Simca 1000 Coupé et 1200 S : coupés à l'italienne
Quand on pense « Simca 1000 » vient à l’esprit cette voiture toute carrée, à l’élégance incertaine (bien que ce style en fasse tout le charme aujourd’hui) et au moteur « sac à dos », à mille lieux de ce qu’on appelle l’élégance automobile. Il faut pourtant croire que cette tendance stylistique (mon fils de 5 ans aurait pu être designer automobile tant ses dessins de voitures sont dans la même veine) était dans l’air du temps puisqu’en 1962, Renault sortait une 8 aux traits assez proches, tout du moins aussi carrée que la 1000. Mais n’allez pas croire que l’appellation « Simca 1000 » fut réservée à ce parpaing à roulette (aussi rigolo à conduire fut-il) : en 1962, la vénérable marque encore dirigée par Henri Pigozzi (lire aussi : Henri Pigozzi, l’âme de Simca) en lance un dérivé élégant dessiné par Giorgietto Giugiaro pour Bertone : la Simca 1000 Coupé Bertone.
A cette époque, Simca n’est pas encore totalement contrôlée par Chrysler (elle le sera quelques mois plus tard, lorsque la firme américaine rachètera les dernières parts détenues par Fiat), et les liens avec l’Italie sont encore solides. Et puis, Pigozzi n’est-il pas italien de naissance ? Pour aller titiller la Renault Floride, Simca va donc chercher à lancé son Coupé. Après avoir refusé la proposition de Facel-Vega (partenaire historique des petites séries Simca, lire aussi : Simca Plein Ciel et Océane), Simca va retenir le dessin du jeune designer de chez Bertone, qui fera la carrière que l’on sait par la suite.
Avouez qu’il fallait du talent pour passer de la très géométrique 1000 berline à la gracieuse et élancée 1000 Coupé. Le coupé est pourtant réalisé sur la même plate-forme, avec le même moteur (un 944 cm3 développant 40 ch), mais sa carrosserie est toute nouvelle, et elle dispose de 4 freins à disques… Seuls ses phares laissent entrevoir ses liens avec la berline. Présentée en 1962, la Simca 1000 coupé n’entrera en production qu’en 1963.
Dans la gamme, elle prend donc la place de la Simca Plein Ciel, version coupé de l’Aronde fabriquée jusqu’alors chez Facel Vega. Avec un moteur légèrement plus puissant que celui de la berline, un aérodynamisme bien meilleur (ce n’était pas dur cela dit), et un poids plus contenu, le Coupé 1000 offre des performances bien meilleures. Mais cela se paye au prix fort : le coupé sera à l’époque le véhicule le plus cher de la gamme Simca, coûtant l’équivalent d’une DS !
Avec la 1000 Coupé, Simca désirait s’offrir une image plus sportive, et plus racée. Mais elle touchera, gâce ou à cause de sa ligne, une clientèle essentiellement féminine et urbaine. Elle sera produite de 1963 à 1967 à seulement 10 124 exemplaires (soit une moyenne de 2000 voitures par an).
Afin de muscler un peu la voiture d’une part, les ventes d’autre part, et pour acquérir enfin une image vraiment sportive, Simca va changer radicalement la 1000 Coupé en 1967 en lui donnant un look plus « masculin », plus agressif, avec une vraie calandre (malgré le moteur à l’arrière!), et surtout lui greffer le moteur de la future Simca 1100. Au menu, un 4 cylindres de 1.2 litres porté à 80 ch (2 carburateurs double corps), le double de puissance par rapport à la 1000. La communication, quant à elle, se virilise aussi, comme le laissent voir les publicités de l’époque.
Il fait chaud, chez SimcaLa Simca 1200 S (car c’est son nom) va donc remplacer la 1000 Coupé sur les chaînes à partir de 1967. Elle sera fabriquée en France jusqu’en 1970, puis dans l’usine Chrysler de Rotterdam pour sa dernière année de production (avec un moteur passé à 85 ch), afin de libérer de la place sur les chaînes pour la 1100. En France, les accords liant depuis peu Simca à Matra ont en outre eu raison de la 1200 S qui laisse la place en concession à la Matra 530 ! Au total, 14 741 Simca 1200 S auront été produites.
Aujourd’hui, les 1000 Coupé et 1200 S sont des Simca méconnues. Bien sûr, on trouvera plus sportif parmi les concurrentes de l’époque, mais le relatif oubli de ces modèles en font des voitures plus abordables. Sans compter le plaisir de rouler dans une voiture française dessinée par Giugiaro (ce qui n’est pas banal) : un petit coupé italien construit sur les rives de la Seine ! Et puis quelle élégance toute féminine pour la 1000 Coupé, tandis que la 1200 S a des airs de mini Ferrari. Alors ? Conquis ?