UMM Alter : le cousin portugais !
Pour le jeune lecteur de magazines automobiles que j’étais fin 80 début 90, apprenant l’incroyable diversité de la production automobile mondiale et déjà convaincu de conduire un jour des véhicules originaux, la découverte de l’UMM Alter fut une révélation.
Évidemment, sa gueule de buffle, le capot taillé en biseau, ses grosses roues et son air rustique ne pouvait que me séduire : comme une réponse évidente au déferlement de 4×4 qui n’en sont pas, comme une remède contre la mode, comme le contre-pieds total au design automobile. L’efficacité avant tout, et ce capot moteur pentu n’a qu’un intérêt : préserver la visibilité avant lors du franchissement.
Tôlé, bâché, utilitaire, rien ne l’arrête !Comble du comble, si l’UMM (acronyme de União Metalo-Mecânica) est bien portugais, il puise ses origines en France, chez Cournil, qui engendrera Auverland dans les années 80. Car en 1977, la firme portugaise signe un accord de licence pour construire l’ex-Tracteur Cournil. En gros, l’Alter, son héritier, avait tout pour me plaire.
Admirez ce capot biseauté !D’ailleurs, l’UMM Alter a toujours gardé un peu de sang français, avec ses moteurs turbo diesel Peugeot. Entre 1977 et 2004, date de la fin de fabrication de la bête (de somme, puisque l’Alter au Portugal est un cheval de trait), environ 10 000 exemplaires furent fabriqués, essentiellement pour les administrations portugaises, espagnoles, françaises ou angolaises (relation ex-coloniales obligent). Dans les années 80, Heuliez assembla d’ailleurs des UMM à destinations des administrations sous le nom de VLH 4×4.
La version Heuliez VLH de l’UMM, perdant son capot caractéristique au passage.Ce qui caractérise le mieux l’UMM, quelle que soit sa version ? La robustesse : moteurs Peugeot increvables, zéro électronique, pont Willys, carrosserie boulonnée, facilité d’accès et de réparation, pièces détachées faciles à trouver. Tout est bon dans l’Alter ! Après bien sûr, il faut s’accommoder du sourire niais du néophyte, votre voisin qui vous nargue avec son 4008 sans savoir que vous conduisez une icône du 4×4, à hauteur presque du Land Rover, et sûrement du Niva de chez Lada.
L’UMM Alter le plus célèbre: celui transformé en Papamobile.Laissez rire les béotiens, et faites vous plaisir en châssis long ou court, bâché ou tôlé, 2, 4, 6 voire 8 places. Narguez ceux qui ne jurent que par l’allemande et dites leurs que vous roulez portugais. Faites les bicher en leur rappelant que votre UMM increvable vous a coûté 3 000 euros pas plus. Et faites vous plaisir à tracter n’importe quoi, à grimper n’importe où, et rappelez leur qu’un tel engin et ses quatre roues motrices n’est pas fait pour l’autoroute.
L’Alter 2000 en version bâchée…Ce n’est pas un hasard si pompiers, gendarmes et militaires de France, Navarre et de la péninsule Ibérique ont été les premiers clients de ce véhicule hors norme, et même les seuls à partir de 1994, date à laquelle l’UMM cessa d’être proposé au grand public (sauf sur commande spéciale). Il y eut bien une tentative de revenir sur le devant de la scène avec un Alter 2000 présenté en 2000 (justement), doté du 2,1 Hdi de la Peugeot 406. Mais seuls 25 exemplaires furent réellement construits au total, malgré les retombées positives de la presse.
…Et l’Alter 2000 en version longue !La faute aux moyens… D’ailleurs, en 2004, la firme portugaise cessa ses activités automobiles pour revenir à ses activités métallurgiques et de conception industrielle. Difficile sans moyen de rivaliser dans le monde impitoyable de l’automobile. Dommage car ce joujou avait sa place, et ses afficonados.
Le site des passionnés de l’UMM : http://umm-passion.com/
Le site actuel d’UMM : http://www.umm.pt/