Skoda Rapid Cabriolet : spécificité britannique !
Comme vous le savez sans doute, j’ai une certaine tendresse pour les véhicules de l’Est d’avant la chute du Mur. Non pas que j’en veuille un forcément (quoi que je ne cracherais pas sur une Tatra 613, lire aussi : Tatra 613), mais ils sont pour moi représentatifs d’une époque où deux conceptions de l’automobile s’opposaient : l’une, occidentale, technologiquement avancée et de plus en plus marketée, l’autre « socialiste » technologiquement dépassée, dédiée au déplacement sans fioriture, mais faisant preuve de débrouillardise, voire parfois de génie.
Avant l’apparition de la révolutionnaire Favorit (lire aussi : Skoda Favorit) en 1988, puis la prise de contrôle par le groupe Volkswagen, Skoda faisait donc partie de ces constructeurs de l’Est obligés de faire du neuf avec du vieux, d’user de technologies anciennes, dépendant du bon vouloir politique (l’Etat décidait ou non d’accorder les crédits pour le lancement d’un nouveau modèle), et de jouer sur le modèle « low cost » pour tenter d’exporter un peu et de rapporter des devises au pays. Comme dans tout bon pays socialiste de l’époque (et quand je dis socialiste, rien à voir avec le PS au pouvoir à l’époque en France hein!), la distribution des tâches est stricte en Tchécoslovaquie : à Tatra les camions et les berlines de luxe, à Skoda les voitures populaires.
Lancées en 1984, les berlines 130/135/136 étaient déjà obsolètes, avec leur moteur à l’arrière, basées sur un modèle, la 1000 MB, sorti lui en 1964. Pour agrémenter la gamme, une version coupé était lancée la même année, la Rapid, en deux versions 4 cylindres : 120 (1,2 litres, 55 chevaux) rapidement abandonné, et 130 (1,3 litres, 58 chevaux). En 1987, la 136 complète la gamme (1,3 litres en alu, 63 chevaux), tandis qu’en 1988, la 130 est remplacée par la 135 (1,3 litres en alu, 58 chevaux) : comme vous pouvez le voir il s’agit de vrais foudres de guerre !
La version Luxe diffère de la version StandardMais venons-en au sujet : en Grande Bretagne, Skoda réussit l’impossible en réussissant à vendre ses berlines « type 747 » (appelées Estelle chez les britons) et ses versions coupés Rapid en nombre, jouant sur leur faible prix : en 1987, Skoda UK en vendra 17 000 exemplaires. L’importateur est dynamique, et dès le début, il imagine une version spécifique au marché anglais afin d’offrir le luxe d’une découvrable aux plus désargentés des conducteurs. C’est Ludgate Design & Development (LDD), société basée dans le Kent, qui va s’occuper de transformer des Rapid importées de Tchécoslovaquie. Les Skoda Rapid Cabriolet sont disponible en deux versions, Standard ou Luxe (l’encadrement des fenêtres arrières les diffèrent), pour moins de 5000 £, le cabriolet le moins cher du marché.
Produits entre 1985 et 1988, les Skoda Rapid Cabriolet se vendront à un peu moins de 500 exemplaires, tout de même, malgré une découpe disgracieuse. Cette conversion bénéficiait de l’agrément Skoda UK (donneur d’ordre) et était distribuée dans tout le réseau Skoda de Grande Bretagne. Cette performance donna des idées à une société allemande, Hainzinger qui réalisa son interprétation sur une base de Rapid 136.
La version Metalex est encore plus rare, et surtout plus jolieAprès 6 exemplaires produits dans son atelier, la firme allemande passa un accord avec le célèbre carrossier tchèque Metalex (lire aussi : MTX Tatra V8) pour la fabrication de son cabriolet en Tchécoslovaquie. Cependant, la fin du modèle approchait, et seuls 12 exemplaires furent produits en 1989. Metalex se tournera ensuite vers la Favorit, plus moderne (lire aussi : MTX Favorit Roadster).
Il reste quelques modèles de la Skoda Rapid Cabriolet roulants en Angleterre, mais vraiment très peu : il sera dur d’en trouver un exemplaire, et à quel prix pour un modèle quasi-artisanal et obsolète même à sa sortie. Malgré tout, cela peut être un beau challenge pour qui voudrait épater son entourage avec un étonnant cabriolet anglo-tchèque !