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Elfin : le Lotus australien ne répond plus
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 20 août 2014L’automobile australienne va décidément mal. Après l’annonce de Holden (filiale de GM) d’arrêter toute production locale (adieu donc les Caprice, Commodore et Ute, lire aussi : la fin des usines Holden), faisant suite à celle de Ford et de Toyota, que reste-t-il vraiment comme vrai constructeur australien ?
Lorsqu’en 2006 le fameux Tom Walkinshaw, qui s’est refait une santé en Australie après avoir bu le bouillon en Europe, rachète le petit fabricant de roadster Elfin. L’heure est à l’enthousiasme. Propriétaire, via Walkinshaw Performance, de 50 % de Holden Spevial Vehicules (HSV), la division haute performance de Holden, Tom annonce vouloir faire d’Elfin le Lotus australien.
La MS8 Clubman, équipée d’un V8 Holden.Pourtant, Elfin n’a vendu que 13 véhicules en 2005, des roadster (MS8) équipés de moteurs V8 d’origine GM. Les ambitions du nouveaux propriétaires semblent réalistes : vendre 75 voitures en 2007, et stabiliser la production à 100 exemplaires par an par la suite. Pour atteindre cet objectif, l’export doit jouer un grand rôle, et dans cette optique, un nouveau modèle est étudié : le T5.
La cible d’Elfin ? L’Europe, et le T5 opte donc pour un 4 cylindres 2 litres Turbo de 264 chevaux, et est ultra léger (750 kg). Son look s’approche de la Caterham Seven, adversaire clairement désigné. Mais comme souvent, rien ne va se passer comme prévu. En 2010, Tom Walkinsaw décède, et laisse orphelin son groupe Walkinsaw Performance.
Certains diront qu’à partir de là, l’enthousiasme des managers de Walkinshaw Performance pour la petite marque Elfin s’envolera. Mais en plus, les conditions économiques ne sont pas bonnes : la hausse du dollars australien ruine les espoirs d’exportation du T5 vers l’Europe, tandis que la crise frappe de plein fouet les constructeurs automobiles. Elfin voit ses ventes chuter. En outre, comble de malchance, l’arrêt de la marque Pontiac aux USA entraîne la fin de la fabrication du moteur et de la boîte de vitesse de la T5.
La MS8 Streamliner, elle aussi équipée d’un V8 Holden.En 2012, la compagnie annonce donc l’arrêt de sa production pour au moins 12 mois, le temps de voir si le marché reprendra, tout en laissant la porte ouverte : Elfin annonce avoir suffisamment de pièces pour fabriquer plusieurs voitures si des commandes se présentaient. Une manière de dire très clairement qu’actuellement, aucune commande ne parvient plus à Elfin. Il est loin le temps où l’on ambitionnait 100 véhicules par an !
Walkinshaw Performance est en plein doute aussi sur sa filiale HSV !Depuis 2012, plus de nouvelles de la part d’Elfin. Le site internet existe toujours (http://www.elfin.com.au/) mais il n’y a plus aucun communiqué de presse depuis 2009. Si la marque existe toujours, elle semble bel et bien en sommeil. Surtout que Walkinshaw Performance doit résoudre un nouveau casse-tête : que va devenir sa filiale HSV ? Avec l’arrêt de productions spécifiques chez Holden, HSV n’a plus vraiment de raison d’être. Le groupe réfléchit à plusieurs options : produire une ligne de Chevrolet « hautes performances » sous le nom de Chevrolet Special Vehicules, voire même quitter l’Australie pour les Etats-Unis. En attendant, Elfin ne répond plus.
Lire aussi, au sujet de Holden: Holden Ute, la disparition d’un mythe !