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Toyota Land Cruiser J80 : il sait tout faire

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 12/05/2021

Certains ne jurent que par le Mercedes Classe G, d’autres par le Range Rover, et d’autres encore, qui aiment aussi les 4×4 japonais, par les Nissan Patrol ou Toyota Land Cruiser. Et parmi la grande famille des Land Cruiser, il en est un qui m’a toujours séduit sans que j’aie jamais réussi à déterminer pourquoi : le J80. Son look sans doute, tout en sobriété, sans chercher à copier. Son air massif aussi, un vrai 4×4 qui réussissait à garder l’ADN du baroudeur tout en offrant espace et confort, sans sombrer dans le luxe à l’anglaise (ou à l’allemande). Un 4×4 à redécouvrir à l’heure de choisir une nouvelle monture pour arpenter la campagne.

À l’instar du Land Rover, le Land Cruiser ne date pas d’hier puisque l’aventure commence en 1951 avec la “Jeep” BJ, sorte de Willys à la sauce wasabi (plus grande que l’originale) à destination des forces d’autodéfense japonaises, de la police ou de l’armée américaine présente sur le sol japonais. Petit à petit, la fabrication passe de la petite série (à la commande) à l’industrialisation et la Jeep nippone récupère en 1954 le nom de Land Cruiser, par opposition au Land Rover britannique lancé en 1949. En 1955, la deuxième génération J20/J30 remplace la BJ. En 1960, c’est au tour du J40 de voir le jour : produit durant 24 ans au Japon, c’est lui qui installera durablement la légende Land Cruiser grâce à sa robustesse et ses capacités de franchissement. Au-delà de 1984, il n’est plus produit qu’au Brésil sous le nom de Bandeirante, prolongeant la légende jusqu’en 2001.

Les Jeep se civilisent

À partir de 1967, la gamme J40 est d’une certaine manière dédoublée : le J50 vient renforcer son petit frère avec une autre proposition. Plus orienté confort, il dispose d’un châssis plus long, et d’une carrosserie break permettant notamment le transport de passagers. Tandis que le J40 évoluera de son côté pour devenir J70 en 1984, le J50 gagne sa liberté et devient J60 en 1980. Sans tomber dans l’élitisme qui affecte le Range Rover à la même époque, le J60 gagne en style (surtout après son restylage) et monte en gamme. Il reste cependant abordable puisque ses principaux marchés (notamment l’Amérique du Sud où il est très présent) ne disposent pas des mêmes niveaux de revenus qu’au Japon.

Après une carrière de dix années, il est temps de remplacer le J60. C’est au cours de l’année 1989 qu’est présenté le J80 qui nous intéresse. Pour Toyota, il s’agit d’un travail d’équilibriste, en continuant la montée en gamme du Land Cruiser “long / break” tout en conservant les capacités de franchissement du Land Cruiser “court” (le J70) et sans tomber dans l’exagération luxueuse que commencent à suivre le Range Rover ou le Mercedes Classe G. Le J80 doit pouvoir séduire en Afrique, en Amérique Latine ou au Moyen-Orient, mais aussi aux USA, en Europe ou au Japon, tout en restant relativement abordable sur les marchés à moindre pouvoir d’achat.

Montée en gamme raisonnable

C’est avant tout par le design que le J80 monte en gamme. Il suffit de le regarder pour comprendre qu’il s’agit d’un 4×4 statutaire et efficace. Sa taille en impose et son dessin, enfin arrondi par rapport aux générations précédentes sans pour autant tomber dans les travers des années 80, le rend moderne encore aujourd’hui. Une vraie réussite, d’autant que l’image de Toyota a bien évolué au fil du temps. Dès les années 80, la marque japonaise est une marque branchée aux USA, celle dont les jeunes rêvent.

Pour mouvoir la lourde carcasse (plus de 2 tonnes), le J80 ne s’offre que des 6 cylindres, essence ou Diesel (pour les marchés européens essentiellement). Au lancement, on trouve sous son capot un 4 litres essence de 155 chevaux (FJ80) et un 4.2 Diesel de 167 chevaux (HDJ80). En 1993, le L6 essence est proposé en 4.5 litres et 205 chevaux (FZJ80) tandis que le Diesel s’offre une entrée de gamme avec un 4.2 de 130 chevaux (HZJ80). En 1994, le “gros” Diesel HDJ80 redescend à 160 chevaux pour remonter en 1996 à 170 chevaux. Les motorisations n’évolueront plus jusqu’en 1997, date de fin de la production (même si celle-ci continuera jusqu’en 2008 au Vénézuela). Sa carrière aura été relativement courte, et il sera remplacé par le J100 en 1998. Pourtant, c’est celui dont on se souvient le plus.

Persistance rétinienne

Cette persistance rétinienne est le signe d’un véhicule réussi : on le voit d’ailleurs encore dans nombre de films, et parfois même aux informations, plus de 20 années après sa retraite, preuve de la qualité du véhicule qui, malgré le poids des ans et les conditions d’utilisation extrêmes, continue de faire la une. C’est sûrement cet excellent compromis entre capacités, performances, robustesse, confort et équipement qui lui a permis de se vendre un peu partout dans le monde : 550 000 exemplaires auront été produits en seulement 7 ans.

Aujourd’hui, le J80 est un excellent choix. Encore moderne de ligne comme par sa technologie, il n’est pas encore entré en collection et se négocie comme une vulgaire occasion. En contrepartie, vous obtiendrez à la fois un véhicule statutaire, confortable, puissant et utilitaire : la quadrature du cercle résolue en un seul modèle ! Idéal pour votre résidence secondaire, il risque en revanche de ne plus être accepté dans les grandes agglomérations mais, de toute façon, est-ce bien là sa place ?

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