AM General se retire définitivement du marché civil
On le savait depuis juin dernier, mais c’est désormais officiel : AM General se désengage des véhicules civils et cède son usine CAP (Commercial Assembly Plant) de South Bend pour ne conserver que ses activités militaires (MAP, Military Assembly Plant).
AM General ne vous dit rien ? Allons, voyons… Nous avions pourtant découvert lors de la première guerre du Golfe en 1991 son produit phare : le HMMWV, plus connu sous le nom de Humvee (lire aussi : AM General Humvee) et qui donnera naissance à l’éphémère marque « civile » Hummer liquidée depuis par General Motors.
Les usines CAP et MAP d’AM General à South Bend, dans l’IndianaLa première incursion dans le civil aura donc été l’expérience Hummer, montée par General Motors sous licence d’AM General. Un succès d’estime certes (tout le monde connaît encore aujourd’hui Hummer), mais un fiasco financier aggravé par la crise financière de 2008 qui fit vaciller le géant américain. La fin de Hummer avait déjà porté un rude coup à AM General, et la perte du marché Joint Light Tactical Vehicle (JLTV), c’est à dire le remplacement du Humvee au sein de l’armée américaine lui, au profit d’Oshkosh et de son L-ATV n’avait fait qu’empirer les choses.
L’usine CAP était sortie de terre en 2002 pour produire le Hummer H2 pour le compte de General Motors. La fin de la marque avait obligé AM General à changer son fusil d’épaule et à trouver de nouveaux marchés pour son usine « civile ». L’entreprise de l’Indiana s’était alors mise en chasse de donneurs d’ordres pour faire tourner son usine.
C’est avec la société Vehicle Protection Group (VPG), basée en Floride, que AM General signera son premier contrat de sous-traitance. Dès 2011, les premiers taxis MV-1 (pour Mobility Vehicle) sortaient des chaînes de production. Les ambitions de VPG étaient grandes, prévoyant 22 000 MV-1 produits par an, rien que cela. Pourtant, VPG faisait faillite en 2014, incapable de rembourser un prêt de l’état américain de 50 millions de dollars. Normal, seuls 2300 exemplaires avaient été fabriqués en presque 4 ans.
AM General croyait pourtant à ce projet, et reprit alors à son compte la production, en créant une nouvelle filiale, MobilityVenture. La production repartait en 2015, sur de nouvelles bases et de nouveaux marchés. Les objectifs étaient revus à la baisse (2000 exemplaires par an) et le marché des seniors devenait prioritaire sur celui des taxis, misant sur l’accessibilité extraordinaire du véhicule. Cependant, AM General était conscient que le seul MV-1 ne suffirait pas pour occuper les 430 employés de CAP. Cette même année, Mercedes se trouvait confrontée à un problème majeur : son usine de Tuscaloosa était saturée après le lancement du GLE ! Le Classe R quant à lui, continuait à séduire bon an mal an 2000 clients aux USA, mais devait laisser sa place au nouveau produit. AM General et Mercedes-Benz s’entendirent donc pour la fabrication du R à l’usine CAP de South Bend (un juste retour des choses, Studebaker ayant distribué Mercedes entre 1957 et 1964, lire aussi : Studebaker lance Mercedes aux USA).
Mais en 2017, le constat était fait : avec moins de 4000 véhicules produits annuellement, CAP n’était pas rentable. AM General se décida donc à vendre son usine. En juin, l’entreprise annonçait la signature d’un accord de vente auprès du chinois Sokon Industry pour 110 millions de $. L’objectif de Sokon est clair : produire aux USA les futurs véhicules électriques de sa nouvelle marque, SF Motors. Adieu MV-1 (qui de toute façon peinait à séduire), adieu classe R (qui de son côté n’était plus fabriqué dans l’Indiana que pour le marché chinois, ironie du sort), place à la fée électricité. Mais qu’on se rassure, AM General n’est pas morte, et MAP continue à produire ses véhicules militaires. Ouf, l’honneur est sauf !