Lancia Prisma: une italienne en toute discrétion !
Il existe des voitures qui n’ont pas la renommée qu’elles mériteraient. Allez savoir pourquoi, mais la Lancia Prisma (dite « tipo 831 ») fait partie de celles-ci. Pourtant pétrie de qualité, et relatif succès commercial, elle a traversé la décennie 80 sans laisser de trace ! Son nom y est peut-être pour quelque chose, comme un prisme déviant et décomposant les rayons lumineux ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, il ne reste plus que quelques lancistes acharnés pour s’en rappeler, et c’est bien dommage, car cette Prisma dérivée de l’adulée Delta (lire aussi : Lancia Delta HF AWD) mériterait qu’on s’y intéresse un peu plus.
Certains la regardent avec dédain, ne s’agissant que d’une Delta à coffre, l’une de ces nombreuses déclinaisons de best-sellers à hayon pour satisfaire les familles : Volkswagen Jetta, Talbot Solara ou plus tard Renault 19 Chamade en sont des exemples frappants ! Pour les puristes, rien ne vaut mieux donc que l’original bien plus sportive d’apparence. D’une certaine manière ils auront raison, puisque la Prisma naît en 1982 (3 ans après la Delta lancée en 1979) comme une opportunité pour Lancia de conquérir des parts de marché pour pas cher. La Delta est bien née, et une variante à coffre moins orientée « sport » permettrait de satisfaire les familles et la bourgeoisie statutaire, tout en opposant à la BMW Série 3 E30 (lire aussi : BMW Série 3 E30) née la même année une concurrence intéressante, notamment sur les marchés latins.
Si l’air de famille avec la Delta est certain, son dessin est adapté par Giugiaro pour lui donner un air plus personnel. Sobre et classe, quoi qu’on en dise, elle conserve aujourd’hui une certaine beauté latine, une simplicité bienvenue, que ce soit en série 1 (1982-1985) ou en série 2 « reliftée » (1986-1989). Malgré son côté carré, elle reste extrêmement séduisante, et pour tout vous dire, me fait parfois penser à une Maserati Biturbo plus discrète (lire aussi : Maserati 430). Côté technique, cette berline familiale s’offre des moteurs sages à son lancement, avec un 1300 de 78 ch, un 1500 de 85 ch et un 1600 « Lampredi » de 105 ch, des moteurs provenant de la Fiat Ritmo (lire aussi : Fiat Ritmo Cabrio et Fiat Ritmo 130 TC). Elle recevra ensuite un 1900 diesel de 65 ch puis un Turbo-diesel de 80 ch.
Avec ce premier choix de moteur, on sent d’entrée que la Prisma est la petite sœur sage de la Delta plus dévergondée. Pourtant, avec la série 2, la Prisma va recevoir l’injection électronique sur la 1600, passant à 108 ch, et le 1900 Turbo diesel passera quant à lui à 92 ch. Mais surtout, elle va recevoir le 2 litres de 115 ch lui donnant un peu plus de peps début 1987, associé à la transmission intégrale permanente développée par l’autrichien Steyr Puch. Dans cette configuration, la Prisma devient hautement désirable ! Mieux, une version 2 litres turbo sera fabriquée spécialement pour le boss de Fiat, Gianni Agnelli, développant 200 ch (selon les mécanos d’Abarth qui se penchèrent sur son cas) et produite à 2 exemplaires seulement.
Restylée en 1986, elle poursuivra sa carrière tranquille jusqu’en 1989. Celle qui devait n’être qu’une opportunité se sera non seulement installée dans la durée, mais aura finalement une descendance sous le nom de Dedra. Mine de rien, elle se vendra à 386 932 exemplaires, faisant le lien entre la Delta et la grande Thema (lire aussi : Lancia Thema 8.32).
Aujourd’hui encore, la Prisma vit dans l’ombre de sa sœur Delta. Pourtant, pour celui qui cherche un daily driver relativement fiable (pour une italienne des années 80), richement équipé (pour l’époque), pas forcément sportif mais sécurisante (surtout en 4WD), et à la ligne classique, alors la Prisma est un choix évident. Il permettra, comme à l’époque, de se démarquer des possesseurs de 316 et 318 E21 puis E30 de chez Béhème ! A l’heure du choix, n’oubliez donc pas la discrète italienne !