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Panoz Roadster : "les feux de l'Auto"
CARJAGER - 13 déc. 2016A la télévision, les sagas familiales sont monnaie courantes, dépassant parfois les 40 ans de diffusion ininterrompue. Il en va de même avec la Panoz Roadster, parente illégitime des monstrueuses Panoz à moteur avant qui ont écumé les courses dans les années 90.
L’histoire de ce drôle de Roadster américain commence bien évidemment en… Irlande. Dans les années 80, les frères Val et Peter Thompson créent la Thompson Motor Company afin de produire une concurrente aux différentes répliques plus ou moins fidèles de la Lotus Seven (Caterham et Westfield en tête). Pour cela, ils font appel à Frank Costin qui a dessiné des châssis de compétition pour Lotus ou Maserati et surtout, celui des premières Marcos (marque fondée par Jem MARsh et Frank COStin).
La TMC Costin sert de base au premier Roadster PanozLa petite affaire familiale (Val et Peter ont embrigadé leurs frères Sean et Anthony dans la boîte pendant le développement) propose donc à partir de 1983 la TMC Costin. Cette voiture est l’archétype de la kit car anglaise avec son châssis tubulaire, sa carrosserie en fibre de verre et ses éléments mécaniques issus de la grande série : ici, un bloc Ford « Kent » de 1.6 litres, ou ses déclinaisons Cosworth (autant faire tourner les affaires de l’autre Costin, Mike). Cependant, l’affaire tourne court en 1987, lorsque TMC fait faillite, faute de ventes.
Le Roadster Panoz premier du nomMais Panoz dans tout ça ? J’y viens, rassurez-vous. Don Panoz, fondateur de la société pharmaceutique Milan (devenue par la suite la « toute petite entreprise » Mylan), vient s’installer en Irlande suite à des désaccords internes, pour y créer Elan Corporation, qui deviendra une énorme entreprise suite à l’industrialisation des patchs transdermiques (notamment, les patchs anti-tabac). Dans ses valises, il emmène femme et enfants, dont Dan son fils passionné d’automobile. Ce dernier souhaite dans les années 80 créer sa propre entreprise dédiée à la compétition automobile, avec le soutien financier de papa (qui d’ailleurs prendra le pas sur son fils et sera le moteur de Panoz en compétition). Vous voyez où je veux en venir ? Papa Don rachète les droits de la TMC Costin, afin que fiston Dan puisse fabriquer sa Seven américaine.
Le 4 cylindres Ford passe à la trappe pour céder la place à un bon vieux V8, en l’occurrence, le Ford Windsor en version 5 litres (développant 240ch). Toutefois les modifications apportées au châssis pour accueillir la nouvelle mécanique ne permettent « malheureusement » pas de conserver la carrosserie d’origine. Dan Panoz fait appel à un jeune designer, Freeman Thomas (à qui on devra par la suite le premier Audi TT ou la première VW New Beetle), afin de redessiner la voiture. Il en résulte cette bête étrange, mêlant Allard J2X, AC Cobra et un je ne sais quoi de Morgan (les voitures, pas les fringues), large comme une Corvette, mais plus court qu’une MX-5 !
Malgré les louanges de la presse américaine et un prix relativement contenu (44000$), seulement 44 exemplaires trouveront preneur entre 1992 et 1995. Toutefois, l’aventure ne s’arrête pas là, la Panoz Roadster se transforme alors en Panoz AIV Roadster cette même année. Tous les éléments en acier sont remplacés par des pièces en aluminium (d’où le AIV, pour Aluminium Intensive Vehicle, véhicule fabriqué avec l’usage massif d’aluminium, deux ans avant la Plymouth Prowler). Le châssis reprend la formule des Lotus Elise (décidément), avec des panneaux d’aluminium collés et le vieux bloc fonte est remplacé par le 4.6 tout alu des Mustang SVT Cobra de 305 ch (ce qui imposera la vilaine écope sur le capot). De même, le pont rigide en fonte cède la place à des roues indépendantes, afin d’augmenter ses qualités dynamiques. La Panoz Roadster en profite pour s’agrandir un peu, permettant enfin à un conducteur d’un gabarit normal de tenir convenablement dans l’habitacle. Cette nouvelle mouture, encore plus saluée que la précédente, s’écoulera à 176 exemplaires, jusqu’à la fin de sa production, en 1999, sans remplaçante.
Le Panoz AIV RoadsterSi jamais il vous prenait l’envie de sauter le pas, comptez dans les 40000£ pour en acquérir une, mais avec seulement 210 exemplaires produits, il faut se lever tôt… Ou pas ! Car comme toute saga familiale, l’histoire n’est jamais vraiment finie, la preuve, la Roadster revient en 2017 pour célébrer ses 25 ans ! Elle est déjà disponible sur le configurateur de Panoz (voir aussi : le Roadster 2017 sur le site Panoz), mais le prix n’est toujours pas communiqué, en revanche, les nouveaux moulins devraient offrir de 430 à 560 chevaux, de quoi aisément mouvoir la bête. Affaire à suivre donc.
Texte : Pierre Sumy