DAF 600 : l'innovante citadine et son Variomatic
Pour beaucoup, DAF n’est qu’un constructeur de camion, et ils auront raison : c’était l’activité initiale (depuis 1928) et ça l’est toujours, même si la marque appartient aujourd’hui au groupe américain Paccar. Pour moi, c’est l’automobile de mon enfance : pas celles dans lesquelles je montais (essentiellement des Peugeot 104 – dont une ZS – 304, 504, 305 puis 405, ou bien des Citroën, notamment GS et CX), non, mieux, celle que je conduisais. Ma tante Babet’ (la sœur de ma Grand-Mère) semblait avoir besoin d’une voiture « facile » et, avant l’invasion de la boîte automatique, la DAF et sa transmission « à variateur » sans pédale d’embrayage, était la voiture rêvée de la femme libérée « de l’époque ». Sa vieille Daf 33 (remplacée entre temps) resta longtemps « plantée » dans le garage de la Girarderie, offrant à tous les cousins des heures de conduites gratuites et statiques ! Mais aujourd’hui, je vais vous parler de son ancêtre, la Daf 600.
J’avoue avoir hésité à « commettre » cet article : je connais un fou furieux de la marque, propriétaire d’un paquet de modèle (je préfère même pas dire le nombre), qui pourrait bien me reprendre sur les erreurs possibles/probables/inévitables. Tant pis, je me lance ! Parlons peu, mais parlons Daf. En fait, la marque en tant qu’entité automobile n’aura vécue que très peu de temps. Née en 1958 avec la 600, elle sera rachetée en 1975 par Volvo, ses derniers avatars se transformants en batavo-suédoise sous le sobriquet de série 300 (lire aussi : Volvo 340/360).
En 1958, on en est pas encore là. Chez Daf, on a l’ambition d’attaquer le marché de l’auto par le biais de la simplicité, avec un boîte automatique étonnante, appelée Variomatic. En fait, il s’agit d’une boîte qui fonctionne comme un élastique. Ca marche aussi bien à l’avant qu’à l’arrière (ce qui permet des vitesses hallucinantes en marche arrière), sans changement de vitesse, et donc sans à coup. Pas besoin non plus d’embrayage, juste un levier avant/neutre/arrière. Aujourd’hui, on veut pas se la jouer DAF, alors on appelle ça CVT, une transmission qui se veut l’héritière de la Variomatic.
Daf, marque néerlandaise de camion, cherche à arriver sur le marché avec une vraie innovation : ce n’est pas idiot, l’occident se motorise, et avec lui une flopée de femmes emmerdées (à raison) avec de dures pédales d’embrayage nécessitant des mollets d’athlètes. Regardes les photos de presse illustrant cet article : il y a toujours une femme à côté de la DAF 600. La cible est toute trouvée : la femme libérée, ou en passe de l’être, en cette fin des années 50 et début des années 60.
Facilité, compacité, la DAF 600 a tout compris, et se paye le luxe de n’être pas si moche, si l’on compare avec la concurrence dans le domaine des petites voitures. Une petite tendance américaine, mêlée à une retenue toute batave, donne une petite batave pas si dégueu avec un peu de recul (et d’objectivité).
Au menu ? Un flat Twin de 590 cm3 développant la bagatelle de 22 chevaux, autorisant un petit 96 km/h : largement suffisant pour la cible visée (oui, on était un peu macho à cette époque). Et mine de rien, la sauce va prendre, avec une commercialisation en 1959, et 30 563 exemplaires produits jusqu’en 1963, avant que l’épopée DAF ne se poursuive avec la 750 plus luxueuse (et plus puissante, comme son nom l’indique), puis la 33 précédemment citée.
Voiture facile, économique, plutôt jolie, la 600 et ses descendantes offriront jusqu’au rachat par Volvo une possibilité jusqu’alors réservée aux grosses américaines : se passer de transmission manuelle ! La DAF, par cette innovation (le Variomatic n’est pas tout à fait la même chose que l’automatique), aura rapidement un qualificatif de voiture de minettes, ou de vieilles (comme ma grand-tante).
Aujourd’hui, plus personne ne s’intéresse à DAF, à part le fou furieux dont je vous parlais, qui se « rattrape » en aimant les Saab et en bossant dans le milieu « fermé » de l’automobile. Il en faut des comme ça, qui préservent le patrimoine, insensibles aux quolibets. Le même dispose aussi d’une 4L Sinpar dans laquelle j’ai pu monter : un homme éclectique, évidemment, de bon goût, assurément !
Un article dédié à DWJ