Mazda RX8 : un collector en puissance !
NSU et Citroën s’étaient essayés dans les années 70 au moteur rotatif (lire aussi: NSU Ro80, Citroën M35 et GS Birotor). La marque allemande avait sorti la Ro80 au design élégant, tandis que Citroën avait lancé une GS équipée d’un moteur rotatif, ainsi que la M35, une sorte de coupé Ami6 vendu exclusivement aux excellents clients devenant ainsi bêta-testeurs pour la marque au chevron. Ces moteurs rotatifs compacts sans cylindres, pistons ou soupapes avaient un défaut : la consommation, et eurent la malchance de naître dans une décennie frappée par deux crises pétrolières sans précédent. Adieu donc le rotor.
Adieu ? Non pas tout à fait, car une marque résiste encore et toujours en proposant un modèle encore équipé d’un tel moteur : Mazda, et cela depuis 40 ans. La marque japonaise, installée à Hiroshima, persiste ainsi dans cette technologie, l’améliorant sans cesse, avec la fabuleuse RX7. En 2003, Mazda présentait la non moins fabuleuse RX8, qui mérite qu’on s’y intéresse à tous points de vue.
La RX8 joue la carte de l’originalité, c’est peu de le dire. D’abord sa ligne : Coupé ? Berline ? En fait elle est un peu des deux, proposant deux vraies portes à l’avant et des mini portes à ouverture antagonistes dites « suicide » à l’arrière. Avouez que ce n’est pas banal. Longue, effilée, la RX8 est élégante, même si elle conserve quelques rondeurs et expressions « manga ». Elle affiche en tout cas une réelle personnalité sans tomber dans la caricature. Côté moteur, la RX8 se dote d’un Birotor (oui, deux rotors!) extrêmement compact. Alors que nombre de berlines haut de gamme allemandes faisaient (à l’époque, car l’heure du downsizing a sonné) de la surenchère avec des cylindrées de plus en plus grosse, le birotor Renesis (c’est son nom) concocté par Mazda cube quant à lui un petit 1308 cm3.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce moteur n’est pourtant pas ridicule, puisqu’il développe entre 192 ch (pour la version de base) et 231 ch (pour la version la plus puissante). Pas mal vue sa cylindrée ! Quelques inconvénients pourtant : ces puissances sont atteintes très haut dans les tours, entre 7 et 8000 tours ! Sympa et sportif, mais fatigant à la longue pour s’amuser avec ce moteur placide à bas régime. Idéalement placé en position centrale avant, et léger, il permet une répartition des masses idéal (50/50) et un centre de gravité très bas à cette propulsion au châssis affuté.
Cette voiture étonnante permet donc de s’amuser à piloter, et surtout de rouler totalement décalé. Reste que Mazda n’a toujours pas trouvé la parade au principal défaut du rotatif : sa consommation. Elle est inversement proportionnelle à sa cylindrée relativement basse. Comptez aux alentours de 20 litres au 100. L’originalité technique et stylistique de la RX8 la condamna à une certaine confidentialité en France, mais s’est vendu entre 2003 et 2012 à 192 000 exemplaires, ce qui n’est pas un si mauvais score ! Elle sera cependant retirée du catalogue en 2010 en France, faute de vente, mais continuera sa carrière jusqu’en 2012 au Japon, en Angleterre et en Nouvelle Zélande.
Ce sera toutefois, et jusqu’à nouvel ordre, le dernier modèle Mazda à moteur rotatif. La RX8 était relativement bon marché neuve (31 000 euros en 2008 pour l’entrée de gamme), et le reste en occasion, avec des modèles accessibles, même s’il faut garder à l’idée qu’il faudra surveiller la mécanique. A peine retirée des chaînes de production (juin 2012), la RX8 est un collector en puissance, pensez-y !
Un collaborateur de Boîtier Rouge est propriétaire d’un tel modèle (oui on aime bien les vilains petits canard): n’oubliez pas de lire son compte rendu ici.