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Vinfast Lux A et SA 2.0 : des nouilles déshydratées à la berline de luxe

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 04/10/2018

Les amateurs de bizarre se retrouvent forcément, c’est écrit, c’est une évidence. Alors que j’assistais à la présentation des deux nouveaux modèles de la marque vietnamienne Vinfast, présente pour la première fois, en exclusivité mondiale, au Mondial de l’automobile, je sentais que cette marque me plairait : le style sobre (signé Pininfarina), le sérieux apparent, la présence d’une berline (preuve que le concept « Sedan » revient à la mode), la modestie affichée, mêlée d’une certaine fierté. Mais je ne me doutais pas qu’aux manettes de la communication pour la France je retrouverai l’excellent Claude Makowski qui oeuvra longtemps pour Saab. Grâce à lui, j’en sais un peu plus sur cette nouvelle marque, pleine d’ambition : Vinfast.

Tout commence par une histoire banale : dans les années 90, Pham Nhât Vruong part en Ukraine pour y faire ses étude… Les liens entre ex pays communistes expliquent ce choix plus que celui de le Sorbonne. Bref, le jeune vietnamien y bûche comme il peut, mais a rapidement le mal du pays, et notamment de la nourriture viet. Mon dieu, ce que les nouilles de son pays lui manquent ! Qu’à cela ne tienne, Pham va se les concocter lui-même, et ravir ses amis vietnamiens présents à Kiev… Il devient le fournisseur de la diaspora du coin, puis, devant la demande, fonde sa société, Technocom, qui commercialise alors sous la marque Mivina des nouilles déshydratées. L’ouverture des pays de l’Est, Ukraine ou Russie, lui offre un marché inespéré, d’autant qu’un sacré paquet d’asiatiques sont présents dans l’ex-URSS, se régalant d’un peu de chez eux dans un pays lointain.

L’usine Vinfast en court de construction à Hai Phong .. Un pool d’équipementiers viendra rejoindre Vinfast sur le site en 2019

Comme quoi, la nouille mène à tout car à la fin des années 90, Pham Nhât Vruong a fait fortune loin de son pays. Entre temps, le Vietnam s’est ouvert, et l’économie de marché est devenue la norme. Avec le gros matelas qu’il s’est constitué, Pham est l’une des plus grosse fortune du Vietnam, et décide de réinvestir les bénéfices de Mivina, ses fameuses nouilles, en développant l’industrie et le commerce du pays. Vingroup était né, développant hôpitaux, écoles, parcs de loisirs et commerces (supermarchés) un peu partout au Vietnam. En 2010, Pham revend Mivina à Nestlé pour 150 millions de dollars, et se consacre désormais au développement de son groupe, devenu aujourd’hui première entreprise privée du pays.

Le Vietnam compte en 2016 près de 95 millions d’habitants, rendez-vous compte, et se balader à Saigon vous montrera mieux qu’un graphique combien le pays dispose d’un potentiel pour le marché automobile. Voilà pourquoi Pham a décidé de créer Vinfast, avec plusieurs objectifs : d’abord, s’imposer comme une marque crédible, avec le lancement ces derniers jours des deux modèles phares, les Lux A 2.0 (la berline « sedan ») et SA 2.0 (le SUV). Mais Vinfast ne se limitera pas à cela : d’ici peu, la marque produira au Vietnam une Chevrolet Spark (sous logo Chevrolet), une citadine électrique, et surtout, un scooter électrique histoire de fidéliser la clientèle friande de deux roues.

Mais venons en à nos deux voitures : n’aimant pas particulièrement les SUV je suis moins séduit par le SA 2.0 mais beaucoup par la A 2.0 ! Le style est signé Pininfarina et David Lyon (ex GM) pour Vinfast. La Lux A est basée sur un châssis de BMW Série 5 sous licence (propulsion), tandis que la Lux SA dérive de la X5 : les châssis ont été retravaillé chez Magna Steyr, en Autriche. Les moteurs sont eux-aussi des BMW, des 4 cylindres 2 litres retravaillé là encore en Autriche chez AVL, pour deux niveaux de puissance, 175 ch (uniquement sur la Lux A) et 230 ch (Lux A et Lux SA). Enfin, l’intérieur provient essentiellement d’un équipementier célèbre, Faurecia.

La présence de Vinfast au Mondial de l’Auto pourrait paraître incongrue : il est vrai que la production ne démarrera qu’en février 2019, tandis que les livraisons s’effectueront à partir de juin prochain. Surtout, le premier marché reste le Vietnam, puis l’Asie du Sud Est, avec l’ambition d’être premium là-bas (quand chez nous, on parlerait plutôt d’access premium). Pourtant, le stand Vinfast relève d’une stratégie mondiale, avec, à terme, une arrivée sur les marchés européens : la présence de Claude Makowski à la manœuvre prouve l’importance stratégique de l’Europe pour Vinfast.

Vinfast avance pas à pas : son propre marché d’abord, avec des produits adaptés, soit en bas de la gamme avec la Chevrolet Spark, soit en haut avec les Lux A 2.0 et SA 2.0. Pas d’esbroufe électrique ou de concepts délirants, rien que du sérieux pour un marché en plein développement. En attendant, moi, je serai tout à fait capable de rouler en Vinfast Lux A 2.0 ! A bon entendeur !

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