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GILLET VERTIGO

Gillet Vertigo : le dernier constructeur belge

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 30/08/2022

L’amateur averti d’automobiles exotiques, le lecteur compulsif des « Salons » de l’Auto-Journal ou de « Toutes les voitures du Monde » de l’Automobile Magazine, le joueur invétéré de Gran Turismo, ou tout simplement le lecteur de Boîtier Rouge (qui est un peu tout cela à la fois) connaissent évidemment la petite marque belge Gillet et sa fabuleuse Vertigo qui sévit depuis presque 25 ans. À force de la voir en photo dans les magazines, on avait fini par croire qu’il s’en produisait un paquet : pourtant, Gillet est bien depuis le temps l’un des plus petits constructeurs d’automobiles encore en activité !

Premiers modèles de Vertigo Vertigo jaune vue de face

Les premières Vertigo, au style un peu torturé

Pensez donc : entre 1992 (et sa présentation au salon de Bruxelles) et 2011, seuls 28 exemplaires de la Vertigo auront été produits. Et aujourd’hui, en 2017, on doit avoir dépassé la trentaine, voire atteint les 40 ! Pas plus. Incroyable de voir la notoriété d’une voiture produite en si petite quantité. Sa longévité explique sans doute cela, tout comme le record du Monde du 0 à 100 (dûment validé par le Guinness des Records en 1994), avec 3,2 secondes, ou bien ses participations en GT2 (3 fois championne du Monde en 2006, 2007 et 2008), ou bien encore tout simplement parce qu’il s’agit de la seule marque véritablement belge ?

Vertigo bleue de trois quart avant Vertigo bleue de profil

Tony Gillet, le fondateur, était un pilote bidouilleur, qui, sans atteindre la gloire sur les circuits, se débrouillait pas mal (il gagnera le championnat belge de course de côtes deux années de suite). Au début des années 80, il raccrochait son casque pour devenir importateur de la petite marque néerlandaise Donkervoort. À l’époque, le petit constructeur produisait essentiellement des kits. C’est ainsi que Gillet va faire son apprentissage de l’assemblage en montant les Donkervoort de ses clients. Mais l’industrialisation de la marque batave au début des années 90 allait le priver de ce petit plaisir, et Tony décidait donc de produire sa propre voiture.

Une Streiff vue de face portes papillon ouvertes

La « Streiff », apparue en 2002, la plus équilibrée en termes de style

Le concept ? Pousser le concept de la Donkervoort (inspirée de la Lotus Seven, lire aussi : Lotus Seven) encore plus loin : light is right, certes, mais avec de la puissance en plus, et de l’aérodynamisme. C’est le designer Charles Van den Bosch qui va dessiner la première Vertigo. Le premier proto est prêt en 1991, et présenté en 1992. Pendant 2 années Gillet va produire deux protos supplémentaires, et une première voiture de série destinée à l’homologation et au crash test. La production commence réellement en 1995. Cette année-là, soutenu par le prince Albert II, Tony Gillet fera une démonstration de la Vertigo en ouverture du Grand Prix de Formule 1 de Monaco, devant 100 000 personnes : encore un beau coup de pub pour la petite marque belge.

Streiff dans la cours d'un domaine Streiff vue de profil Vertigo Streiff vue de derrière

La Vertigo était à ses débuts équipée du 2 litres Ford Cosworth de la Sierra RS (lire aussi : Ford Sierra RS Cosworth), fort de 220 chevaux. Mais la fin de production de ce moteur (qui de toute façon ne passait pas les nouvelles normes) obligea Gillet à changer son fusil d’épaule en 1996 et à opter pour le fabuleux V6 Alfa de 3 litres et 226 chevaux. À peine plus de puissance, mais une mélodie bien plus entêtante !

Une Vertigo préparée pour la course Une Vertigo préparée pour la course

En 2002, la voiture va un peu évoluer : le design se modernise, tandis que le V6 Alfa passe à 3.2 litres et 250 chevaux. Elle prend alors le nom de Vertigo Streiff, en l’honneur de Philippe Streiff, ancien pilote français de Formule 1, importateur de Gillet pour la France, et devenu paraplégique après un accident. En 1996, Tony Gillet lui avait réalisé une Vertigo adaptée, dotée d’un joystick et dépourvu de pédales.

Une Vertigo Streiff rouge version GT2

En 2008, la .5 eut droit elle aussi à sa version GT2

En 2008, Gillet présente une nouvelle évolution : la Vertigo .5 (point 5), dont le V6 Alfa passe à 3.6 litres et 300 ch. Mais dès 2009, la .5 troque le V6 contre un V8 Maserati de 4.2 litres et 420 ch. En 2011, elle est renommée Vertigo .5 Spirit, s’approchant de plus en plus de la Supercar avec un programme de personnalisation permettant de faire passer le poids de 990 à 940 kg, et le moteur de 420 à 500 ch.

La .5 Spirit noire roulant sur route

La .5 Spirit aujourd’hui

La .5 Spirit avec portes papillon ouvertes

Mais, me direz-vous, comment fait-on pour survivre en vendant aussi peu de voitures sur une aussi longue période ? Tout simplement parce que Gillet ne fait pas que ça. Importateur de Donkervoort, il l’est resté tout au long de ces années. Mais l’expérience du châssis en carbone des différences Vertigo a permis à l’entreprise de se diversifier dans le prototypage de pièces en carbone pour Airbus, notamment, ou d’autres constructeurs automobiles. En outre, la petite entreprise belge fait de la restauration de voitures anciennes. Comme le dit Tony Gillet lui-même : « lorsqu’on fabrique une Vertigo, c’est la cerise sur le gâteau » !

La .5 Spirit sur la route vue de trois quarts avant La .5 Spirit sur la route vue de trois quarts arrière

La Vertigo aura, durant ses 25 ans de carrière, connu quelques propriétaires célèbres : Albert II bien sûr, mais aussi Johnny Hallyday ! Aujourd’hui, comptez au minimum 200 000 euros pour une Vertigo 5, mais avec la personnalisation, il n’y a pas de limites.

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