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DAVID BROWN

David Brown Speedback GT : le goût de l'inutile

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 13/03/2017

Confortablement installé dans le bar lounge du stand Jaguar-Land Rover, je bois un verre en compagnie de Sandra, l’attachée de presse de la vénérable marque anglaise. La conversation tourne évidemment autour des voitures, salon de Genève oblige… Les modèles de la marque, le nouveau Velar faisant référence aux prototypes du premier Range Rover (lire aussi : Range Rover Velar), mais aussi les nouveautés des autres marques. Et puis la conversation dérive inévitablement vers une étonnante voiture, la David Brown Speedback GT, singeant une Aston Martin DB5 (ou DB6 parfois) sur une base châssis/moteur (et certaines pièces de carrosserie) de Jaguar XKR (lire aussi : David Brown Speedback).

Si les origines « Jaguar » étaient connues de Sandra, la question du nom « David Brown » la titillait, s’étonnant que la marque puisse utiliser aussi facilement le nom du mythique patron d’Aston Martin, sans réaction du constructeur de Gaydon. Autant vous le dire tout de go : si les initiales DB suivies d’un chiffre sont bien la propriété d’Aston, le nom « David Brown » n’a jamais été déposé en tant que marque. Et de toute façon, le boss de David Brown Automotive s’appelle… David Brown, un nom presque aussi courant que Martin, Dupont ou Durand en France.


Lorsque la Speedback GT fut présentée en 2014, j’étais plutôt emballé sur le principe, mais dubitatif par principe : nombre de renaissances et de lancements de marques sont restés sans lendemain, faute de moyen, de clients, ou d’un produit adapté (au marché, mais aussi à l’outil industriel ou à la législation). La présence de David Brown Automotive à Genève, 3 ans après la présentation, prouve que la marque existe encore, mais qu’elle est prête à vendre : lorsque j’étais sur le stand, l’un des modèles était présenté dans le détail à des clients potentiels, ce qui semblait plus intéressant qu’un journaliste comme moi et pour être franc, j’en aurai fait autant. A presque 700 000 euros l’unité, et avec l’ambition de vendre 50 exemplaires de la belle, c’est le client qu’il faut choyer, même si la com c’est toujours bien.

Peu importe, je connaissais déjà le modèle, et d’une certaine manière sa courte histoire. Ce qui m’intéressait, c’était de le voir en vrai. Avec ce coupé, oubliez toute rationalité. Il y a plus moderne, plus puissant, plus efficace ou plus luxueux, pour moins cher, chez tous les constructeurs premiums, mais à la manière de Bristol et de son coupé Blenheim en son temps (lire aussi: Bristol Blenheim), la Speedback GT a ce petit plus british, ces petits détails qui changent la donne quand vous avez beaucoup d’argent et que vous recherchez quand vous êtes avide de distinction et d’exclusivité.

Que la bestiole ait un V8 de 510 ch importe peu finalement. Elle aurait moins de watts qu’elle serait tout autant désirable. Vraiment, circuler dans le centre de Londres n’implique pas autant de canassons, tandis que la distinction réclame cette exclusivité qui n’a finalement presque plus rien à voir avec la technique ou le design. A l’instar de Bristol donc, David Brown vous offre un autre voyage, sans rapport avec la technologie, la performance, ni même avec le prix.

La Speedback a un défaut originel : s’inspirer du couple DB5/DB6. C’est pourtant pour cela qu’on la regarde. Le nom de sa marque allié à l’évocation évidente de son design font immédiatement écho aux mythiques Aston, du temps de Newport Pagnell et de James Bond. Mais il ne s’agit pas d’une réplique, et elle ne surjoue pas la ressemblance. Il ne s’agit pas non plus d’une « tranformation » moderne sur base ancienne comme Ian Callum l’a fait avec la Mk2 (lire aussi : Jaguar Mk2 by Ian Callum). Non il s’agit bel et bien d’un produit propre, avec ses défauts (les gros rétroviseurs nécessaires à l’homologation, l’abus de boiseries pour « faire anglais » entre autre) et ses qualités (une voiture moderne, sur une base fiable et relativement performante).

De toute façon, à ce niveau de prix, et vu le rythme de fabrication (7200 heures pour chaque exemplaire), on peut sûrement faire réaliser sa voiture à son goût, et de façon moins surchargée que les modèles d’exposition. On notera des idées rigolotes, et plutôt marrantes, comme cette banquette dans le coffre, non pour rajouter deux places en roulant, mais bien pour pique-niquer ou recharger son fusil à l’arrêt. Les références Aston et la base Jaguar nous laissent penser à de possibles déclinaisons « shooting brake », en référence aux DB5 (lire aussi : Aston Martin DB5 Shooting Brake), Virage (lire aussi : Aston Martin Virage Shooting Brake) ou Lynx Eventer (lire aussi : Lynx Eventer), et bien entendu cabriolet, un modèle essentiel au pays de la pluie.

Bref, n’espérez pas une voiture parfaite (et finalement c’est tant mieux), et sachez qu’elle fera crier les puristes, mais elle se paie le luxe de ne pas tomber dans la caricature. Si j’avais le portefeuille sans fond de certains millionnaires, j’avoue que ce modèle m’amuserait beaucoup : c’est tellement commun de rouler en Ferrari. Et puis, le 0 à 100 en 4,8 secondes, c’est déjà pas si mal !

Photos: Paul Clément-Collin / David Brown Automotive

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