DeLorean DMC-12 : appelez-moi Marty McFly !
Certaines voitures mériteraient un film à elles toutes seules. C’est le cas de la DeLorean DMC-12 qui pourtant connaîtra la gloire cinématographique, mais malheureusement posthume. Si « Retour vers le Futur » avait été produit 5 ans plus tôt, le destin de la DeLorean aurait pu être tout autre.
Car il faut bien le reconnaître, si nous connaissons si bien cette voiture, c’est grâce au Docteur Emmet Brown, et aux aventures du jeune Marty McFly au volant de cette DMC-12 dotée d’un convecteur temporel capable de la faire voyager dans le temps (comme le dit le doc, « quitte à voyager dans le temps, autant voir grand »).
Pas de doute, à défaut de moteur, la DMC-12, c’est avant tout un look.Comme beaucoup de gamins à l’époque, j’ai cru que la DMC-12 était une vraie sportive, tant il semblait fantastique d’atteindre les 88 miles à l’heure (ce qui, rapporté en km/h, n’est pas si rapide). Sa carrosserie en acier poli, ses portes papillons, son regard moderne du à ses 4 phares carrés, son arrière trapu, tout laissait croire à une authentique supercar.
Des DMC-12 en attente de finition dans l’usine irlandaise de Belfast.Au risque de faire s’effondrer le mythe, il n’en était rien. Pourtant, ça partait bien avec un dessin signé Giugiaro, et un châssis Lotus dessiné par Colin Chapman himself. Le problème vint du moteur. Initialement, Citroën devait fournir un moteur rotatif sportif (lire aussi: Citroen M35). Mais ce type de moteur trop gourmand restera à l’état d’étude (sauf chez Mazda) et faute de mieux, DeLorean se tourna vers le bon vieux PRV de 2,9 litres et ses 130 chevaux, cette modeste cavalerie devant mouvoir les 1420 kg de la bête (qui une fois lancée peut atteindre 220 km/h tout de même).
Ce manque de sportivité fut bien entendu reproché à la DeLorean, mais aussi une mise au point difficile. Pire encore, son prix (25 000 $ à l’époque) est bien trop élevé au regard de la finition et des performances. Cela n’aida en rien la DMC-12 qui ne sera produite que de 1981 à 1982, à 8 583 exemplaires tout de même (officiellement, en réalité sans doute 2 000 de moins).
John Zacharie DeLorean posant fièrement devant sa création.La DeLorean Motor Company avait été créée en 1975 par John Zachary DeLorean, ex-cadre supérieur de la General Motors promis au poste de président. Mais contre toute attente, il démissionna en 1973 pour se consacrer à SON projet : la création d’une voiture de sport américaine. Enfin, américaine, il faut le dire vite, car pour profiter d’une fiscalité et d’aides avantageuses (notamment du gouvernement britannique), l’usine fut construite en Irlande du Nord, près de Belfast. Le manque d’argent se fait rapidement sentir, et les ventes ne sont pas à la hauteur des ambitions promises aux investisseurs (DeLorean envisageait 30 000 ventes annuelles). Bientôt la faillite se profile. Tentant le tout pour le tout pour sauver sa marque, John DeLorean se retrouve embarqué dans une sombre histoire de blanchiment d’argent sale qui se révèlera être un piège tendu par le FBI. Quand on vous dit qu’on aurait pu en faire un film.
Finalement, l’aventure s’arrêtera fin 1982, le 24 décembre pour être précis. Malheureusement, « Retour vers le Futur » ne sortira que trois ans plus tard. Dommage. Il est aujourd’hui possible de s’offrir un bout de son enfance pour une somme modique (au regard de l’histoire du véhicule), environ 20 000 euros pour une voiture parfaite. La difficulté sera d’en trouver une en France, mais quand on aime, rien n’est impossible, quitte à l’importer maintenant qu’elle est passée en carte grise collection.