Erich Bitter : Ein Bitter Bitte
A une certaine époque, on avait un certain choix automobile quand on avait de l’argent. Outre les constructeurs que nous connaissons encore aujourd’hui (Rolls, Bentley, Jaguar, Maserati, Porsche, Lamborghini pour ne citer qu’eux), on pouvait jouer l’original et rouler en Bristol pour le raffinement, en de Tomaso pour la force brute, en Monica (pour la rareté), en Monteverdi (pourquoi pas rouler suisse?) ou en Jensen pour l’innovation technologique. Et encore je raccourci volontairement la liste.
On pouvait même rouler en Bitter, et aujourd’hui encore la marque allemande garde de nombreux amateurs. Entre 1973 et 1989, Bitter construisit de superbes coupés, cabriolets et berlines, au look un brin suranné aujourd’hui, mais au charme indéniable, sur des bases Opel.
Erich Bitter, pilote automobile, mais aussi businessman dans l’importation et la distribution automobile, créa sa marque en 1973 en présentant le coupé CD, dérivé de l’Opel Diplomat. Avec son V8 Chevrolet 327 ci de 227 ch, sa ligne élancée et élégante, la Bitter CD rencontra rapidement un public désireux de se démarquer de la production de l’époque. Avec la collaboration d’Opel, celle de Frua (pour la ligne) et de la carrosserie Baur (pour l’assemblage et la conception, voir aussi : Baur).
Les débuts sont prometteurs au salon de Francfort 1973, avec 173 pré-commandes. Même s’il y eut de nombreuses annulations, la production est lancée, avec un objectif de 200 véhicules par an, mais fin 1974, Bitter n’a produit que 100 CD. Entre temps, la crise pétrolière est passée par là, et le marché des grosses cylindrées se réduit à peau de chagrin. Bitter n’abdique pas pour autant. La production de la CD se poursuivra jusqu’en 1979, avec un total de 395 exemplaires produits.
Cette année là, la CD est remplacée par la SC, dont le design s’inspire largement de la Ferrari 400i contemporaine. Bitter reste fidèle à Opel et développe son coupé sur une base de Senator. En 1981, une version cabriolet est proposée. Une rare version 4 portes sera aussi vendue. La SC sera fabriquée jusqu’en 1989 (461 coupés, 22 cabriolets et seulement 5 berlines). La SC est équipé d’un 6 en ligne Opel de 3 litres de 177ch ou de 3,9 litres et 207ch. Quelques exemplaires du coupé reçurent une transmission intégrale.
Mais il faut bien dire que proposer une berline de luxe sur la base d’une Opel dans les années 80 n’a plus vraiment la côte, et la concurrence propose beaucoup mieux en terme de motorisations ou de tenue de route. Cette origine « populaire » tua certainement la marque, malgré des prototypes intéressants (comme la Type 3 en cabriolet ou « sedan », ou la Berlina en 1994).
La suite n’est qu’une course poursuite pour tenter de retrouver la gloire d’antan. Après l’échec de la commercialisation de ces modèles pourtant réussis esthétiquement, Bitter tente de revenir sur le devant de la scène avec la Véro en 2007. Cette berline de grand luxe reste apparentée au groupe américain GM puisqu’elle est basée sur une Holden Caprice. Pourtant, loin de sublimer l’australienne, le dessin l’alourdit, et le tarif (121 000 euros tout de même) suffit à refroidir les ardeurs des plus grands fans de la marque. Malgré l’arrivée d’une Vero Sport sur la base d’une Holden Commodore SS plus sportive encore rien n’y fait. (voir aussi La fin des usines Holden)
Désormais, Bitter s’attaque à l’Opel Insignia OPC pour remplacer la Vero, sans certitude d’arriver à vendre réellement quelques modèles.