Citroën Traction 7cv : la populaire de la gamme
Quand on pense “Traction” on pense souvent 15 avec son 6 cylindres, voire 11, rarement 7 : pourtant, il s’agissait d’une entrée de gamme particulièrement populaire surtout avant-guerre. Avec la 7cv, Citroën poursuivait son entreprise de motorisation de la France, mais il faut bien l’avouer : malgré sa célébrité contemporaine, la Traction n’eut pas un succès immédiat. La 7, vouée à être la plus vendue (enfin en théorie, on le verra), ne restera au catalogue que jusqu’en 1941… Retour sur une Traction méconnue et pourtant essentielle…
Revenons au début des années 1930… André Citroën décide alors de lancer la Rosalie, une voiture très classique destinée à être le coeur de la gamme aux chevrons. L’idée est assez simple : produire en grande série (pour abaisser les coûts) une voiture “moyenne” en tous points à même de séduire la clientèle “moyenne” que cible Citroën. Pas de solution miracle, ni d’évolution technologique particulière : juste une bonne voiture pour la bonne personne. Sauf que le déferlement des Rosalies sur le marché ne se fera jamais et que ces dernières s’avéreront un poil timorées. Dont acte.
La révolution Citroën
Pour le second opus, André Citroën a retenu la leçon. Malgré la mévente des Rosalies, les effets sensibles de la crise de 1929 et la fâcheuse tendance de Monsieur André à dépenser son argent dans tous les casinos de France et de Navarre, la décision est prise : lancer une voiture révolutionnaire. André Lefebvre, ingénieur génial venu de chez Gabriel Voisin, s’y colle pour développer une auto qui sort du lot. Au programme, “traction avant” (un pléonasme qu’on aimera longtemps chez Citroën) permettant d’abaisser le centre de gravité, mais aussi une carrosserie monocoque signée Flaminio Bertoni en même temps futuriste et bien dans son époque (une gageure), permettant, elle, une meilleure rigidité. Côté suspension, on n’est pas encore à l’hydraulique mais on se passe des lames et ressorts à l’ancienne pour des barres de torsion et des roues semi-indépendantes.
Côté moteur, Maurice Sainturat va développer un 4 cylindres qui durera de longues années (et qu’on retrouvera sur la DS qui, elle, sera privée de 6 cylindres). À l’origine, il développe 1 303 cc et 32 chevaux seulement… Un peu juste, il sera vite réalésé à 1 529 cc et 35 chevaux (à peine deux mois après le lancement). La Traction, en cette année 1934, change la face du globe automobile. Présentée le 24 mars aux investisseurs, elle est surtout cruciale pour Citroën qui, lancé dans une politique de la terre brûlée, n’a pas d’autre choix que réussir.
La fuite en avant d’André Citroën
Le 18 avril, c’est au tour du public de découvrir la nouvelle berline Citroën. Elle est belle, elle ringardise tout ce qui roule, mais elle n’est pas au point ! Lancée réellement le 3 mai, la 7A laisse sa place en juin à la 7B et son moteur à peine plus puissant, mais plus coupleux (après à peine 6 000 exemplaires). Au même moment sort la 7 Sport qui n’est pas, comme son nom l’indique, une 7cv mais une 11cv, avec son 4 pattes de 1 911 cc de 42 puis 46 chevaux (celui qu’on retrouvera justement dans les DS) : elle deviendra rapidement (fin 1934) une 11 ! En attendant, si la 7 semble une excellente voiture, elle n’est pas encore vraiment aboutie et les premiers clients essuient les plâtres (comme souvent chez Citroën).
Pendant la même période, l’entreprise perd de plus en plus d’argent et André Citroën se voit contraint en décembre de placer l’entreprise en liquidation judiciaire. Son principal créancier, Edouard Michelin, prend alors le contrôle de l’entreprise. Depuis octobre, la 11 est venue épauler la 7, mais la 22 se fait attendre : Michelin décide rapidement, adieu le V8 et les rêves de grandeurs, préférant réfléchir puis développer une version 6 cylindres, la 15-Six, qui sortira en 1938. André ne passe pas l’année, quittant ce monde en juillet 1935. Pendant ce temps là, la 7 et la 11 prennent leur envol. Enfin ! Le patron n’aura pas eu le temps de voir le succès de celles qui révolutionneront l’automobile.
La 7 ? Une rareté
De 7B, la 7 deviendra 7C fin octobre 1934, avec un 1 628 cc de 36 chevaux. Puis, en 1939, elle deviendra 7 Économique, restant fabriquée jusqu’en juin 1941 (quand la 11 et 15 resteront produites jusqu’en 1942 avant une pause de quatre années). La 7 ne survivra pas à la guerre, la 11 reprenant le flambeau de l’entrée de gamme. Entre les 6 000 7A, 10 000 7B, et 67 000 7C, c’est au total près de 83 000 “sept” qui auront été produites entre 1934 et 1941 (à mettre en perspective des 759 111 “tractions” produites jusqu’en 1955).
Oui, effectivement, avec ses “petits moteurs”, la 7 n’est pas la Traction la plus prisée mais sans doute l’une des plus rares (hors coupés, cabriolet, voire la licorne 22). C’est aussi l’offre “de base” des années 30. Avec l’augmentation du niveau de vie, les 11 et 15 prendront le dessus, mais la 7 a tout de même un sacré charme… À vous de voir !