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Chevrolet SSR : pick-up sportif néo-rétro

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 01/06/2018

Le Chevrolet SSR aux USA, c’est un peu comme l’Avantime en France (lire aussi : Renault Avantime), un truc inclassable, qui ne connut pas vraiment le succès, qui ne sera produit que quelques années et en quantité limitée (à l’échelle de l’Amérique), des détracteurs moqueurs, et des fous furieux du modèle. Mais où l’Avantime jouait la modernité, l’avant-garde, le SSR, lui, s’offrait une bonne dose de néo-rétro à la mode du début des années 2000. Malgré un petit côté sympa, cela ne suffira pourtant pas à en faire un succès.

Tout commence par un concept-car : le Super Sport Roadster. Présenté fin 1999, et exposé en 2000 au New York Motor Show, il avait été conçu et dessiné par le vice-président du Centre de Design de GM, Wayne Cherry, tant pour célébrer le passé glorieux de Chevrolet que pour présenter les tendances futures de GM. Le néo-rétro avait fait son entrée aux USA chez Chrysler avec le Plymouth Prowler dès 1997 (lire aussi : Plymouth Prowler), tandis que le PT Cruiser s’apprêtait à être commercialisé. En Europe, Volkswagen avait ouvert la voie avec la New Beetle (lire aussi : VW New Beetle), tandis que Mini peaufinait son nouveau modèle. Le SSR était donc tout à fait dans la tendance du moment.

Le Concept présenté à New Yord en 2000

Les réactions enthousiastes des visiteurs à New York furent telles que les dirigeants de GM commencèrent à réfléchir à une production en série. Certes, le concept était audacieux, dans la tradition des pick-ups des années 40 et 50, en stricte deux place égoïste, et le toit en dur rétractable une solution osée et onéreuse en série, mais le réel engouement suscité par le SSR Concept était une preuve : le public adorait, et serait donc prêt à payer pour s’offrir un pan de l’histoire automobile américaine remis au goût du jour.

Il faudra pourtant attendre 2002 pour voir les premiers exemplaires de pré-série sortir de l’usine de Lansing (Lansing Craft Center) dans le Michigan. Cette usine, ancienne fonderie rachetée en 1919 par GM, était devenue en 1988 le lieu des « petites séries » avec comme premier modèle la Buick Reatta, puis les versions convertible des Pontiac Sunfire et Chevrolet Cavalier, l’étrange véhicule électrique EV1, et la Cadillac Eldorado. A partir de 2003, l’usine va se consacrer au Chevrolet SSR, qui doit utiliser toutes les capacités de production du site, pense-t-on.

Le SSR est un drôle d’engin : basé sur la même plate-forme que le Chevrolet TrailBlazer, il s’agit donc d’un SUV dont il reprend la garde au sol assez élevée, mais sans transmission intégrale (le SSR reste donc une propulsion). Côté moteur, on offre au nouveau petit bijou de la gamme le V8 Vortec de 5.3 litres développant 300 chevaux. Le toit rétractable a été conçu par Karmann, et sera construit aux Etats-Unis par ASC. Pour assurer la promotion du bébé, un exemplaire servira de Pace Car aux 500 miles d’Indianapolis 2003.

Après 3522 exemplaires produits sur 6 mois en 2003, le démarrage en fanfare attendu par GM n’était pas vraiment là. 2004 sera une meilleure année (avec 16 044 exemplaires produits) mais en septembre de cette année, les ventes ne s’élevaient encore qu’à 9000 exemplaires. A 42 000 $ l’unité, le SSR est cher, et ne rencontre pas le même engouement en concession que sur un salon. En décembre 2004, GM annonce 5 semaines de débrayage pour permettre l’écoulement des stocks. Un peu plus d’un an après son lancement, le situation sent déjà le roussi.

Pour tenter de relancer la machine, le SSR va alors changer de motorisation : pour le même prix, on en donnera plus. Désormais, il s’équipe du V8 LS2 de 6 litres et 390 chevaux qu’on trouve aussi sur la Corvette C6, et propose en option une transmission manuelle à 6 vitesses. En 2006, le LS2 passe à 395 chevaux en boîte automatique, et 400 chevaux en boîte manuelle. Mais rien n’y fait. De toute façon, dès novembre 2005, GM avait annoncé la fermeture définitive du Lansing Craft Center, et l’arrêt du SSR pour mi-2006. En réalité, le dernier modèle du SSR sortira des chaînes le 17 mars, après 24 180 exemplaires produits… Il faudra encore un peu de temps pour écouler les stocks et que le chiffre des ventes s’arrêtent sur 24 112 unités.

Depuis l’arrêt de la production du SSR, les choses ont changé. S’il était sans doute trop cher neuf, le SSR devenait tout à fait abordable en occasion, permettant à de nombreux fans d’acquérir l’objet de leurs fantasmes. Une véritable communauté de collectionneur s’est formée (le Forum de SSR Fanatic) tandis que certains dealers, sentant le filon, se sont fait une spécialité du négoce de SSR. Un concessionnaire Huyndai du Texas est ainsi devenu le champion de la revente avec près de 446 transactions à son actif depuis le début des années 2010. Confiné à l’Amérique du Nord, le SSR se trouve difficilement en Europe où il n’a jamais été importé officiellement. En trouver un sera donc difficile, surtout à un bon prix. Mais on ne sait jamais.

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