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Holden : la tentative d'un sauvetage belge

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 06/04/2017

L’échéance approche à grand pas : d’ici la fin de l’année, plus aucune Caprice ou Commodore ne sortira des chaînes de l’usine Holden d’Elizabeth (lire aussi : La fin des usines Holden). Dès 2018, Holden ne sera plus qu’un badge australien collé sur des Opel ou des Chevrolet : adieu Commodore, Calais ou Ute (lire aussi : Holden Ute). Ironie de l’histoire, la majorité des modèles vendus par Holden en Asutralie sera produite par… une filiale de PSA (lire aussi : PSA rachète Opel).

Passé ce petit moment de fierté nationale, on ne peut que regretter la disparition de ces grandes propulsions (type VF) basées sur la plate-forme spécifique développée en Australie, la Zeta, et dotées de gros moteurs V8. Produits en Australie, ces modèles se retrouvaient aussi sous le logo Vauxhall (VXR8 GTS et Maloo R8 LSA) en Grande Bretagne, ou bien Chevrolet (la SS) aux Etats-Unis. Il faut dire que selon les années, Holden ne produisait qu’entre 30 et 35 000 exemplaires de type VF (en 2016, 25 860 berlines et breaks et environ 5 000 Utes), et entre 2000 et 3000 Chevrolet SS (3013 exemplaires en 2016). Pas assez pour rentabiliser une nouvelle plate-forme : dès 2018, on ne trouvera plus que des Insignia, moins puissantes et traction, beaucoup moins enthousiasmantes.

La fin programmée des types VF et de la plate-forme Zeta en avait ému plus d’un en 2013, mais un entrepreneur belge, Guido Dumarey, s’était mis dans la tête, fin 2015, de sauver ce qui pouvait l’être. Le 28 novembre, Motoring.com.au annonçait le scoop ! Un scoop tout d’abord démenti par GM, jusqu’à ce que les rumeurs se confirment début février 2016, puis que le soufflet retombe le 26 février lorsqu’un communiqué commun à Punch Group (la société de Dumarey) et GM annonçait la fin du rêve : l’usine, la VF et la plate-forme Zeta finiraient bel et bien à la casse.

Guido Dumaray se rêvait déjà constructeur automobile

Que c’est-il passé pendant ces quelques mois, quel était le projet de reprise, et surtout qui était Guido Dumarey ? En fait, cet entrepreneur belge n’est pas un inconnu du monde de l’automobile, pilote amateur et collectionneur d’entreprises en difficultés liées de près ou de loin à l’industrie automobile. D’un côté, la success story, un groupe à la croissance fulgurante, dont le principal actif est à l’époque (et encore aujourd’hui) l’ex-usine GM de boîtes de vitesses à Strasbourg (devenue Punch Porwerglide Strasbourg), rachetée au groupe américain en 2012. De l’autre côté, une face plus sombre, des entreprises rachetées qui périclitent (voire dont les locaux brûlent opportunément, comme cette usine à Crépy en Valois), et un échec retentissant en 2009 : deux ans après avoir racheté le fameux fabricants de jantes BBS, Dumarey doit en déposer le bilan et céder l’entreprise.

La VXR8 GTS, monstre australien sous le logo Vauxhall

Il faut croire que le rachat et la relance (encore en cours) de Punch Powerglide a redonné la pêche à celui que certains syndicalistes français surnomment « le Bernard Tapie Belge ». Dès l’annonce de GM en 2013 de fermer ses usines australiennes, Guido se voit en sauveur, et commence à tâter le terrain, s’assurant le soutien du sénateur indépendant Nick Xenophon. Durant l’année 2014, il va rencontrer plusieurs personnalités politiques ou gouvernementales pour tenter de faire avancer son projet. Sans doute quelques contacts ont été pris ponctuellement avec GM, pour voir ! Mais rien n’avancera avant ce mois de novembre 2015 où Dumarey va sortir du bois, en annonçant son désir de continuer la fabrication de propulsions premium sur la plate-forme Zeta. Nom du projet : « Erich », référence insolite à Erich Bitter, qui justement tenta maladroitement de vendre en Europe des VF rebadgées format luxe (lire aussi : Bitter). Notre Guido avait-il l’intention de relancer sérieusement les berlines australiennes sous la marque Bitter ?

A l’annonce du projet Erich, les autorités australiennes comme la population se prend à rêver à des emplois sauvés (1600 tout de même), et à des voitures purement australiennes. L’émotion suscitée oblige un peu GM à « discuter » avec Guido Dumaray. Des « pourparlers » qui dureront quelques semaines, avant la parution du fameux communiqué du 26 février 2016, précisant que « les deux parties ont convenu qu’il n’existait pas de business-model viable pour la poursuite de la fabrication de véhicules à l’usine Holden d’Elizabeth » ! Fin du rêve. Mais la réalité, c’est que GM n’a jamais vraiment envisagé de vendre son usine à Dumaray, et encore moins à lui céder les droits d’utilisation de la plate-forme Zeta ! Ce n’est pas le genre de GM de laisser filer de la technologie aussi facilement, Nevs en tentant de relancer Saab, n’avait, par exemple, pas pu récupérer les droits de la 9-5 NG, ni du 9-4X. Pour la forme, GM a accepté ces « négociations » en sachant très bien quelle en serait l’issue. Ironie de l’histoire, un an après presque jour pour jour, le groupe américain annonçait la vente d’Opel à PSA tout en maintenant les accords de fournitures entre Opel et Holden.

Dumaray a donc du se résigner : il ne deviendra pas constructeur automobile, du moins pas maintenant.

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