Middlebridge GTE: la dernière des Scimitar !
L’une des Reliant les plus intéressantes restera pour moi la si britannique Scimitar, lancée à la fin des années 60 et produite jusqu’en 1986 (lire aussi : Reliant). C’était notamment la voiture préférée de la Princesse Anne, et avec son look de break de chasse, inclassable, très seventies, elle ne pouvait que me plaire à moi aussi. C’est aujourd’hui l’une des anglaises les plus méconnues et pourtant celle qui mériterait le plus qu’on s’intéresse à elle aujourd’hui.
Au début des années 80, la Scimitar GTE (et sa version découvrable GTC) avait perdu de sa superbe, et ne se vendait plus qu’au compte goutte, et Reliant désormais concentrait ses efforts sur le petit cabriolet Scimitar SS1 (qui deviendra la Scimitar Sabre dans les années 90) lancé en 1985. La petite marque britannique décide donc de stopper la production de la GTE en novembre 1986. Cette décision donne des idées à deux amis, Peter Boam et John McCauley, qui décide de racheter les droits de fabrication de la GTE auprès de Reliant, ainsi que tout l’outillage.
Si Reliant voit plutôt d’un bon œil ce rachat, au point de proposer de former les futurs salariés de l’entreprise, les deux associés n’ont pourtant pas un sou vaillant, et doivent trouver un investisseurs dans leur projet de continuer à fabriquer la GTE dans une version équipée de série de toutes les options proposées par Reliant, plus moderne et vendue à une clientèle qu’on dirait « premium » aujourd’hui. Dans un deuxième temps, la GTE devait être encore améliorée par rapport à l’originale.
C’est auprès d’un japonais amoureux de l’automobile britannique, Kohji Nakauchi, propriétaire de Middelbridge Group et de l’écurie de F1 Brabhams, qu’ils trouveront l’associé idéal, du moins le croient-ils, apportant les 2 millions de £ nécessaires au rachat des droits, de l’outillage et au lancement de la société. Ensemble, ils créent la société Middelbridge Scimitar, chargée de produire et de commercialiser cette « nouvelle » Middlebridge GTE, en juin 1987. La voiture est légèrement modifiée (les feux arrière et avant notamment, le châssis aussi, ainsi que les jantes), s’équipe d’un V6 Ford de 2,9 litres et 145 chevaux (issu de la Ford Scorpio), et s’offre des intérieurs de grand luxe même si l’accastillage reste celui d’origine !
Nakauchi a de grandes ambitions, et voit dans le lancement de la Middlebridge GTE une première étape avant la construction d’un roadster alliant le style des voitures anglaises vintage et la fiabilité des moteurs et mécaniques japonaises.
Avec des transfuges de chez Aston Martin, des ouvriers formés par Reliant, un investisseur influent, l’avenir semble radieux pour la petite entreprise qui envisage une production de 300 exemplaires par an, ce qui, pour des voitures à 24 000 £, est plutôt ambitieux… Trop sans doute. Malgré un réseau de 24 concessionnaires, les ventes de Middlebridge ne décollent pas.
La voiture reste en effet dépassée par rapport à la production de l’époque, n’a pas encore vraiment le charme vintage d’aujourd’hui, coûte cher, et il faut vraiment être un amoureux de la Scimitar GTE pour s’offrir le nouveau modèle Middlebridge. Les premières divergences commencent à apparaître et les deux initiateurs du projet, Boam et McCauley, finissent par quitter le navire. Pendant ce temps là, la production peine à dépasser 1 à 2 véhicules par semaine en cette année 1988. Au total, jusqu’à la liquidation totale de l’entreprise en 1990, seuls 77 exemplaires seront construits, bien loin des 300 exemplaires par an initialement espérés.
La fin de l’entreprise, après plusieurs licenciements, est moins drôle. L’ensemble des outillages, des pièces ou des stocks seront vendus aux enchères. C’est à ce moment là qu’on découvrira que la société avait vu un peu grand en terme de stocks de pièces (par exemple, 5000 clips de fixation de sièges), ce qui expliquait aussi que la société se soit retrouvée à court de cash.
Reste qu’aujourd’hui, ces Middlebridge GTE sont particulièrement désirable : modifiées sur plus de 450 points pour les dernières produites, elles sont presque « modernes » par rapport à leurs sœurs Reliant des années 70. Luxueuses, drapées de cuir, elles ont la distinction toute britannique qu’on attend aujourd’hui de ce type de modèle. J’avoue que je me laisserai bien tenter par un exemplaire de ce break de chasse si rare sous le blason Middlebridge !
Pour en savoir plus sur la Middlebridge GTE : http://www.middlebridge-scimitar.co.uk/
Les images sont issues de ce site fort bien fait et documenté !