Alpine A110 (2017) : retour aux sources
Ca y est, 22 ans après la dernière Alpine, l’A610, disparue en 1995 (lire aussi : Alpine A610), la toute nouvelle A110 pointe son nez pour une première série de photos officielles avant la présentation le 7 mars prochain à Genève.
Pour cette nouvelle mouture, Renault a fait le choix d’un lien direct avec le passé, d’abord par le design, évocateur de l’A110 originelle, mais aussi par le choix de son nom. On l’attendait A120, puis AS110, c’est finalement le nom d’A110 qui a été choisi. Une décision pas anodine jouant clairement sur l’émotion, la nostalgie, le « revival » si à la mode aujourd’hui.
La nouvelle A110 ressemble fortement à la Vision, qui se disait proche à 90 % du modèle de sérieSans surprise, l’A110 ressemble énormément au concept Alpine Vision qu’on a pu découvrir à de nombreuses reprises ces derniers mois, et particulièrement au salon Rétromobile où il trônait au milieu de toute son ascendance, dans une couleur blanche plutôt intéressante (et pourtant, je n’aime pas le blanc).
J’ai souvent douté de la renaissance d’Alpine. Non parce que je ne croyais pas au projet, mais sans doute à cause des errances dans la communication, et des changements de braquets réguliers, particulièrement après le divorce d’avec Caterham (lire aussi : Alpine et Caterham divorcent). Ce mariage contre-nature m’avait toujours étonné, et rendu dubitatif. Il me semblait que Renault avait aujourd’hui la capacité à gérer seul une renaissance d’Alpine sans avoir besoin de s’allier, surtout à un si petit constructeur, quelle que soit la qualité de ses productions.
La Willys Interlagos AW380, une inspiration identique pour un résultat proche (mais plus baroque) en 2014Et puis il y avait eu l’opportunisme italien, alliance de deux carrosseries en pleine renaissance (Viotti et Maggiora) présentant fin 2014 une Willys Interlagos au dessin néo-rétro dans la même tendance que ce que présentait Alpine au même moment (lire aussi : Alpine Interlagos AW380). C’était énervant.
Sans compter le départ de Carlos Tavares, qu’on croyait l’unique moteur du projet, pour prendre la présidence de PSA, puis les reports réguliers, les concept-cars sans précisions techniques, dans un style pourtant de plus en plus figé et proche de la voiture définitive. Autant de petits trucs énervant. Et puis, je l’avoue, j’espérais plus une vraie nouvelle Alpine, fidèle à l’ADN sans tomber dans le néo-rétro. Alors forcément, la vision de la Vision (oui c’était facile) m’avait plutôt déçu (lire aussi: Alpine Vision)
La Vision, proche de l’A110 de série, devant sa devancière A110, au Salon RétromobileMais j’ai petit à petit, à force de la voir en photo ou de la voir en vrai, apprécier cette nouvelle A110. La communication a commencé à devenir plus intéressante, plus précise, plus régulière. Et je finis par me dire : « et ci ça marchait ». Déjà, les préventes des 1955 exemplaires de la série spéciale « lancement » en ce début d’année auront prouvé une chose : sauf catastrophe industrielle (et un improbable désistement massif), l’A110 nouvelle génération fera mieux que les 818 exemplaires de la dernière A610.
Mais le monde a changé : avec cette A110, on n’est plus dans le monde artisanal des Alpine d’antan, et les objectifs de vente de Renault, bien que modestes par rapport à la concurrence, prouvent que les investissements et donc les espoirs de retour sur investissement ont changé. Adieu les objectifs de quelques centaines d’exemplaires par an, place au besoin d’en vendre des millieurs (2, 3, 5000 par an?). Est-ce possible ?
Il faudra attendre le 7 mars à Genève pour la découvrir en vrai. Wait and seeA mon avis oui ! Bien sûr, on pourra toujours dire (quoi que sans l’avoir conduite, difficile à juger) que 275 ou 300 ch ne suffisent pas, que la concurrence (notamment de Porsche avec le Cayman) est rude sur ce créneau, que l’image d’Alpine s’est évaporée en 20 ans (une image déjà sacrément écornée à l’époque), et qu’il va falloir beaucoup d’habileté pour réussir ce pari. Oui mais, il existe une clientèle qui n’a pas oublié Alpine, une autre qui cherche à rouler autrement qu’en allemande, adepte de l’originalité, d’autres qui n’ont pas d’a priori et qui se laisseront séduire par la ligne. Et puis Rome ne s’est pas construite en un jour : quel que soit le succès de cette A110, si Renault a foi en son projet et s’applique la constance caractéristique des allemands (regardez le travail patient et minutieux d’Audi depuis 30 ans), alors Alpine revivra, et durera longtemps.
Toutes ces questions que je me pose, j’aurai l’occasion de les poser aussi à Michael Van Der Sande, Directeur Général d’Alpine, que j’ai l’honneur de rencontrer le 7 mars prochain à Genève pour une interview ! Une affaire à suivre donc, rendez-vous la semaine prochaine, et en attendant, n’hésitez pas à laisser votre avis en commentaire !
[EDIT] : depuis cet article, l’A110 est sortie, et Boîtier Rouge a pu la tester : retrouver l’essai ici A110 retour gagnant
Images: Renault, Alpine, Paul Clément-Collin, Viotti, et DR