De Tomaso Guara : la fin d'une époque
Nous sommes en 1992… La Pantera 2, version restylée (de façon grotesque diront certains, lire aussi: De Tomaso Pantera) de la mythique de Tomaso Pantera, ne s’est vendue qu’à 39 exemplaires, au lieu des 250 attendus. Il faut bien se faire une raison, et chez de Tomaso, on planche à la relance de la marque. La firme est alors au plus mal. Alejandro de Tomaso, le fantasque argentin, a déjà revendu les bijoux de famille : Innocenti et Maserati. Malgré tout, il reste étroitement lié à Maserati grâce à ses liens d’amitiés avec Giordano Casarini qui en est le directeur technique.
Pour relancer la marque, De Tomaso va donc piocher chez Maserati une base éprouvée, et rangée au placard suite au rachat par Fiat, la Maserati Barchetta de 1991 (produite seulement à 17 exemplaires). C’est d’ailleurs Carlo Gaino, designer indépendant qui avait dessiné la Barchetta, qui signera ce qui deviendra la Guara. Si l’on y prête attention, le dessin est très peu modifié.
D’ailleurs, il s’agit ni plus ni moins de rajouter un toit à cette Maserati. Cela lui donne d’ailleurs un air renfrogné, la tête rentrée dans les épaules. Enfin pour la version coupé, puisqu’une version « barchetta » justement, sera aussi produite, ainsi qu’une targa, histoire de ratisser large.
Si le dessin peut prêter à controverse, la technique elle est au top. Les suspensions sont conçues par le père de celles des Williams F1, c’est dire. Côté moteur, Ford est abandonné (dans un premier temps) pour BMW. Le V8 fournit par la firme de Munich développe 304 ch pour une cylindrée de 4 litres, accouplé à une boîte 6 vitesses déjà vue dans l’Audi RS2 (lire aussi : Audi RS2).
La production commence en 1993. Et rapidement, on s’aperçoit chez de Tomaso que la Guara ne touchera qu’un public restreint, fanatique de la marque et très fortuné. La Guara ne sera donc fabriquée que sur commande, tandis qu’Alejandro de Tomaso s’attèle au projet Biguà (lire aussi : Qvale Mangusta) sur les conseils de Casarini.
En 1998, pour des questions de coûts (et peut-être par fidelité), De Tomaso revient vers Ford et équipe sa Guara du V8 de la Ford Mustang, développant 320 ch pour 4,6 litres de cylindrée. Cela ne suffira pas à rendre la Guara plus sexy, et les ventes continuent d’être très confidentielles.
La faute sans doute à son prix élevé (120 000 euros environ), à son design sage, et aux ennuis financiers dans lequel De Tomaso est empêtré. La Biguà n’a pas sauvé la marque et est désormais fabriquée par Qvale (ex associé d’Alejandro de Tomaso), et la marque ne produit plus qu’au compte goutte cette Guara. Cependant, elle sera construite jusqu’en 2004, date à laquelle la firme fera faillite, survivant d’ailleurs à son fondateur décédé en 2003 (la firme connut notamment des déboires avec UAZ).
En tout, après 11 ans de carrière, seuls 40 coupé et targas, et 10 barquettes seront produits. Pas assez pour assurer la survie de la marque. Aujourd’hui, la Guara se négocie autour de 60 000 euros. Si d’aventure quelqu’un voulait se faire plaisir ? C’est en tout cas la dernière De Tomaso véritable, et surtout elle aura signé la fin du constructeur de Modène… La fin d’une époque aussi !