Alpine A610 : « Renault m'a tueR » !
Ca y est, la Berlinette A110 nouvelle génération est sortie, et Boîtier Rouge a pu l’essayer avec plaisir (lire aussi : L’essai de l’A110 2018). 23 ans après la dernière Alpine produite à Dieppe (lire aussi : l’usine Alpine de Dieppe), enfin une voiture signée Alpine réapparaît. L’occasion de revenir sur la celle qui clôtura un temps la lignée, la mal-aimée Alpine A610 !
Si la date de sortie de 2015 avait été annoncée, c’est sans doute pour tomber pile 20 ans après l’arrêt de la dernière Alpine, l’A610. Cette GT présentée en 1990 fut en effet produite de 1991 à 1995. A sa naissance, elle semble n’être qu’une version restylée de l’Alpine GTA (lire aussi : Alpine V6 GT) alors qu’elle n’en reprend que très peu d’éléments. Mais il est vrai que le budget aloué au lancement de ce modèle est assez modeste et ne permet pas aux stylistes d’aller aussi loin qu’ils le voudraient. Toutes les pièces de carrosseries sont nouvelles, mais l’utilisation des mêmes vitrages que la GTA rend la ressemblance troublante (la GTA US servira d’ailleurs de mulet pour la réalisation de cette A610, lire aussi: Alpine GTA US).
Dotée de 4 places (hum…), elle est motorisée par une version turbo de l’antique V6 PRV, de 3 litres et développant 250 ch, bien entendu en position arrière. Ce moteur permet à l’A610 d’atteindre les 265 km/h, et démontre de sacrés progrès par rapport à la GTA. De même, la tenue de route est royale grâce à une meilleure répartition des masses, ainsi qu’un meilleur aérodynamisme.
L’Alpine GTA dont dérive l’A610 !L’intérieur est en progrès lui aussi, mais on reste dans un style très « Renault », loin du luxe proposé par ses concurrentes, et notamment par Venturi son adversaire français (lire aussi : Venturi 260). Un service de personnalisation sera proposé sans succès en 1994.
Deux séries spéciales seront lancées. L’une en fin 1991 à l’occasion des Jeux Olympiques d’Albertville. 2 exemplaires reçurent la livrée spécifique « Olympique 92 » et servirent au transport des personnalités avant d’être revendues (lire aussi : A610 Olympique). L’autre en 1992 pour célébrer la victoire de l’écurie Williams-Renault sur le circuit français de Magny-Cours, et logiquement appelée « Magny-Cours ». 31 exemplaires de cette série furent produits (lire aussi: A610 Magny-Cours).
Une version cabriolet fut étudiée sans jamais voir le jour, ainsi qu’une version « 280 ch » qui elle aussi resta dans les cartons, faute d’argent, de marché et de volonté. En cinq ans de production, seuls 818 exemplaires tombèrent des chaînes de Dieppe, et seulement 14 la dernière année, ce qui emporta la décision de cesser la production.
L’échec relatif de l’A610 s’explique par une trop grande ressemblance avec la GTA biensûr, mais aussi à un tarif relativement élevé au regard de son équipement (425 000 F en 1994), qui la place en concurrence avec des Porsche ou des Ferrari. Enfin, la montée en puissance de la marque française Venturi, avec des coupés dotés de PRV développant 260 ch, à l’équipement ultra luxueux et aux tarifs à peine plus chers, la priva d’une clientèle attachée au « made in France » (lire aussi: Venturi). D’ailleurs, l’A610 est curieusement plus appréciée Outre Manche et en Allemagne. La crise bien entendu n’arrangea rien. Enfin, avec l’A610, 100% GT, Renault s’était éloigné du concept originel de la Berlinette (ce qui permit à Hommell d’en proposer sa vision à la même époque, lire aussi: Hommell Berlinette).
Depuis 15 ans, de nombreux projets ont été proposés pour faire revivre Alpine (lire aussi : Alpine A710), jusqu’à ce que le projet se concrétise enfin, avec l’idée de revenir aux fondamentaux de la marque créée par Jean Rédélé : une berlinette. Un peu ce qu’avait tenté de faire Renault juste après la fin de l’A610, avec le Spider (lire aussi : Renault Spider) mais avec plus de watts, plus de rigueur, et plus de fidélité à l’esprit de l’A110 originelle.