Dacon 828 : la Porsche miniature !
Proposer une petite citadine de luxe en complément d’une chère et sportive GT ? C’était la lumineuse idée d’Aston Martin avec sa Cygnet (lire aussi : Aston Martin Cygnet). Pourtant, d’autres avaient déjà eu cette même intuition, avec encore moins de succès ! Pas en Angleterre ni en Italie ou en Allemagne, non ! C’est au Brésil que le concept avait été inauguré dans les années 80.
Dès 1973, avec la première crise pétrolière, Paul Goulart, concessionnaire Volkswagen, BMW et Porsche à Sao Paulo sous l’enseigne Dacon, a cette idée de génie, préfigurant la Smart Fortwo, la Toyota iQ et l’Aston Martin Cygnet : la voiture de sport, gourmande et difficile à conduire et à manier à basse vitesse, n’est pas adaptée à la circulation urbaine. Il faudrait proposer un petit véhicule rapide et luxueux en complément de puissantes GT plus adaptées aux grandes lignes droites des autopistas !
L’idée mettra un certain temps à se mettre en place, et ce n’est qu’en 1981 que le projet commencera à prendre forme avec l’aide du designer Anisio Campos. Pour abaisser les coûts, c’est chez Volkswagen qu’on ira chercher les composants, et sur une valeur sûre et produite au Brésil : la Cox, plus connue sous le nom de Fusca là-bas.
Le châssis est donc celui d’une Fusca, raccourci bien entendu de 80 cm, pour obtenir un tout petit véhicule, proposant 3 places ! Plusieurs moteurs étaient prévus, allant de 650 cm3 à 2,1 litres, mais seul le 1600 de la Cox trouvera sa place dans la version de série. Dommage pour les amateurs de sport, car la version de pré-série équipée du 2,1 litres était paraît-il une « vraie fusée » selon Nelson Piquet himself, qui l’avait essayée en 1982.
Le designer Anisio Campos pose fièrement devant son oeuvre !Pour le nom de cette petite bombinette, Paul Goulart opte pour la Dacon 828 (82 pour l’année, 8 car il s’agissait du 8ème projet de Dacon). Cette explication alambiquée cache mal le lien (volontaire) avec la Porsche 928 que Dacon importait, et dont elle était le pendant urbain ! Loin d’être prévue comme un véhicule populaire, la Dacon 828 était luxueusement équipée.
Le lien avec la 928 ne se limite pas à son nom : Le design arrière s’en inspire grandement, utilisant les même feux, avec une bulle arrière et un arrondi similaire. Les pièces utilisées sont assez disparates : feux avant de Passat, volant de Gol, roues d’Austin Mini,
Fier de sa réalisation, Paul Goulart lance donc la production en 1983. Les 11 premiers exemplaires seront fabriqués chez le constructeur brésilien Puma, avant d’être construits par Dacon jusqu’en 1991, mais à 48 exemplaires seulement au total. Autant dire qu’il ne s’agit pas d’un véhicule de masse ! Si la Dacon 828 ne fut pas un succès (sans doute était-elle trop chère à produire, et donc trop chère à vendre), elle eut le mérite de tenter un nouveau concept qui s’imposera bien des années plus tard avec Smart.
C’est essentiellement au Brésil que vous pourrez trouver une Dacon 828. Inutile de vous dire que vous ferez sensation dans les rues parisiennes si vous arrivez à en importer une et à l’homologuer en France. Mais avouez que rouler dans une 828 vous classera d’emblée dans la catégorie des collectionneurs éclairés, ou des conducteurs décalés. Mais à quel prix ? Désormais très recherchées, et vue leur rareté, n’espérez pas en dégoter une pour une poignée de reals dans une concession VW de la banlieue de Sao Paulo ! Rajoutez ensuite le coût du transport, les taxes et droits de douane, et le parcours du combattant d’une improbable homologation, et vous vous demanderez si finalement il ne serait pas plus malin d’acheter une Aston Martin Cygnet d’occasion !