Autobianchi/Lancia Y10: la voitures des copains !
Les hasards de la vie font que certaines bagnoles vous marquent définitivement. C’est le cas pour moi avec la Lancia Y10, qui reste ancrée dans mes souvenirs comme la « voiture des copains ». Cette petite italienne était en fait la voiture de la mère de mon copain Jérôme, mais dès que le vendredi soir arrivait, elle devenait la monture idéale pour sortir à Paris ou autres joyeusetés de jeunes adultes. Et comme nous étions un peu cons, la boîte à gant cachait un gyrophare (orange, pas bleu) qui nous valut de bonne partie de rigolade. Cette voiture finira ensuite sa carrière entre les mains d’une autre copine, Sabine, bien connue aujourd’hui dans le microcosme de l’automobile !
Vous vous doutez bien que si je vous parle d’une Lancia Y10 en France, c’est qu’il s’agissait d’un modèle post 1989 puisqu’auparavant, cette petite citadine haut de gamme était distribuée en France par le réseau Chardonnet sous le label Autobianchi. Vous êtes perdus ? Revenons en arrière, en 1968 précisément. Cette année-là, la petite marque italienne est absorbée par la tentaculaire Fiat, qui, l’année suivante, la place sous la responsabilité de sa filiale Lancia, donnant naissance à une situation un peu compliquée : en Italie, en France, et au Japon, l’A111 et l’A112 porteront le blason Autobianchi, tandis que partout ailleurs, ils seront badgés Lancia, situation qui se prolongera avec l’Y10, en France jusqu’en décembre 1989 et en Italie jusqu’en 1995 et la sortie de l’Ypsilon.
Si en 1989 l’Y10 prend le blason Lancia, c’est tout simplement parce qu’à cette époque, le contrat de distribution des Autobianchi avec Chardonnet arrive à son terme. Lancia récupère ainsi la diffusion de son petit modèle dans ses propres concessions et en profite pour les rebadger avec son propre logo.
Revenons au lancement de l’Y10, en 1985. Il s’agissait alors de remplacer la vieillissante A112 (lire aussi : Autobianchi A112 Abarth) par une petite citadine moderne sur la base du châssis de la Fiat Panda lancée en 1980. Le projet est lancé en 1982 pour aboutir en mars 1985 à la présentation de l’Autobianchi/Lancia Y10 au Salon de Genève. Pour tout dire, l’accueil genevois sera mitigé, surtout à cause de sa ligne très particulière, et et de son hayon verticale. Pourtant, la voiture reçoit un traitement intérieur la classant d’emblée dans une catégorie haut de gamme, avec notamment de l’Alcantara « en veux-tu en voilà ».
Côté moteur, l’Y10 inaugure le petit Fire d’un litre et 45 ch, mais dispose aussi du Brasil de 1049 cm3 de 55 ch, voire 85 chevaux dans sa version Turbo. En France, Chardonnet tenta sans succès de proposer à sa clientèle une version Tubo « AC » de 125 ch (lire aussi : Autobianchi Y10 Turbo AC). En 1989, l’Y10 revoit ses moteurs : le Brasil disparaît pour un Fire de 1,1 litre et 57 ch, tandis que la GT ie et son 1300 de 78 ch remplace la Turbo !
En 1986, l’Y10 recevra, comme sa sœur Fiat Panda (lire aussi : Fiat Panda 4×4), une transmission intégrale dans sa version 4WD, avec un Fire 1000 un peu plus puissant (50 ch) puis en 89 le Fire 1100 de 57 ch. Une version plutôt incongrue dans la gamme, mais qui pourrait bien être une pièce de choix aujourd’hui, pour ses capacités de baroudeuse dans un intérieur plutôt luxueux : une bonne alternative à la classique Panda 4×4 !
En 1995, l’Y10 finira par tirer sa révérence après 1 133 774 exemplaires (tout de même), malgré un dernier restylage en 1992. Elle cède sa place à la nouvelle Ypsilon qui conserve un style proche de sa devancière, bien que modernisé et plus en phase avec son temps. La petite Y10 quant à elle, stagne désormais dans les eaux troubles de l’occasion, et si elle se fait de plus en plus rare, on peut en trouver pour des clopinettes. Si la version turbo semble séduisante, sachez qu’elle est aussi très brutale : une version GT ie sera sans doute un meilleur choix. En tout cas, quel que soit le modèle, vous vous offrirez une citadine pas banale, amusante à conduire, luxueusement équipée (pour sa taille) et méconnue du grand public aujourd’hui !