SPORTS CARS
COUPÉ
ITALIENNE
LAMBORGHINI

Lamborghini P140: l'occasion ratée ?

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 23/05/2016

Après avoir évoqué la période « Studebaker » de Mercedes aux Etats-Unis (lire aussi : Mercedes aux USA grâce à Studebaker), voici donc la petite histoire de la Lamborghini P140 !

P140 02

Oui je sais, vous en avez rêvé, tout comme moi, de cette « petite » Lambo ! Plus moderne qu’une Countach qui commençait à accuser le poids des ans et finissait par ressembler à du tuning à force d’ajout de carrosserie, elle avait en outre le mérite d’offrir un V10, chose peu courante en cette fin des années 90. Avec la Diablo qui s’annonçait, la présentation en 1989 de cette P140 laissait croire au retour de Lamborghini, rachetée en 1987 par Chrysler pour 25 millions de dollars !

P140 04

Avec un grand constructeur aux commandes, et un investissement de 25 autres millions de dollars, l’avenir semblait radieux. Pourtant, la P140 finira aux oubliettes. Lorsque Chrysler rachetait Lamborghini, la Diablo, qui devait remplacer la Countach, était déjà bien avancée comparativement au projet P140 (lire aussi : Lamborghini Diablo). La priorité fut donc donnée à la « grande Lambo », au détriment de la petite. Erreur stratégique sans doute, car la marque au taureau ne disposait plus de modèles accessibles depuis l’arrêt de la Jalpa. Pourtant, la P140 ne manquait pas d’arguments, avec une certaine légèreté (1286 kg), un look agressif signé Gandini et un V10 de 4 litres et 372 ch ! Quand on connaît, a posteriori, le succès de la Gallardo, on ne peut s’empêcher de penser : « mais que serait-il arrivé si la P140 était sortie?).

P140 03

Chrysler mise donc tout sur la Diablo, et sur les synergies possibles (la Viper par exemple), oubliant de miser sur la P140 pourtant adaptée au marché et aux besoins en volume de Lamborghini. La P140 avait sans doute le défaut d’avoir été dessinée par Gandini, qui s’était fâché avec l’état major de Chrysler après le refus de son premier dessin de la Diablo (et qu’il refourguera à Cizeta, lire aussi : Cizetta Moroder V16T). D’ailleurs dans le dessin de la P140, on peut voir tout le « style » Gandini de l’époque, et certaines similitudes avec la Cizeta (normal) mais aussi avec le premier « prototype » de Bugatti EB110 (lire aussi : Bugatti EB110). La Diablo sortira en 1990, se vendra à plus de 600 exemplaires dès la première année, pour chuter aussitôt à moins de 300 ! Chrysler, beaucoup moins enthousiaste qu’au début, préférera arrêter les frais et revendre en 1994 sa coûteuse filiale italienne à Megatech, une curieuse société indonésienne détenue par le fils du président Suharto, pour 40 millions de dollars (au même moment, Megatech investira aussi dans la firme américaine Vector, lire aussi : Vector).

La Lamborghini Cala reprenait les principes de la P140 en 1995, avec son V10 !La Lamborghini Cala reprenait les principes de la P140 en 1995, avec son V10 !

Entre temps, la P140 a disparu du radar. De toute façon, Megatech n’aurait sans doute pas eu les moyens de lancer un tel modèle, s’acharnant surtout à rendre rentable la Diablo. Pourtant, Italdesign ne l’avait pas oubliée, et tenta de faire du pieds à Lamborghini en présentant en 1995 la Cala, sorte d’évolution moderne au design plus rondouillard dans l’air du temps, basée sur les principes de la P140 et notamment dotée du V10 porté à 400 ch. Sans succès. Lamborghini sera revendue en 1998 à Audi, qui n’hésitera pas à lancer la Gallardo, qui deviendra le best-seller de la marque italienne. Comme quoi ! La P140, elle, est toujours au musée Lamborghini !


CarJager recommends

undefined
Marcello Gandini : un maître s'en est allé
« À l’heure de sa disparition, chacun pourra détailler l’héritage considérable qu’il nous a laissés et qui a transcendé la césure séparant ordinairement le rêve de la réalité »
Nicolas Fourny - 15/03/2024
Read more
undefined
Lamborghini Gallardo : le renouveau du taureau
Depuis l’arrêt de la production de la Jalpa en 1988, le célèbre constructeur automobile italien Lamborghini n’avait plus de produit d’entrée de gamme en dessous de sa Countach puis de sa Diablo, fer de lance d’une production de plus en plus réduite comme une peau de chagrin. Malheureusement, jusqu’alors, les nombreux changements de propriétaires, durant les années 80 puis 90, n’avaient pas permis à la petite firme d’élargir sa gamme vers le bas, restant cantonnée à une production confidentielle malgré les nombreux projets. Pourtant, le rachat en 1998 par Audi changera la donne. En 2003 paraissait enfin la “baby Lamborghini” appelée Gallardo, du nom d’une race espagnole de taureaux de combat.
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 05/08/2022
Read more
undefined
Lamborghini Bravo : la "petite soeur" de la Countach
Bertone et Marcello Gandini avaient déjà frappé un grand coup en 1971 avec la présentation du prototype de la Lamborghini Countach, projet accepté par la vénérable firme italienne (lire aussi : Lamborghini Countach), mais ils avaient soif de reconnaissance mais aussi de projets d’image. Quoi de mieux que Lamborghini pour être visible surtout que la marque, en acceptant la Countach, semblait prête à accepter pas mal de délires stylistiques ? Alors, histoire de trouver une remplaçante à l’Uracco, pourtant rentrée tard en production (1973), qui soit dans la même veine que la Countach, Bertone présenta, toujours sous la houlette de Gandini, la Lamborghini Bravo au salon de Turin 1974.
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 18/05/2018
Read more

Selling with CarJager?