Ford Mondeo ST200 : le chaînon manquant !
La Ford Mondeo porte bien son nom : la marque à l’ovale lançait avec cette berline familiale une voiture vraiment mondiale, disponibles sur tous les marchés malgré quelques différences légères ou des blasons différents. Conséquence de ce choix d’une voiture globale ? Un design passe partout et tout mou, influencé par le edge design en vogue chez Ford à l’époque, en tout cas pour la première génération produite entre 1992 et 2000. Ce design passe partout sera modifié en 1996 avec un facelift bienvenu, mais confortant la Mondeo dans une image pépère voire molle, renforcée par l’absence de variante sportive. Au sommet de sa gamme, on trouve un V6 2,5 litres développant 170 ch : pas de quoi faire rêver le père de famille désireux de se faire plaisir tout en satisfaisant madame.
Ford est consciente qu’il manque une corde à son arc. Difficile de faire de l’image sans variante séduisante et explosive. C’est en tout cas ce que se disent les hommes à l’ovale bleu ! A l’instar de SVT (Special Vehicule Team), le département « sportif » de Ford USA, Ford Europe se dote de sa propre division, ST (pour Sport Technologies). C’est à ST, en collaboration avec Tickford, qu’on devra notamment la Ford Puma Racing ST160 en 2000. Mais c’est en 1998 que ST s’attaque à la Mondeo pour accoucher de deux versions sportives. L’une, la ST250 Eco Concept, restera à l’état de concept car (V6 Duratec 3 litres de 250 ch), l’autre, la ST200, sera elle bien produite en série, en berline hatchback ou break Clipper (V6 2,5 litres de 205 ch).
Présentée en 1998 à Berlin, et puis début 1999 à Genève, la ST200 revisite la Mondeo en tentant de rendre agressives ses lignes rondouillardes. Ce qui explique son air un poil « tuning ». Il faut dire que pour offrir un air sportif à la Mondeo, il a fallu exagérer le trait ! Nouveau spoiler, aileron, bas de caisse, jantes de 17 pouces (du plus bel effet) : autant d’appendices pour grimer cette placide berline en désirable sportive. Rendons grâce à Ford qui a cependant réussi à rester sobre malgré tout.
Si l’on réussit à passer outre son drôle de regard entourant sa calandre ovale, la ST200 peut être une excellente opportunité de s’offrir une familiale musclée pour des clopinettes. Car cette pauvre ST200 paie surtout la méconnaissance du marché. Car sans être « la » référence, elle propose un rapport qualité/plaisir/prix inégalable aujourd’hui. Non seulement le moteur offre des performances tout à fait honorables à cette bonne vieille Mondeo, mais le châssis et les suspensions retravaillés lui assurent aussi une tenue de route remarquable, loin de la réputation de certaines Ford.
Elle ne sera produite que deux ans (entre 1999 et 2000) à Genk, en Belgique. Seuls 5000 exemplaires seront fabriqués, majoritairement en version break (dont 300 ex vendus en France environ) : difficile à trouver, mais pas impossible ! Aux Etats-Unis, la Contour (patronyme de la Mondeo là-bas) reçut elle aussi sa version « sportive » à partir de 1998, la SVT, dotée du même V6 poussé à 200 ch d’abord, puis 205 ch comme sa cousine européenne. Elle connaîtra une diffusion un peu plus large que la ST200 (11 455 exemplaires en 3 ans de production), mais tirera sa révérence en 2000 elle aussi !
La Ford Contour SVT, cousine américaine de la ST200La ST200 est donc une voiture méconnue, et c’est tant mieux d’une certaine façon, car les prix s’en ressentent. Elle contribuera à convaincre Ford du bien fondé de sa division ST qui donnera naissance à une ST220 autrement plus convaincante en 2002, sur la base d’une Mondeo II bien plus joliment dessinée. Cela donne à cette Ford oubliée le rôle de chaînon manquant entre la regrettée Sierra Cosworth et les ST de nouvelle génération. Rien que pour cela, elle mérite d’être collectionnée !