Bitter Insignia: le Blitz de luxe !
Après avoir connu un certain succès dans les années 70 et au tout début des années 80, Erich Bitter avait connu une longue traversée du désert malgré la présentation de plusieurs prototypes successifs (lire aussi : Bitter), par manque d’argent surtout, mais aussi sans doute par manque de créativité, et dans un contexte peu propice aux voitures de petites séries.
Les coupés CD, puis les coupés, convertibles et berlines SC aux faux airs de Ferrari 400/412, avaient pourtant réussi à se faire une petite place dans le domaine de la voiture artisanale de luxe, mais sans jamais permettre à Erich Bitter de dégager assez de cash pour assurer la succession. Les années 90 l’obligèrent à fermer boutique et à émarger chez Volkswagen entre 1997 et 2005, au sein du département recherche et développement.
Malgré ces déboires, l’ancien coureur cycliste et automobile n’en oublie pas sa marque en sommeil. Voyant le marché de la personnalisation se développer de plus en plus, il y voit l’occasion de relancer sa petite marque à la fin des années 2000, et présente la Vero, une Holden Caprice (lire aussi : Holden) revisitée à l’allemande. Aller chercher la grosse berline australienne inconnue en Europe pour la vendre, avec son gros V8, à un tarif prohibitif se révéla plus compliqué que prévu. Bitter affirme en avoir vendu une centaine d’exemplaires, ce qui semble sans doute largement exagéré.
Toujours est-il que cette première tentative de renouveau façon bricolage, loin de décourager notre ami, le confirme dans son idée de faire de sa marque l’équivalent d’Alpina mais pour Opel (lire aussi : Alpina). Enfin presque, car avec sa nouvelle création, Bitter va se contenter de peu, sans toucher à la mécanique.
En juin 2010, il présente donc la Bitter Insignia, qui, comme son nom l’indique, dérive d’une Opel éponyme. Tout comme la Vero, l’Insignia se révèle n’être qu’une exécution luxueuse du modèle du blitz. L’ambition d’Erich Bitter ? Hausser l’Insignia au niveau de luxe et de qualité de Bentley, rien que cela.
Au menu, cuir à tous les étages, boiseries et ronce de noyer, et surtout un kit carrosserie un peu outrancier (mais je vous laisse juge), avec notamment une calandre large et grillagée, ainsi qu’un logo démesuré (il n’y a pas que Renault qui s’y met). Les suspensions se retravaillée pour être typée sport, tandis que l’Insignia récupère des roues de 20 pouces et une double sortie d’échappements ! Côté technique, pas de changement notoire : V6 2,8 litres de 260 ch et transmission intégrale. Etonnamment, Bitter ne se servira pas de la base de l’OPC et ses 325 ch. L’Insignia est ausi proposée en version Break, comme sa soeur Opel.
Côté tarifs, on atteint, pour un Opel tout juste rhabillée, des sommets. A 65 998 euros, la Bitter coûte près de 20 000 euros qu’une OPC, et presque le double d’une Opel Insignia V6 2,8 « classique ». Autant dire qu’elle ne risque pas d’être courante sur les routes allemandes, et encore moins sur nos départementales. Mais saluons au moins une chose : la persévérance d’Erich Bitter qui jamais n’abdiqua depuis ses premières aventures dans la construction automobile au tout début des années 70 avec Intermeccanica (lire aussi : Intermeccanica Indra).