dans un régime communiste, les industriels sont tous étatiques, et plutôt que de parler de marques, on pourrait parler d’usines tout bêtement. Vous le verrez, la Syrena qui nous occupe sera tout d’abord fabriquée par FSO, puis, à partir de 1972 par FSM, ce qui explique que les deux noms soient utilisés pour la petite polonaise. J’y reviendrai.

Ce n'est qu'à l'automne 1958 que les Syrena seront fabriquées à la chaîne !Ce n’est qu’à l’automne 1958 que les Syrena seront fabriquées à la chaîne !

Revenons aux débuts de la Syrena. Dès le début des années 50, il est prévu de produire un véhicule plus petit que la Warsawa (en fait une GAZ Pobieda sous licence), plus accessible pour le peuple. Mais cette fois-ci, ce sera une voiture entièrement polonaise (enfin presque). Les premières propositions roulantes sont présentées à la direction en 1953. En 1955, ce sont 5 prototypes qui sont construits, et les fondamentaux sont posés : utiliser un maximum de pièces provenant de la Warsawa, et moteur 2 temps bicylindres de 27ch et 744 cm3 issu d’un moteur de pompe à eau de pompier et adapté à un usage automobile : à l’Est, on se débrouille comme on peut !

La Syrena 101 marquera les vrais débuts de la petite polonaise !La Syrena 101 marquera les vrais débuts de la petite polonaise !

C’est en 1957 que sort enfin la Syrena 100. D’une certaine manière, ce modèle est la plus rare des Syrena : on pourrait presque l’assimiler à de la pré-série, car assemblée à la main dans l’usine de Bielsko-Biala le temps que la chaîne de production soit opérationnelle. Seuls 200 exemplaires sont fabriqués en 1957 et 668 en 1958, avant que ne démarre vraiment la production industrielle. Produite jusqu’en 1960, avant que la 101, légère amélioration de la 100, ne prenne la relève, elle ne sera produite qu’à 4895 exemplaires, dont on estime aujourd’hui les survivants à 5 ou 10 pas plus. La 101 quand à elle, sera produite à 8 347 exemplaires.

la Syrena 102 reste équipée du bicylindres des débuts !la Syrena 102 reste équipée du bicylindres des débuts !

Commence alors un long fleuve tranquille fait de petites améliorations successives, tandis que la Syrena commence à gagner le cœur des polonais grâce à sa ligne particulièrement réussie. Ainsi en 1962 apparaîtra la 102, à peine remaniée (si ce n’est le système électrique repensé) et une très rare version sportive, la 102S à moteur de Wartburg 311 (lire aussi : Wartburg 353), un trois cylindres en ligne de 991 cm3 développant la bagatelle de 40 chevaux, produite à 141 exemplaires seulement. La 102 elle sera produite à 11 341 exemplaires.


La Syrena 103 évolue un peu par rapport à la 102, mais il faut être expert pour le voir !La Syrena 103 évolue un peu par rapport à la 102, mais il faut être expert pour le voir !

Syrena 103 02

En 1963, la 103 remplace la 102. Outre des petites avancées stylistiques et techniques, la 103 bénéficie d’un moteur amélioré, le S150, permettant d’atteindre la puissance mirifique de 30 ch, tandis que la version sportive 103S récupère elle aussi le moteur Wartburg 3 cylindres de la 102S de 40 ch (391 exemplaires). La 103 quand à elle sera produite à 29 767 exemplaires.

C'est avec la 104 que la Syrena va vraiment percer en Pologne !C’est avec la 104 que la Syrena va vraiment percer en Pologne !

C’est en 1966 que la Syrena va vivre sa véritable révolution. Elle va enfin abandonner définitivement son bicylindres issu d’une pompe à eau pour un moteur dérivé du Wartburg, un 3 cylindres de 842 cm3 développant 40 chevaux. C’est la nouvelle 104 (rien à voir avec la Peugeot éponyme hein!) qui l’étrenne, et avec lui, la production de la petite FSO va atteindre enfin une cadence intéressante : entre 1966 et 1972, 113 689 exemplaire de la 104 seront fabriqués.

La Syrena 105 gagne des portes dans le bon sens !La Syrena 105 gagne des portes dans le bon sens !

Mais entre temps, en 1966, FSO a signé un accord avec Fiat pour la production d’un dérivé local de la Fiat 125, sous le nom de Polski 125. La production démarre en 1967, et rapidement, occupe toutes les forces vives de l’entreprise polonaise. D’autant qu’un autre accord prévoit la fabrication de la Fiat 126 bis en Pologne. Rapidement, il est envisagé de réorganiser le « pôle automobile polonais ». La société Pol-Mot, qui depuis 1969 fabriquait les moteurs de la Syrena, mais aussi des composants automobiles, et même des bicyclettes, est alors rebaptisée FSM, et les tâches sont réparties entre les deux constructeurs. FSO se spécialisera dans les « grosses voitures » (Warsawa,jusqu’en 1973 et Polski 125) tandis que FSM s’occupera des « petits modèles » (Syrena et 126 P).

La Syrena 105 servira aussi à la police et aux pompiers polonais !La Syrena 105 servira aussi à la police et aux pompiers polonais !

L’année 1972 voit donc la Syrena désormais produite sous une nouvelle marque. Entre temps, FSO avait « modernisé » la voiture dans une version 105, dont la vraie différence réside dans ses nouvelles portes, qui s’ouvrent désormais dans le bon sens, la charnière à l’avant. Seuls 3571 exemplaires de la 105 seront fabriqués par FSO avant que la production ne soit transférée à FSM. Durant les années 70, la Syrena va continuer à imprimer sa marque dans le paysage automobile polonais. Elle sera produite jusqu’en 1983, après 26 ans de carrière. Entre temps, une version 105 L (pour luxe, ne rigolez pas) aura été introduite en 1975. En tout FSM produira 344 077 exemplaires des 105/105L, ce qui représente finalement la majorité des Syrena (production totale de 516 219 exemplaires).

La R20, version pick up de la Syrena 105La R20, version pick up de la Syrena 105

Si la Syrena a conquis la Pologne, c’est assurément par manque de choix d’une part, et grâce à sa ligne craquante d’autre part. Sa simplicité et la facilité des réparations furent assurément des atouts. Mais il faut bien l’admettre : la Syrena était bien trop lourde (entre 940 kg pour la 105, et 970 kg pour la 103), et sous-motorisée (même en version 3 cylindres 40 ch).

La Bosto, version camionnette de la 105 !La Bosto, version camionnette de la 105 !

La Syrena connut aussi des dérivés utilitaires : la Syrena Bosto (fourgonnette) et la Syrena R20 (pick up). En revanche, on eut jamais droit au coupé sportif Syrena Sport, qui faillit pourtant rentrer en production, ni même à la Syrena Minibus, ou encore à la Syrena 110 au design plus moderne (dont seuls 20 prototypes furent construits avant l’abandon du projet). La Syrena 607, version rallongée et plus statutaire, ne verra pas le jour non plus : un prototype fut fabriqué, et retrouvé miraculeusement en 2011

La Syrena Sport n'entrera jamais en production: dommage !La Syrena Sport n’entrera jamais en production: dommage !

Bref, la Syrenka (surnom affectueux donné par les polonais, en français : petite sirène) est une voiture aujourd’hui totalement dépassée et inutile, et donc pour ces mêmes raisons totalement désirable. Kitsch à souhait, elle permettra de se démarquer dans le flot de la circulation d’aujourd’hui, de rouler décalé à moindre frais, et même de partir à la chasse au trésor de modèles rares (Syrena 100, 102S, 103S notamment, voire d’un proto oublié). Mais avec la Syrena, oubliez toute notion de confort, de performance et de longues distances. C’est à vous de voir !

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