Ford/Mercury Capri SA30 : l'Australie à la conquête du monde
L’Australie ne possède qu’un seul véritable constructeur « national », Holden (qui fait partie du groupe GM, lire aussi : La fin des usines Holden), mais les australiens considèrent souvent Ford comme un authentique constructeur « aussie » puisqu’il produit des modèles spécifiques, comme la Falcon. Tout comme GM d’ailleurs, Ford a décidé de stopper toute production au pays des kangourous, source de pertes financières ne se justifiant pas.
La question d’une production spécifique à l’Australie se pose aux deux groupes américains depuis longtemps. Dès les années 80, les états-majors réfléchissent à mondialiser leurs gammes, et donc à recourir à l’importation, les constructeurs Holden et Ford n’arrivant pas à être rentable sur le marché australien et exportant très peu.
Pour justifier les dépenses occasionnés par le lancement d’un modèle tel que la Falcon, les hommes de Ford Australia décide de développer les exportations, alors quasi nulles, en proposant un modèle séduisant, demandant peu d’investissements, et capable de conquérir des marchés à l’export. Reprenant un projet de Ford Europe dessiné par Ghia pour l’extérieur et Italdesign pour l’intérieur, les ingénieurs australien vont tenter de montrer leur savoir-faire en créant la Capri (SA30), un petit cabriolet 2+2 traction avant, à la ligne plaisante, et dotée de mécaniques éprouvées issues de la Mazda 323 (déjà utilisées par la Ford Laser).
La Capri disposait à sa sortie d’un 4 cylindres 1,6 litres de 84 chevaux, vite remplacé en 1990 par une version plus performante de 105 chevaux, et d’une version turbo de 136 chevaux (le moteur le plus intéressant sans transformer la Capri en une sportive). Si la Capri est destinée à l’Australie, elle a pour ambition de conquérir le monde, et intègre la gamme Mercury pour être vendue aux Etats-Unis. Au total, 66 279 Capri seront fabriquées, dont seulement 9787 seront vendues en Australie sous le blason Ford, entre 1989 et 1994.
La Capri SA30 (puis SC en 1992 et SE en 1993) sera considérée comme un échec malgré un volume relativement honnête pour Ford Australia (mais ridicule par rapport au potentiel du marché américain). Il faut dire qu’elle eut deux adversaires redoutables : la Mazda Mx5 sortie en même temps, une propulsion bien plus « moderne » d’aspect, amusante et séduisante (lire aussi : Mazda MX5); elle même ensuite, car elle connut de grands problèmes de fiabilité et d’étanchéité. Comble de malchance, sa stratégie d’exportation sera « copiée » par Holden (notamment avec la Monaro).