Adler 2.5 litres : rareté allemande d'avant-guerre
La Volkswagen Cox, c’est trop connu… Et puis avant guerre, peu d’exemplaires ont réellement été fabriqués (lire aussi : L’usine VW de Wolfsburg). Non, tout lecteur de Boîtier Rouge qui se respecte se doit de chercher autre chose qu’une Cox, Kafër ou Beetle, peu importe son nom. Aussi, j’ai recherché quelque chose qui y ressemble, mais qui soit plus rare, plus racé, plus stylé. Et j’ai trouvé : l’Adler 2.5 litres, dites « Autobahn ».
Bon coupons tout de suite court au débat : oui, il ne s’agit pas d’une voiture à moteur arrière refroidi par air, mais à moteur avant, refroidi par eau ! Non il ne s’agit pas d’un flat four, mais d’un 6 en lignes (ce qui lui donne une certaine noblesse). Mais oui, les deux voitures se ressemblent, mais l’une est populaire, l’autre luxueuse, l’une est mondiale, l’autre confidentielle, l’une est ultra diffusée, l’autre ultra rare ! L’Adler 2.5 litres est donc une voiture très BR.
La 2.5 litres (en bas) remplace la Diplomat (en haut): changement de style, changement d’époque !D’abord, Adler ça veut dire « aigle » en allemand, ce qui est beaucoup plus chic que « Volks », on est d’accord ? Ensuite, elle est parue en 1937, sous le nom de typ10, bien avant la « vévé » (1938), et sa version cabriolet sera fabriquée par Karmann (comme la VW), mais en plus classe ! Bon arrêtons là cette comparaison, pour en entamer une autre, cette fois-ci plus visible, avec la Steyr 50 autrichienne, qui, elle, est parue avant, en 1936. Certes la Steyr 50 est elle aussi plus populaire que l’Adler 2.5 litres, mais une chose est sûr : elles ont le même concepteur, Karl Jenschke, passé de Steyr Daimler Puch à Adler en 1935 ! Déjà en 1931, l’ingénieur (et rédacteur en chef de Motor-Kritik) Josef Ganz avait réalisé la Maikafër (Coccinelle de mai) pour Adler, une voiture intéressante préfigurant la 2.5 litres mais aussi la Volkswagen, ne serait-ce que par le nom.
L’Adler Maikafër (en haut) et la Steyr 50 (en bas)La marque Adler est peu connue aujourd’hui… Pourtant, elle date de 1902, et a produit des automobiles et des motocyclettes pendant de longues années. Hélas, la guerre stoppa la production automobile, tandis que les motos ne dureront que quelques années après guerre. Les amateurs allemands de voitures s’en souviennent bien, les français beaucoup moins. Pourtant, admirez la ligne de la 2.5 litres : moderne, familière, luxueuse, elle aurait mérité une autre carrière.
L’Adler était disponible en berline, coupé (en haut) ou cabriolet Karmann (en bas)Oui mais voilà, la 2.5 litres, avec son L6 de 58 ch en version « normale » et de 80 ch en version « sport », coûte cher. Trop cher : 5750 marks… De toute façon, la guerre éteindra la production automobile d’Adler qui participera à l’effort de guerre, et la 2.5 litres cessera d’être produite en 1940, après seulement 5295 exemplaires. Dommage, car si la berline 4 portes était un peu « bombée », le coupé était très séduisant, et le cabriolet particulièrement craquant (sans doute celui qui ressemble le plus à la Cox, la faute à Karmann sans doute).
La production s’arrêtera donc en 1940, mais elle gardera des adeptes auprès des officiers allemands, qui utilisèrent l’Adler 2.5 litres, en version artisanalement « militarisée ». Avec la décision après-guerre de ne pas reprendre la production d’automobile, l’histoire de la 2.5 litres restera figée à jamais, devenant par là même une oubliée de l’histoire, malgré ses qualités : moteur puissant (pour l’époque), tenue de route, aérodynamisme, élégance.
Une Adler 2.5 litres pendant la guerreDéjà rares à l’époque, les Adler 2.5 le sont encore plus aujourd’hui. Avouez cependant qu’elle pourrait être un challenge intéressant pour un collectionneur éclectique désireux de posséder un modèle rare, encore plus en cabriolet. Reste à en dégoter une, à un tarif raisonnable, ce qui ne sera pas une mince affaire…