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Mercedes-Benz CLK 63 AMG Black Series : sauvagerie paroxysmique

Par Nicolas Fourny - 10/02/2025

« Créature addictive s’il en est, le CLK ainsi gréé fait partie de ces autos capables de faire du trajet le plus inoffensif une bousculade excitante, anachronique, éruptive »

Propriété de Mercedes depuis 1999, l’officine d’Affalterbach ne connaît aucun équivalent, à ce niveau de compétence et d’ambition ingénieriale, en termes de prolixité créative. D’épais volumes ont d’ores et déjà été consacrés à cette épopée, qui n’a épargné pratiquement aucun modèle de la firme de Stuttgart – à tel point que, pour le profane, il peut s’avérer difficile de s’y retrouver. Pourtant, quelques modèles encore plus exceptionnels que les AMG « normales » (si l’on ose écrire) suscitent désormais l’intérêt de collectionneurs éclairés, conscients de leur grande rareté aussi bien que de spécificités qui leur permettent de tutoyer l’élite. Et, parmi ceux-ci, les variantes dénommées « Black Series » occupent une place à part. Construites en série très limitée, ces voitures, profondément revisitées, se singularisent par un lot de caractéristiques exacerbées, aussi bien esthétiquement que mécaniquement, à l’instar du coupé CLK qui nous occupe aujourd’hui…

Comment bousculer une tradition

Longtemps, les coupés de la gamme intermédiaire de la Daimler-Benz sont demeurés sages – un peu trop, même, aux yeux des amateurs de sensations fortes, qui se tournaient alors plus volontiers vers les voitures de Munich. Bien sûr, les motoristes de chez Mercedes savaient, eux aussi, concevoir des six-cylindres tout à fait convaincants mais, jusqu’en 1997, les coupés des types successifs C114, C123 puis C124 – ces derniers étant rebaptisés « Classe E » à partir de 1993 – se cantonnèrent à des prestations de bon aloi, susceptibles de convenir avant tout à une utilisation délibérément bourgeoise, laissant l’agressivité, la puissance brute et les vociférations mécaniques à des constructeurs plus belliqueux et habitués à chasser le chrono sur la Nordschleife, les clients les plus vindicatifs étant poliment orientés vers les outrances d’AMG, préparateur alors indépendant et peu soucieux des convenances qui, dès 1987, n’avait pas hésité à glisser un « hénaurme » V8 de 5,6 litres et 385 ch sous le capot du paisible coupé 300 CE ! Toutefois, quand Mercedes signa un partenariat avec Hans Werner Aufrecht, cofondateur et dirigeant d’AMG, en 1990, un vent nouveau se mit à souffler du côté de Stuttgart, la clientèle usuelle de la firme étoilée assistant alors aux prémices d’une course échevelée à la puissance qui dure encore de nos jours…

Un muscle car à l’européenne

Ainsi, dès la fin de 1999, la première génération du coupé CLK (type C208) reçut-elle le renfort d’une variante dénommée 55 AMG, animée par un V8 de 5,4 litres développant, en toute simplicité, 347 ch à 5500 tours/minute ! Greffé sur le châssis de la C-Klasse W202 – elle-même étant, somme toute, une 190 actualisée – sur lequel le premier CLK avait été développé, ce moteur aux ressources déjà impressionnantes pour l’époque venait rehausser le prestige d’une gamme par ailleurs très complète et permettait enfin à Mercedes de donner la réplique à une certaine M3… mais avec un typage et des arguments très différents. Alors que la BMW jouait sur les vocalises rageuses mais raffinées de son six-cylindres, spécialité bavaroise bien connue et, en l’espèce, poussée jusqu’à une sorte d’apothéose, le CLK revu par AMG parlait un tout autre langage et s’apparentait, toutes proportions gardées, à la traduction allemande des muscle cars américains : un gros V8 débordant de couple, une boîte automatique et des liaisons au sol souvent dépassées par les événements si le conducteur s’avisait d’exploiter pleinement la cavalerie disponible. Très rock’n roll dans son approche du grand tourisme, cette Mercedes endiablée aura fait date dans l’histoire de la marque en inaugurant un style, un genre automobile dont le succès fut immédiat, ce qui encouragea AMG à poursuivre l’aventure !

Rien ne remplace les centimètres cubes

Au printemps 2002, après seulement cinq ans de carrière, le CLK premier du nom se voit remplacé par une nouvelle génération, codée C209 et, comme sa devancière, dérivant étroitement de la berline Classe C contemporaine. Profondément remise à jour, l’auto arbore un nouveau design, renouant notamment avec la tradition des coupés pillarless chers à Mercedes et que le CLK sortant avait abandonnée. Mais c’est bien sûr ce qui se passe sous le capot de la voiture – qui arbore désormais une calandre de type « SL », portant l’étoile en son centre et non plus à son sommet – qui intéresse en premier lieu les amateurs, et ceux-ci sont quelque peu déçus, le CLK 55 AMG se réincarnant d’emblée mais en se contentant d’une timide augmentation de la puissance, portée à 367 ch. Ce n’étaient cependant là que des zakouski car, lors du restylage de mi-carrière intervenu pour le millésime 2006, l’entrée en scène du V8 AMG M156, qui effectue ses premières rotations sous le capot du CLK, bouleverse complètement la donne. Nous parlons bien de V8 AMG car, pour la première et dernière fois, les ingénieurs d’Affalterbach ont pu donner naissance à un moteur conçu en partant d’une feuille blanche et non pas en se basant sur un groupe Mercedes préexistant. Le M156, dont l’existence sera courte (moins de neuf ans) va néanmoins marquer son temps, non seulement en raison de sa fiche technique mais aussi parce qu’il s’agit aussi d’un chant du cygne : celui des gros moteurs atmosphériques, ne pouvant compter que sur leur cylindrée et leur sophistication intrinsèque pour exsuder des niveaux de puissance ridiculisant la concurrence.

Le meilleur V8 du monde est allemand

Sous le capot du CLK 63 AMG (ainsi dénommé en hommage à la légendaire 300 SEL 6.3), le M156 affiche des caractéristiques dont l’énoncé suffit pour susciter le respect. 6208 cm3, 481 ch et 630 Nm : non seulement les valeurs de feu le CLK 55 sont pulvérisées mais, par surcroît, l’auto change de catégorie ; à ce niveau de puissance, il faut carrément aller chercher une Porsche 997 Turbo pour pouvoir engager la conversation… De fait et en dépit des apparences, cette variante n’a pas grand-chose à voir avec les autres CLK ; l’élégant coupé aux mœurs policées s’est transformé en authentique voiture de sport, dont les chronos, aussi impressionnants soient-ils, ne pèsent pas grand-chose en regard des sensations délivrées par l’engin, toujours prêt à vous catapulter en un éclair bien au-delà des allures légales dans le plus réjouissant des vacarmes. Créature addictive s’il en est, le CLK ainsi gréé fait partie de ces autos capables de faire du trajet le plus inoffensif une bousculade excitante, anachronique, éruptive. Pourtant, les sorciers d’Affalterbach n’avaient pas dit leur dernier mot car, en avril 2007, dans le cadre du Salon de New York, Mercedes présente un développement ultime, sous la forme du CLK 63 AMG Black Series !

Les Black Series existent aussi en blanc

Cette appellation, inaugurée par la très confidentielle SLK 55 AMG l’année précédente, n’a rien d’anodin et va bien au-delà d’une simple série spéciale, la voiture étant très significativement transformée. Élaborée sur la base du CLK safety car alors utilisé dans le championnat du monde de F1, la Black Series s’éloigne résolument de la discrétion affichée par le CLK 63 « de base ». L’on remarque immédiatement les ailes hypertrophiées abritant des jantes de 19 pouces au dessin inédit, l’assiette surbaissée et les boucliers revisités de façon à améliorer le refroidissement de la mécanique. Pour sa part, le V8 affiche à présent 507 ch tandis que la vitesse maximale est relevée de 250 à 300 km/h. Côté châssis, l’auto dispose d’une suspension entièrement paramétrable, d’un différentiel mécanique à glissement limité et d’un ESP plus permissif qu’à l’origine. L’habitacle n’est pas en reste et ne comporte plus que deux places, sous la forme de baquets tendus de daim véritable ; et l’ensemble est d’autant plus exclusif que la production n’a pas dépassé les 500 exemplaires, dont plus des deux tiers sont partis aux États-Unis. Actuellement proposée à la vente par CarJager, la voiture présentée sur les photos accompagnant cet article constitue donc une très rare opportunité d’acquisition sur le marché européen. N’hésitez pas à nous contacter !

6208 cm3Cylindrée
507 chPuissance
300 km/hVmax



Texte : Nicolas Fourny

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