Vaillante : pas de stand au Mondial de l'Auto 2014
En déambulant dans les allées du Mondial de l’Auto, je me suis rendu compte d’une absence de marque : le 3ème constructeur français (derrière Renault et PSA) n’avait pas réservé de stand…. J’ai eu beau chercher, me renseigner, pas de trace de la marque Vaillante. La marque créée par Henri Vaillant, dirigée désormais pas son fils Jean-Pierre et représentée dans tous les sports automobiles par son autre fils Michel et son ami Steve Warson, a sûrement réduit la voilure pour mieux affronter la crise, dans la tradition paternaliste et bourgeoise des entreprises automobiles familiales.
Quelle est la production annuelle réelle de l’entreprise ? Nul ne le sait réellement. Dans les années fastes, c’est à dire les années 60, on peut imaginer une production d’une centaine de milliers d’exemplaires. Il faut dire qu’à cette époque, la gamme est riche de berlines comme de GT. Mais Vaillante, même au mieux de sa forme, n’a jamais été un constructeur de masse, privilégiant le haut de gamme, le luxe et la performance.
D’ailleurs, la gamme Vaillante des sixties est assez extraordinaire, et le constructeur n’hésite pas à sortir la Concorde en 1963, une berline de luxe moderne et capable de concurrencer la Citroën DS, reine de la route de l’époque. Lui succèdera la Neuilly et sa déclinaison de grand luxe, la France, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles. A côté de ces berlines, on trouve des coupés, des cabriolets ou des GT de grande classe : le luxe à la française. Pour autant, Vaillante n’oublie pas les classe moyennes, avec la Junior, apparue en 1965.
L’Iphara, la Daytona GT, la Le Mans GT ou la Marathon sont autant de voitures qui permettront à Vaillante de rivaliser avec les plus grand. Le géant américain Ford ne s’y trompera pas, et engagera une collaboration fructueuse avec le petit constructeur français, n’hésitant pas à mettre ses installations de Détroit à disposition de Vaillante et sa Mk IV pour tester le nouveau moteur V12 Vaillante dans Rush et Massacre pour un moteur.
Les années 70 verront la marque se radicaliser, avec des voitures de plus en plus sportives, comme la Rush, ou le best seller de ces années là pour Vaillante : la Commando. Ligne en coin, tirée à la régle et l’équerre, la marque abandonne le monde des berlines et les lignes des 60’s pour rentrer dans la modernité. Les partenariats se multiplient avec d’autres marques, Ford bien sûr, mais aussi Lancia, pour donner naissance à une Vaillante Stratos de toute beauté.
Dans la tradition française, la marque dénomme ses voitures de hauts lieux touristiques et balnéaires : La Baule, Côte d’Azur, Nice, Miami, Florida, Rivoli, Monte Carlo… Mais le point d’orgue de cette superbe lignée, c’est sans aucun doute la Françoise, superbe targa présentée à l’occasion des fiançailles de Michel Vaillant et de Françoise Latour. Cette voiture m’aura fait tourner la tête (et peut-être même Françoise elle-même).
Les années 80 seront moins riches, et verront la marque se développer sur les marché de niche du sport et du grand tourisme, et ce jusqu’à aujourd’hui… Mais pourtant, Vaillante n’oubliera pas ses afficionados n’ayant pas les moyens de se payer une Opale, ou bien une Calypso. Fidèle à sa tradition de partenariat, Vaillante sortira une Civic Coupé avec la marque japonaise Honda, et une série spéciale de l’Ibiza avec l’espagnol Seat. Elle produira aussi un étrange monospace à 6 roues baptisé Armada.
Mieux, une petite série de la Grand Défi sortira sur la base d’une berlinette d’Hommell (lire aussi : Vaillante Grand Défi), dont sera dérivée la Cairo, version 4×4 destinée au rallye raid. Mais définitivement, les heures fastes de Vaillante sont derrière nous, ou du moins semblent l’être. Désormais, c’est vers les nouvelles énergies que se dirige Vaillante, grâce à des capitaux chinois, ou bien monégasques puisque la marque française nouera des liens avec Venturi.
Mais Vaillante n’est pas qu’une marque automobile. C’est aussi une marque de camion, qui équipera notamment l’entreprise de transport créée par Benjamin Vaillant, le frère d’Henri. Vaillante s’intéresse à tout ce qui touche à la mobilité, et produira des motos, des jetskis, des tracteurs, et même désormais un vélo électrique, à la demande de Madame Vaillante.
Vous imaginez donc comme j’étais déçu de ne pas trouver ce stand ou j’aurais pu voir ces merveilles du passé, et les superbes véhicules sportifs d’aujourd’hui, comme l’Horizon, plus élitiste certes mais toujours désirable. Au lieu de ça, j’ai vu un stand Dacia, qui paraît-il cartonne… Tout se perd !
Images: Studio Graton (c)