Porsche 911 "993" Turbo Cabriolet : série extrêmement limitée pour connaisseur fortuné
La Porsche 911 « 930 » Turbo avait droit à sa version cabriolet, la Porsche 911 « 996 » Turbo aussi, mais officiellement, ni la 964 Turbo, ni la 993 Turbo ne permettaient un tel choix : en Turbo, il fallait opter pour le coupé dans les deux cas. En réalité, dans un cas comme dans l’autre, il était possible avec un portefeuille bien rempli et un peu d’entregent, de s’offrir une telle bête : la 911 « 993 » Turbo existe bien, mais c’était et cela reste aujourd’hui une voiture rarissime.
En fait, tout commence avec le passage, en 1990, des 911 Turbo type 930 aux 911 Turbo type 964. Avec ce changement de génération, la Turbo, qui jusque là disposait de sa version cabriolet devenait exclusivement un coupé. Les stratèges de Stuttgart voyait sans doute se rétrécir ce marché (très focalisé sur les USA) tandis que les envies de pures sportives se développaient, notamment en Europe : toujours est-il qu’en devenant 964, la Turbo tirait un trait sur la capote, au grand dam de certains, convaincus qu’il existait tout de même un petit marché.
En 1995, Karl Haberl refit la même manip’ en convaincant Porsche Exclusive de produire au compte goutte des 993 Turbo CabrioletC’était le cas d’un gros distributeur de Porsche (notamment à Munich, mais un peu partout dans les Sud et l’Ouest de l’Allemagne), le groupe Mahag et son patron Karl Haberl. En 1992, il réussit à convaincre Porsche de produire sur commande spéciale une 911 « 964 » Turbo Cabriolet : disposant du Flat 6 porté à 3.6 litres et de 360 chevaux, elle réussira à convaincre 8 clients très fortunés et très exclusifs.
En 1993, la Porsche 911 « 993 » remplaçait la 964, et lorsque en 1994 s’annonçait sa version Turbo, les choix de Porsche se confirmaient : malgré l’existence d’une 993 Carrera Cabriolet, les Turbo resteraient des coupés, du moins officiellement. Notre ami Haberl n’avait bien entendu pas envie de se satisfaire de cette situation. Reprenant son bâton de pèlerin, il entreprit de faire avec la 993 ce qu’il avait déjà fait avec la 964 : convaincre de la production en toute petite série d’une 993 Turbo cabriolet. Ce fut Porsche Exclusive, le département « personnalisation », qui s’y colla pour le bonheur de quelques happy few.
Mais cette fois-ci, les différences entre 993 et 964 étaient plus grandes qu’entre 964 et 930, et transposer la 993 Turbo en cabriolet n’était pas aussi simple que cela. En réalité, pour « obtenir » une 993 Turbo, il fallut partir d’une 993 Carrera Cabriolet, à ailes étroites donc, et deux roues motrices (propulsion). A cela s’ajoutait l’option X82, c’est à dire le changement du moteur de la Carrera par celui de la 965, le 3.6 Turbo de 360 chevaux seulement, accouplé à la boîte de vitesse G50/52 à 5 rapports plus adaptée à ce moteur.
La 993 Turbo Cabriolet était donc plus rare, mais aussi moins puissante qu’une Turbo Coupé. Moins bodybuildée, elle récupérait quand même l’aileron distinctif de sa sœur, histoire de bien marquer le coup, de montrer à qui saurait le repérer qu’il ne s’agissait pas d’une banale Carrera. Enfin, avec un tarif démarrant à 250 000 DM, soit près du double d’un Coupé Turbo, la 993 Turbo Cabriolet disposait de toutes les possibilités de personnalisation des commandes spéciales.
Prévue pour un minimum de 10 exemplaires, il s’en vendra finalement 14, dont une seule en conduite à droite pour l’inévitable Sultan de Brunei. De temps en temps, des exemplaires surgissent dans les ventes aux enchères : inutile de vous dire que ces cabriolets particuliers atteignent des tarifs exorbitant, surtout pour le commun des mortels. Cependant certains passionnés sont parfois capables de casser leur tirelire pour avoir leur graal à eux.
Pour les autres, il n’est jamais perdu de savoir que de tels modèles existent, ne serait-ce que pour la culture générale, ou alors parce que la chance les mettra en contact avec un de ces modèles sous-estimé par un vendeur peu au fait de l’histoire du véhicule : qui sait, on a le droit de rêver non ?