Bullit Hero 125 : la reine des terrasses
Avec l’arrivée des hirondelles le printemps nous a également amené une belle surprise cette année, la Bullit Hero 125. La jeune marque Belge est bien décidée à bousculer le marché des 125 cm3 et à venir chatouiller ses concurrentes Mash ou autres Astor et Brixton au look vintage. La mode des machines pensées en Europe et fabriquées en Asie ne fait que commencer, mais que vaut cette nouvelle venue ?
Bullit est née en 2005 en Belgique, et appartient au groupe MOOOF, qui distribue aussi les scooters Neco. Ces deux marques jouent et surfent toutes les deux sur des looks nostalgiques. Pour Bullit, l’inspiration vient directement des « vieilles anglaises », comme l’indique son site internet.
La Bullit Hero c’est avant tout un look : alors que des marques comme Ducati cartonnent avec leur Scrambler, Bullit a voulu proposer un engin de ce type à moindre coût et pour les usagers qui ne roulent qu’en milieu urbain. Après la Mash Scrambler 125 et la Brixton 125 X, et avant la Astor Sirio, la firme belge a voulu frapper fort avec une moto sans fioriture, simple et efficace, peut-être un peu trop simple pour une moto à vocation urbaine qui mérite de fait un peu plus d’équipements.
Au guidon de la Hero, on se sent rapidement à l’aise, la position de conduite droite rappelle aux vieux motards les bons vieux 600 XT équipés Supermotard qui étaient à la mode dans les années 2000 ou encore la Duke de chez KTM, des motos à l’agilité redoutable prêtes à en découdre sur route comme en ville. Outre ses gros pneus qui vous appellent à sortir des grandes avenues pour aller sur les petits chemins, le large débattement de ses suspensions, son phare à spoiler, la selle magnifique, le sabot moteur alu et le bras oscillant dans le même matériaux signent presque un sans-faute, hormis quelques câbles trop apparents à mon goût.
La plus belle pièce de l’ensemble, c’est sans doute ce magnifique pot d’échappement largement inspiré des pots de la marque Supertrapp qui équipent habituellement les Harley Davidson améliorées. Du coup, avec un bruit très sympa au ralenti et jouissif dans les tours, on est bien loin de la sonorité habituelle d’une 125 cm3. Le compteur ultra minimaliste ne donne que le nécessaire : vitesse, clignotant, neutre et éventuel défaut moteur, sans oublier la position plein-phare. Pour une citadine il manque tout de même une horloge, histoire de savoir si l’on est en retard ou non à son rendez-vous. Même si elle est homologuée deux places, la Hero ne permet pas d’embarquer de passager faute de cale-pieds, et à cause d’une selle trop petite, un engin d’égoïste ou de solitaire.
La prise en main de la Hero se fait naturellement, la position invite à l’arsouille, mais le moteur de mon modèle d’essai en rodage me rappelle vite à l’ordre. La selle qui trône à quasiment 900 mm selon l’amortissement ne permet pas au conducteur de moins de 1m70 de profiter de la Bullit facilement. Le guidon cintré distribue les commandes comme il faut, au niveau des pieds j’ai trouvé le sélecteur et la pédale un peu courts mais je chipote. En cas de pluie la position et le manque de protection peuvent se révéler assez contraignantes, mais un scrambler ne s’achète pas pour cela.
Le moteur est inspiré d’un vieux brevet Suzuki, gage de qualité et de fiabilité. Refroidissement à air et deux soupapes, rien de révolutionnaire dans ce moteur, mais il semble suffisant pour assurer en ville ! Dommage donc de ne pas avoir pu profiter du bloc hors rodage. Avec une boite aux 5 rapports assez courts, la Hero est à l’aise surtout en ville où chaque démarrage au feu rouge peut se transformer en course, tandis que le cinquième rapport plus long permet de cruiser.
Le freinage est puissant grâce à deux disques de belle dimension, c’est rassurant et comme la fourche ne plonge pas trop lors des freinages appuyés on se sent à l’aise rapidement sur le sec, sur le mouillé les pneus de qualité médiocre rendent la chose délicate.
A son guidon l’impression de facilité domine, le look de la Hero fait tourner les têtes, et j’ai passé une semaine à répondre aux nombreuses questions des autres usagers, à être pris en photo (enfin la Bullit pas moi). L’arrivée en terrasse se fait sans discrétion. Se faufiler dans les bouchons se fait sans encombre grâce à son guidon, couplé à un freinage sécurisant et à des rétroviseurs de bonnes tailles la Bullit Hero devient vite la reine en ville même si ses gros pneus demandent un temps de prise en main lors des manœuvres. Sur la route l’ensemble est agréable même si l’absence de protection fatigue au bout d’un moment (on se fait vieux). Là où la Hero se sent le plus à l’aise, c’est dans le sinueux et non pas sur grande nationale rectiligne où sa vitesse plafonne à 100 km/h. La Bullit veut du virage et saura vous inciter à lui en donner. Mais prudence avec ses pneumatiques lors de la prise d’angle.
Une moto attachante avec un look réussi, une partie cycle efficace et un freinage puissant, le cocktail parfait pour devenir la reine des villes et des terrasses à un prix canon.
Texte et photos : Jack Stouvenin