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Mack FR1 : l'autocar fantôme de Renault aux USA

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 19/12/2016

Dans les années 80, je regardais la gamme utilitaire et industrielle de Renault avec fierté. A mes yeux d’enfants, les Trafic (lire aussi : Renault Trafic), Master, Magnum (lire aussi : Renault AE Magnum) et bus FR1 étaient la fierté de la France. Les dessins modernes de ces produits tranchaient avec l’environnement encore peuplé de camionettes, camions ou bus datant des années 60 et 70, notamment à Paris avec les bus glougloutant Saviem SC10 (lire aussi : Saviem SC10). J’étais loin de m’imaginer à l’époque que Renault possédait 40 % du constructeur américain Mack (qui dans les années 60 avait absorbé les camions Bernard, lire aussi : Camions Bernard) et que le tout nouveau bus FR1, lancé en 1984, s’apprêtait à conquérir l’Amérique. Enfin, conquérir est un bien grand mot puisque la version Mack du FR1 ne sera produite qu’à… 25 exemplaires.

Le Renault FR1 dans sa version européenne

Le 9 mai 1985, Mack et Renault annoncent leurs ambitions sur le marché US des autocars jusqu’alors dominé par deux acteurs majeurs : une filiale de Greyhound (MCI) et une filiale de Railways Inc (Eagle International), pour des ventes annuelles de 2500 véhicules au total. Avec une version américanisée du FR1, Mack et Renault pensent pouvoir prendre 10 % du marché, soit 250 autocars par an. Un objectif modeste… qui ne sera jamais atteint.

Fabriqué en France, le Mack FR1 va rentrer en service auprès de compagnies « testeuses », comme la PanAm par exemple. 24 modèles à deux essieux, et un modèle à 3 essieux vont donc traverser l’Atlantique, avec un certains nombres de modifications esthétiques et techniques pour répondre aux normes américaines. Le plus gros changement concerne l’ensemble boîte-moteur, puisque le moteur Renault est remplacé par le moteur diesel Mack E6 de 335 ch, tandis que la boîte ZF européenne est remplacée par une boîte Mack T2050A à 5 vitesses et overdrive.

Paradoxalement, les compagnies « beta-testeuses » furent relativement satisfaite du FR1 américain : elles appréciaient notamment les performances, les coûts d’opération et de maintenance faibles, et les économies de carburant. Mais le juge de paix, dans ces affaires, reste le passager. Et c’est là que le bât blessa. Tous les avantages du FR1 réunis ne pesaient pas lourd par rapport au ressenti d’un client américain, qui déplorait le manque d’espace, et le niveau de confort et d’équipement. La clientèle désirait des bus plus luxueux, et le FR1 semblait un peu cheap de ce côté au regard des standards américains !

Après une longue période de test, il fallut se rendre à l’évidence : le Mack FR1 ne ferait pas carrière aux USA. S’ils restèrent quelques temps au service de Mack pour le transport de salariés ou d’invités lors d’événements, les FR1 finirent par être tous retirés de la circulation, pour être réexpédiés en France. Car chez nous, le Renault FR1 se vendait comme des petits pains. Les Mack redevinrent des Renault, et furent remis en spécification Europe avant d’être revendus, y compris l’unique exemplaire à 3 essieux qui roulera encore de nombreuses années chez un autocariste français, sans que les passagers ne se doutent de l’histoire du bus qui les transportait.

Décidément, Renault n’aura jamais réussi à percer aux Etats-Unis malgré la qualité de ses produits. Que ce soit avec les voitures particulières (Alliance, Encore, Premier, Medallion) ou les bus FR1, rien n’y fera : la faute sans doute à l’inadéquation des produits à la demande, et peut-être aussi à un manque de persévérance, contrairement aux constructeurs japonais qui surent petit à petit s’imposer jusque sur le créneau « premium ». Dommage !

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