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Navya : qui se cache derrière le constructeur français de véhicules autonomes ?

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 13/11/2017

Il y a ce qu’on appelle des serial-entrepreneurs, qu’on finit toujours par retrouver quelque part à peaufiner de nouveaux projets, et chez Navya, en fouinant un peu, on se rend compte que derrière le lancement de ce taxi (le Cab) ou de cette navette (le Shuttle) autonomes se cachent des hommes qu’on a longtemps vu dans la presse économique ou automobile en d’autres temps et d’autres circonstances.

Car malgré un look plutôt « spécial » du Cab présenté il y a quelques jours, se cachent derrière Navya des hommes, des compétences et du capital de premier ordre, tandis que le lancement du produit a un peu occulté certains détails intéressants, comme l’ouverture d’une usine de production pour le Shuttle dans le Michigan, avec pour ambition de produire dès fin 2017 une vingtaine d’exemplaires de cette navette autonome sur le sol américain.

Christophe Sapet, PDG de Navya, devant le Cab

Revenons aux hommes. A la tête de Navya, on retrouve Christophe Sapet. Ce nom me disait quelque chose, moi qui lit la presse économique depuis la fin des années 80. Justement, la success-story de cet homme là et de son acolyte plus médiatique Bruno Bonnell date de ces années-là. Rappelez-vous, Infogrames cela ne vous rappelle rien ? Cette société de jeux vidéos qui cartonna pendant la décennie 90 était l’oeuvre de ces deux lyonnais visionnaires, certes, mais trop gourmands : après les rachats successifs de Ocean Software, Gremlin, GT Interactive, Hasbro Interactiv ou Paradigm, la société se retrouve lestée d’une dette de 580 millions d’euros alors que la bulle spéculative du début des années 2000 sur les valeurs technologiques et internet explose : une charge trop importante. Bruno Bonnell mais aussi Christophe Sapet doivent quitter l’entreprise qu’ils ont créé, devenue depuis Atari. C’est le début d’une nouvelle carrière.

Bonnell est plus médiatique, Sapet plus opérationnel, mais les deux ont une passion : l’intelligence artificielle et la robotique. Tandis que le premier rachète Robopolis, distributeur de robots, et fonde le fond d’investissement Robolution Capital doté de 80 millions d’euros, le second s’engage dans la voiture autonome en fondant Navya. C’est bien évidemment Robolution qui va investir et soutenir Navya en attendant la seconde levée de fonds, en 2016. Une levée de fonds de 30 millions d’euros, avec des noms prestigieux : Kéolis, Valeo, l’entreprise Qatari Groupe 8 Holding, ou Charles Beigbeder, fondateur et ex-dirigeant de Poweo, et frère du très médiatique Frédéric Beigbeder, par l’intermédiaire de son fond d’investissement Gravitation.

En 2014, un autre lyonnais (car il s’agit bien d’une affaire de lyonnais) rejoint la petite bande : Xavier de la Chapelle. Ce nom vous dit forcément quelque chose, puisqu’il s’agit du fondateur du constructeur automobile éponyme (lire aussi : De La Chapelle Parcours) qui fut par ailleurs PDG de Venturi entre mai 1989 et mars 1992 (lire aussi : Venturi 260). Un homme qui connaît bien l’industrie automobile tout en ayant l’habitude des petites structures et possédant l’esprit d’entrepreneur indispensable à la start-up de l’autonome.

Discrètement d’abord, l’entreprise s’est lancée dans l’automobile autonome avec un premier modèle, baptisé Shuttle. 150 personnes entourent Christophe Sapet dans ce projet ambitieux. En juin 2017, Savya annonce la création d’une usine dans le Michigan, en collaboration avec Mcity et l’université du Michigan. Avec Shuttle, Navya s’attaque au marché des lignes de navettes autonomes dédiées à un parcours précis (et une offre de location pour les collectivité locales à partir de 9500 euros HT mensuels), mais la grande nouveauté de cet automne, c’est la présentation du Cab, un taxi autonome capable d’effectuer des trajets spécifiques, à la demande. L’offre de Navya permet aujourd’hui de répondre aux deux attentes du public ou des collectivités, en attendant le développement, qui sait, de l’automobile autonome destinée aux particuliers.

Le Navya Shuttle est déjà en service à Paris (La Défense), en Swiss (en haut) ou en Australie (en bas)

Pour l’instant, la société est en phase de développement, et les restrictions réglementaires restent encore un frein, mais Navya se positionne, avec ses moyens plus limités certes, mais avec de l’ambition, sur ce marché, lentement mais sûrement. Avec des partenaires prestigieux, des vieux briscards de l’entreprise ou de l’automobile, Navya a réussi à mettre en service près de 50 navettes Shuttle à travers le monde, bénéficiant d’un retour d’expérience unique avec 190 000 passagers déjà transportés sur sites privés ou ouverts. En 2018, ce sera au tour du Cab de rentrer en service en fonction des autorisations réglementaires. On est certes loin des millions de kilomètres effectués par Google ou des objectifs démentiels d’Elon Musk et Tesla dans la voiture électrique, mais les débuts sont encourageants.

Vous pouvez d’ailleurs vous embarquer dans l’aventure en testant le service à la Défense (lire à ce sujet l’article de The Automobilist).

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