Italdesign Columbus : le monospace "business class"
Au début des années 90, le monospace avait certes déjà une réputation de transporteur de cohortes d’enfants et leurs bagages au détriment de la ligne et du plaisir de conduire du Papa, mais il représentait un eldorado pour les grands comme les petits constructeurs, généralistes ou bien même spécialistes. Il vint donc à l’idée de certains de créer une autre vocation « plus business » à ce nouveau segment de marché, plus luxueuse aussi, mais surtout plus performante, qui m’auront fait croire un instant qu’un monospace pouvait être désirable (seul l’Avantime me donnera la même sentation au début des 00’s, lire aussi : Renault Avantime).
Chez les français, c’est De La Chapelle qui ouvrit le bal, avec son Parcours étonnant, pas franchement joli mais qui me faisait malgré tout envie grâce à son potentiel V12 puis V8 Mercedes, ses équipements modernes et luxueux pour l’époque, et sa proximité avec la marque MVS Venturi (lire aussi : De La Chapelle Parcours). Présenté à l’époque en 1992 au Salon de Genève, il devançait de quelques années son compatriote plus réaliste mais aussi plus modeste, le Hobbycar Passport, avec son 4 cylindres turbo Opel de 200 ch, ses 4 roues motrices et ses portes coulissantes antagonistes ouvrant sur un superbe salon « business » tendu de cuir (lire aussi : Hobbycar Passport).
Entre les deux, au Salon de Turin 1992, c’est Italdesign (le studio de design de Giugiaro) qui offre sa vision du monospace de luxe performant : le Columbus. Si les deux propositions françaises devaient être produites en (petite) série, ce ne fut jamais l’ambition d’Italdesign qui, avec ce gigansteque monospace, à la frontière du minibus, ne souhaitait que partager une vision, et fêter accessoirement le 500ème anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (d’où son nom).
Si ces dimensions semblaient irréalistes pour notre vieux Continent, c’est justement l’Amérique que visait Italdesign avec cette proposition certes pachydermique, mais pas si idiote que cela. Doté de 4 roues motrices, le Columbus avait en outre les roues arrières auto-directionnelles jusqu’à 15° à petite vitesse, pour faciliter le braquage et le rendre plus agile en ville.
Côté motorisation, on y est pas allé de main morte chez les italiens, avec tout simplement le V12 M70 de 5 litres et 295 chevaux. De quoi assurer des performances… normales vu le probable poids de l’engin, mais avoir 12 cylindres (en position transversale!) sous le capot, ça fait toujours un peu rêver. Le design est, comment dire, particulier, mais correspond à ce qu’on pouvait imaginer comme futur automobile à l’époque. On est d’abord surpris, puis on s’habitue, avant de trouver cela pas si mal quelques années plus tard. Et si le Columbus ne sera jamais décliné en série dans le monde réel, on retrouvera un modèle imaginaire sous le nom de Vaillante Armada en 1998.
Un air d’Italdesign Columbus pour le monospace Armada de la marque VaillanteA l’intérieur, le conducteur est en position surélevée, avec un poste de conduite situé au centre, comme sur une McLaren F1 (lire aussi : McLaren F1) tandis que 6 passagers pouvaient prendre place à l’arrière dans un confort royal pour l’époque : fauteuil tournant sur eux-mêmes, systèmes audio et vidéo, toit ouvrant à l’avant, panoramique à l’arrière. Bref, le grand luxe.
Inévitablement, ce show-car le restera, pour finir remiser dans les réserves d’Italdesign sans plus jamais en sortir. Mais étrangement, il sera resté imprimé dans ma mémoire, sans doute la votre, et celle de Jean Graton aussi il faut croire. Et si beaucoup diront en commentaire ici ou sur Facebook « quel mocheté », une chose est sûr : il ne laisse pas indifférent. Le concept du monospace de luxe ne prendra pas cette forme aussi business par la suite, mais plutôt familial (la série des Espace Initiale), laissant aux SUV pour les familles, et aux minibus façon Mercedes Vito pour le business. Restent les souvenirs d’adolescent de cet étrange Columbus !