Hindustan Contessa : une Vauxhall en Sari
Oui je sais, quand on parle du constructeur indien Hindustan Motors, on pense à l’iconique Ambassador, dérivée d’une Morris Oxford et dont la construction a cessé il y a quelques mois (lire aussi : Hindustan Ambassador et la fin de l’Ambassador). Il y a des voitures comme ça, qui malgré elles continuent à occuper le terrain, tuant dans l’oeuf toute tentative de remplacement. La 2CV n’a pas laissé beaucoup de chance à la Dyane par exemple (lire aussi : Citroën Dyane). Et l’Ambassador enterrera l’Hindustan Contessa.
Ah l’Hindustan Contessa ! Elle n’a certes pas eu le même succès que sa sœur Ambassador, mais elle aura fait rêvé un sacré paquet de gamins entre 1984 et 2002. Enfin, surtout dans les années 80, et le début des années 90, car sur la fin, elle semblait vraiment dépassée par rapport à la production étrangère, évidemment, mais aussi locale. Il faut dire qu’à sa sortie, et par rapport à ce qui se faisait en Inde à cette époque, la Contessa faisait cossue, grand luxe, chic. Une anti-Ambassador plutôt populaire. Et dans cette gamme, la seule indienne qui lui tenait la dragée haute, c’était la Standard 2000 qui fera pourtant un flop (lire aussi : Standard 2000).
Dès le milieu des années 70, Hindustan cherche à se diversifier. Certes son produit phare cartonne sur le marché indien, mais la marque voudrait disposer d’un porte-étendard plus valorisant que l’Ambassador et ses dérivés Porter (pick up) et Trekker (sorte de La Dalat à la sauce curry, lire aussi : Citroën La Dalat). Comme toujours dans ces moments là, c’est vers les constructeurs de l’ancienne puissance coloniale que l’on se tourne, et particulièrement Vauxhall, en l’espèce. En 1979, les deux marques commencent à discuter d’une version indienne de la VX, dérivée de la Victor et dont la production a cessé en 1978 en Angleterre.
C’est en 1980 que Hindustan va effectivement racheter (pour 1,5 millions de £) et installer dans son usine d’Uttaraara l’outillage nécessaire à la production des pièces et des véhicules. Avant même le lancement de la voiture, Hindustan va produire pour Vauxhall les pièces détachées des Victor et VX Séries (la loi imposant la production des pièces pendant 5 ans après l’arrêt du modèle. Dès 1981, les premiers prototypes sont prêts. En 1982, ce sont dix véhicules de pré-série qui enchaînent les kilomètres, mais la Contessa ne sortira qu’en mars 1984.
Bon, pour des raisons de coûts, Hindustan a préféré tout d’abord réutiliser le vieux BMC 1.5 litre datant des années 50 et produits dans l’usine pour les Ambassador. Avec ses 50 petits chevaux, et son antique boîte de vitesse, la Contessa n’était pas un foudre de guerre. Mais d’une certaine manière, Hindustan s’en fichait : les premiers exemplaires étaient destinés à une administration indienne pas vraiment exigeante. Et tant mieux, parce que la qualité n’était pas vraiment au rendez-vous bien que les voitures soient quasiment réalisées entièrement à la main.
Une fois les administrations servies, il fallut quand même se soucier un peu du client. Hindustan va donc se mettre en quête d’un moteur pas cher mais un peu plus punchy que l’ante-diluvien BMC. C’est auprès du constructeur japonais Isuzu que la marque indienne va racheter les droits de production d’un 4 cylindres 1.8 litre un peu plus moderne tout de même (c’est peu de le dire), offrant 75 chevaux. L’accord est signé en 1985, et les Contessa reçoivent leur nouveau moteur en 1986. En 1990, l’accord sera élargi à un 2 litres diesel de 55 ch et enfin, en 1996, une version turbo-diesel de 73 ch.
Malgré l’arrivée de ces mécaniques modernes puis diesels, la Contessa n’arrivera jamais à exploser. Tatra proposait un Estate bien plus séduisant au début des années 90 (lire aussi : Tata Estate), tandis que Maruti commençait à proposer des petites berlines plutôt bien foutues. Sans compter les GM, Ford ou Fiat produisant désormais localement. Bref, en 2002, il était temps d’arrêter les frais, après seulement 13 463 exemplaires.
Une affiche pour un rassemblement de propriétaires de ContessaMalgré sa relative rareté, elle a gardé une excellente cote de sympathie auprès des indiens de tous âges, et aujourd’hui, on en voit encore pas mal dans les rues indiennes. Pas toujours dans un très bel état certes, mais parfois, les jeunes amateurs les ont transformées sauce tuning, leur rendant une nouvelle jeunesse, pas toujours de bon goût il est vrai. Il existe aussi un club, qui se réunit pour partager la passion des Contessa. Alors si pour vous l’originalité prime sur la performance, la Contessa pourrait bien être une solution intéressante, surtout un premier modèle (d’avant 86) permettant l’immatriculation « collection ».