Ford S-Max 260 LMC : monospace "hautes performances" unique en son genre
Voilà ce qui me plaît quand on fait un site automobile qui commence à avoir une certaine renommée… On commence à connaître les constructeurs un petit peu mieux, à avoir des discussions sympas, et à avoir des idées. Aussi quand Fabrice, boss de la com de Ford en France, me dit : « tiens j’ai des idées intéressantes pour toi, faut qu’on se parle », bah forcément, ça m’intrigue, et je me dis que sans doute quelques marques autos comprennent ce que je fais avec Boîtier Rouge. Le problème, c’est que, croyant n’avoir qu’un seul sujet à réaliser, je me retrouve avec… 3 papiers potentiels. Voici donc le premier d’une série de « découvertes » pour les uns, de « re-découvertes » pour les autres, consacré aujourd’hui à … un monospace !
J’en vois déjà certains bondir de leur siège : quoi, une bétaillère dans BR ? Une bétaillère oui, mais pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit du Ford S-Max 260 LMC ! Vous ne retrouvez pas ce modèle dans « toutes les voitures du Monde » 2008 ? Pourtant c’est bien cette année-là qu’elle est sortie… mais à un seul et unique exemplaire. C’est une Ford officielle, rassurez-vous, même si, pour l’occasion, Ford France a fait appel au préparateur Roush Technologies (spécialiste de la marque Ford aux Etats-Unis).
Tout commence en 2004, première année où Ford France décide de devenir partenaire du Mans Classic. Dès 2006, la marque à l’ovale décide de faire un peu plus, en réunissant 40 ans après les 3 GT40 victorieuses au Mans 66, pour une « reconstitution » historique. L’histoire des « coups » de com’ Ford au Mans Classic, sous l’impulsion du directeur de la com’ de l’époque, Stéphane Cesareo ! Pour 2008 (oui, le LMC a lieu tous les deux ans), il s’agit de faire encore plus fort. Pour cette occasion, Ford fera renaître l’Ecurie Ford France (écurie privée partenaire de Ford dans les années 60), mais engagera aussi 2 voitures, une Ford T de 1923 (qui courait les 24 heures à l’époque) et une Ford Capri RS2600. Mais cela ne suffisait pas à l’équipe, qui voulait cette année-là marquer les esprits, tout en soutenant la gamme commerciale de l’époque.
Or justement, à cette époque, Ford (hasard du calendrier) n’a plus vraiment de sportives à promouvoir dans sa gamme… La Ford Focus ST, forte d’un 5 cylindres d’origine Volvo de 225 ch, vient de quitter le catalogue. Stéphane Cesareo et Fabrice Devanlay phosphorent dans le bureau… pour finir par s’apercevoir qu’en fait si, il reste bien une sportive, dotée du même moteur que la ST, le S-Max dans sa version la plus puissante, sorte d’ovni dans la gamme monospace, et qui a du mal à trouver sa place sur le marché, avec des ventes anecdotiques. Surgit alors l’idée folle d’en développer une version encore plus puissante !
Faut jamais laisser deux fous de bagnoles dans un bureau, et ça fait plaisir de voir un service com’ aussi barge en fait. Sitôt l’idée germée, la machine se met en branle. Le S-Max et son 5 pattes sont envoyés chez Roush, qui redéfinit la cartographie moteur pour sortir 260 chevaux du moulin. La voiture est bien évidemment dotée de toutes les options possibles et du pack Individual Plus (jupes avant, latérales et boucliers spécifiques, becquet arrière, extracteur et ouïes de passage de roue bicolores, sellerie cuir « vintage », etc)… Pour bien différencier ce modèle, une plaque intérieure vient rappeler son caractère unique tandis qu’à l’extérieur, une double bande blanche renforce le côté sportif et fait écho aux jantes alliage de 20 pouces !
Mis à part le moteur, rien ne sera vraiment modifié (le châssis sport était de série) et de l’avis de ceux qui l’ont vu, ou sont montés dedans (elle servit à faire des baptêmes de piste durant Le Mans Classic 2008), c’était une voiture… démoniaque. Elle recevait à l’arrière un logo spécifique 260 LMC (pour Le Mans Classic) fait à la main… et qui donna des sueurs froides à Ford France : 15 jours avant, une manœuvre malencontreuse sur le parc presse conduisit à un « touche-touche » avec une voiture de prêt, abîmant le fameux logo qu’il fallut refaire en urgence !
Si la voiture impressionna tout le monde, ce fut aussi le cas de John Fleming, chairman à l’époque de Ford of Europe GmbH, réunissant toutes les entités européennes de la FoMoCo ! Non seulement il la voulait pour lui, mais désirait réfléchir au lancement d’un tel modèle… qui restera pourtant à l’état de proto : la préparation moteur était relativement compliqué, et ce modèle en particulier n’était pas totalement abouti… La suite de son histoire donnera raison à Ford de ne pas avoir continuer dans cette voie.
Après Le Mans Classic 2008, Ford France revendit la voiture à un de ses concessionnaires… Qui la revendit à l’un de ses fidèles clients… Qui un jour rata un rond point avec cette voiture unique, la rendant bonne pour la casse (voir l’état de la voiture ici). Une chose était certaine : Ford France et notre ami Fabrice venaient de « mettre le doigt dans l’engrenage !
La suite ici: Ford Focus RS Le Mans Classic !
Merci à Ford France pour les photos exclusives et à Fabrice Devanlay pour sa disponibilité !