Audi 50: la citadine méconnue d'Ingolstadt
L’année 1974 est cruciale pour le groupe Volkswagen qui n’est pas encore le géant tentaculaire que l’on connaît aujourd’hui. Pourtant depuis les années 60, la marque de Wolfsburg a commencé ses emplettes en rachetant l’usine d’Ingolstadt, DKW et le nom Audi en 1964, puis la marque allemande spécialisée dans le moteur rotatit, NSU, qui collabore sur ce sujet avec Citroën (lire aussi : Citroën GS Birotor). VW va réunir NSU et Audi pour finir par ne plus garder que la marque aux anneaux, NSU disparaissant en 1977.
Au début des années 70, Volkswagen est encore un peu plombée par sa monoculture de la Coccinelle ! Il est urgent d’élargir la gamme, et c’est l’une des raisons du rachat de DKW/Audi et NSU : acquérir la technologie « moderne » pour l’époque de la traction-avant. Cette révolution culturelle se perçoit dès 1973 avec la Passat, et 1974 avec la Golf ! Avouons que passer du tout à l’arrière au tout à l’avant aussi brusquement n’est pas donné à tout le monde : VW a osé changer radicalement au risque de froisser sa clientèle traditionnelle. Malgré ce virage à 180°, l’audace semble payer puisque la Golf sera un succès phénoménal à tel point qu’elle est encore la référence aujourd’hui au bout de 7 générations.
Mais revenons à nos moutons aux anneaux. Depuis 1968, Audi/NSU s’attelle à reconstruire une gamme aux côtés de la marginale Ro80 à moteur rotatif. Cela commencera par une jolie berline traction-avant, l’Audi 100 dite C1 en 1968, puis la familiale Audi 80 dite B1 en 1972. Pour compléter cet embryon de gamme, Audi se décide à lancer en octobre 1974 un plus petit modèle destiné à séduire une clientèle urbaine, ou moins fortunée, au choix, l’Audi 50. Ce modèle tombera fort à propos puisque la crise pétrolière de 1973 crée un véritable engouement pour les petites voitures (Renault 5, Peugeot 104, ou Volkswagen Golf lancée en mai 1974).
Plus petite que sa sœur de Wolfsburg, l’Audi 50 n’est disponible qu’en version 3 portes. Joliment dessinée par Marcello Gandini (Bertone) et Claus Luthe, elle offre des petits 4 cylindres de 1093 et 1272 cm3 (en finition « luxe » GLS) allant de 50 à 60 ch, soit des puissances très honorables pour l’époque et le poids de la voiture (685 kg seulement!!!).
Ce petit modèle est particulièrement bien adapté au marché, à tel point qu Volkswagen se décide à en lancer 6 mois plus tard une version sous sa propre marque, et sous le nom bien connu aujourd’hui de Polo ! A cette époque, les rôles ne sont pas encore bien définis entre les deux marques du groupe VAG. Mais c’est à cette époque que les choses vont se dessiner : malgré le succès d’estime de l’Audi 50 (180 812 exemplaires vendus entre 1974 et 1978), le groupe décide de laisser l’exclusivité des petites voitures à Volkswagen, tandis qu’Audi va lentement entamer sa montée en qualité et en gamme pour devenir 40 ans après la marque premium que l’on connaît.
A partir de 1978, seule la Polo restera donc sur le marché (elle y restera jusqu’en 1982 sous cette forme, après un restylage en 1979). Audi quant à elle ne reviendra sur le marché des citadines qu’en 2010 avec l’Audi A1, après un essai de descente en gamme raté avec l’Audi A2 en 1999 (lire aussi/ Audi A2).
Reste qu’aujourd’hui, l’Audi 50 est un petit modèle so seventies bien séduisant, peu connu du grand public, et dont la cote commence à remonter (l’effet domino de la spéculation). Si vous cherchez un daily driver urbain, décalé, rare aujourd’hui et à la ligne plutôt sympa (même si elle paraît bien fluette aujourd’hui au milieu des citadines hypertrophiées), alors n’hésitez plus : un bon moyen de rouler en Audi tout en montrant votre différence.