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Alpine A610 Magny-Cours: série très spéciale !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 30/05/2016

L’Alpine A610 est en soi un modèle déjà rare, alors un exemplaire de la série spéciale Magny-Cours (du nom du célèbre circuit nivernais), vous imaginez bien qu’on rentre dans le très rare.

A610 11 Magny Cours

J’avais déjà brièvement évoqué l’A610 à la création de Boîtier Rouge (lire aussi : Alpine A610), mais cette rencontre avec la « Magny-Cours » et 3 autres de ses congénères (4 d’un coup, sur une production totale de 818 exemplaires, ce n’est pas rien 25 ans après le lancement) me donne la possibilité d’en parler à nouveau. L’A610 est un sujet sensible : dernière Alpine produite, elle est la plus bourgeoise de la lignée, la plus rare, et sans doute la plus méconnue bien qu’elle soit encore dans les mémoires de ceux qui a l’époque avait l’âge de rêver à une GT française.

A610 12 Magny Cours

Dès le lancement du projet D503 par le Berex (Bureau d’Etudes et de Recherches Exploratoires), chargé de développer les Alpine et les Renault Sportives, il apparaît évident qu’avec un budget aussi limité il ne faudra pas trop croire aux miracles ! En fait, l’aventure américaine avec AMC a coûté très cher, et concernant Alpine, Renault a trop investi dans une version US de la GTA (200 millions de francs) en pure perte (lire aussi : Alpine GTA US): il ne reste plus trop d’argent disponible pour un nouveau modèle. Il faut pourtant remplacer la GTA vieillissante.

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Par souci d’économie, l’A610 va reprendre toute la partie vitrée et l’arrière (fort réussi) de la GTA, se concentrant essentiellement sur des modifications à l’avant, faisant passer l’A610 pour un restylage alors que la voiture est bien plus « nouvelle » qu’on ne l’imagine. Pour rentabiliser l’investissement, ce sont les GTA US qui serviront de « mulets » pour la D503. Elles donneront aussi les orientations stylistiques, notamment les phares escamotables. Voilà pourquoi il est possible de confondre visuellement une GTA US et une A610. Bref, au lancement, et malgré un V6 Turbo PRV poussé à 3 litres et 250 ch, la nouvelle Alpine ne rameute pas les foules. La faute à une prise de poids conséquente (pourtant compensée par la hausse de puissance), mais aussi (surtout) à un positionnement typé GT, en concurrence frontale avec Porsche par exemple, et à un prix rédhibitoire (416 500 francs en 1992).

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Rajoutons à cela un concurrent français au positionnement comparable, Venturi (lire aussi : Venturi 260) avec une 260 un peu plus puissante, bien plus luxueuse, et tout aussi efficace, et surtout au désintérêt de Renault qui semble déjà avoir fait une croix sur Alpine et vous obtenez un bide immérité, mais bien réel. Les 6 premiers mois de commercialisation sont catastrophiques, avec seulement 60 voitures vendues, et Alpine se résout déjà à des séries spéciales pour dynamiser son modèle phare. Fin 1991, 2 exemplaires « Albertville 92 » sont réalisés pour les Jeux Olympiques d’hiver, afin de promouvoir le modèle et transporter les VIP : la série n’ira pas plus loin, et les 2 modèles seront vendus en occasion, des modèles très rares et désirables aujourd’hui, toujours existant et entre les mains de passionnés. Mais c’est en juin 92 qu’apparaît ce qui sera finalement la seule vraie série limitée de l’A610 : la Magny-Cours.

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Profitant de la victoire de Mansell sur une Williams-Renault au Grand Prix de France, Alpine célèbre le patrimoine sportif de son actionnaire avec une A610 à la couleur spécifique (un vert nacré vernis), aux jantes peintes de la même couleur, à la sérigraphie unique (inscrition « Magny-Cours » sur les flancs de la voiture), et à l’équipement réhaussé (lecteur CD, cuir, plaque numérotée). Au total, 31 exemplaires seront produits, numéroté de 0 à 30, et vendus à 449 500 francs ! Celle qui illustre cet article porte le numéro 26, l’une des dernières.

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L’A610 Magny-Cours n’a donc que quelques détails à opposer à ses sœurs classiques, et certains diront (dont moi, et même le propriétaire de cette Alpine) que les jantes peintes gâchent un peu le look. Mais elle a pour elle la rareté et l’originalité. Bien entendu , le Graal serait de s’offrir une A610 olympiques, mais la Magny-Cours peut être un excellent choix pour qui cherche à se démarquer ! Elle restera la seule série limitée du dernier modèle Alpine. Même en fin de vie, Renault ne refera plus jamais l’effort d’une série spéciale, comme si le sort était jeté, et qu’il était acquis que l’A610 ne se vendrait pas, et tirerait le rideau de l’aventure Alpine. Un modèle à rechercher dès maintenant, les cotes remontent.


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